À propos d'Indignez-vous de Stéphane Hessel

Quatorze pages au format A5 de ce petit livre de Stéphane Hessel "Indignez-vous" publiées par les éditions "Indigènes", est encore un excès médiatique et commercial. L'indignation me paraît juste dans le contexte de crise économique et social de 2011; mais l'appel au retour au programme du Conseil National de la Résistance de 1944 suivi d'un soutien à Martine Aubry et au PS est passéiste et partisan. À la différence de la déclaration universelle des droits de l'homme à laquelle Hessel se réfère aussi, le programme du CNR est un programme de circonstances propres à la France.

Puisque Stéphane Hessel s'y réfère dans sa section "Deux visions de l'histoire", c'est un retour à l'histoire de la 2è guerre mondiale puis à la charte des Nations Unies et la déclaration universelle des droits de l'homme après la fin de cette guerre en 1945. Ce furent six ans de guerre atroce du 1er septembre 1939 (invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie sans déclaration de guerre (lien).) au 2 septembre 1945 (l'acte de capitulation du Japon sur le cuirassé américain Missouri en baie de Tokyo (lien).). Une guerre mondiale qui enflamma d'une part l'Europe entière et la Russie par la faute d'Hitler, un fou qui mit en oeuvre un programme publié à l'avance mais mal connu "Mein Kampf". Et d'autre part l'Asie du Sud-Est par la faute du Japon qui voulait instaurer la suprématie du Japon en Asie.

L'indignation alors c'était de refuser qu'un fou (Hitler) entraîne l'élite de l'Allemagne, de certains pays européens comme le notre (voir choix de la défaite 1939-1940) et une bonne partie du peuple Allemand, pour imposer "un nouvel ordre européen" totalitaire, méprisant les traités entre pays souverains, la liberté individuelle, pourchassant juifs, tziganes, communistes, roms et autres minorités. Ceux qui dirent non à ce nouvel ordre européen que voulait imposer l'Allemagne par la guerre, se retrouvèrent à Londres et dès 1941 agirent pour vaincre l'Allemagne.

Cela commença par la charte de l'atlantique le 14 août 1941 (lien) entre Roosevelt et Churchill pour leurs pays respectifs. La charte de l'Atlantique fut ensuite signée par 10 pays supplémentaires le 24 septembre 1941: l'Union soviétique et les gouvernements des pays européens occupés par l'ennemi: la Belgique, la Grèce, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et par les représentants du général de Gaulle pour la France Libre (le gouvernement de la France était à Vichy et allié de fait de l'Allemagne). Après l'entrée en guerre des États-Unis suite à l'attaque de Pearl Harbour par les japonais en décembre 1941, cette charte devint la déclaration des Nations Unies le 1er janvier 1942 (lien); cette déclaration est à l'origine des Nations UNies; elle fut signée par 26 pays: les États-Unis d'Amérique, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, l'Union des Républiques socialistes soviétiques, la Chine, l'Australie, la Belgique, le Canada, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Luxembourg, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Pologne, la Yougoslavie, le Costa-Rica, Cuba, la Tchécoslovaquie, la République dominicaine, la Grèce, Haïti, l'Inde, les Pays-Bas, le Nicaragua, le Panama et l'Union Sud-Africaine. Par la suite, les pays suivants adhéraient à la déclaration : le Mexique, la Colombie, l'Iraq, l'Iran, le Libéria, le Paraguay, le Chili, l'Uruguay, l'Égypte, la Syrie, la France, les Philippines, le Brésil, la Bolivie, l'Éthiopie, l'Équateur, le Pérou, le Vénézuela, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Liban. Voir histoire de la charte des nations unies (lien).

Les principes de la charte furent développés et donnèrent lieu à la déclaration universelle des droits de l'homme le 10 décembre 1948 (lien) qui fut signée par les 58 membres des Nations Unies d'alors.

Parallèlement des principes analogues appliqués à la France de l'après guerre furent énoncés par le Conseil National de la Résistance en 1943 (lien).. Cela aboutit au programme du CNR en septembre 1944 lors de la libération de Paris.

Le programme du CNR a été remis en cause par Denis Kessler ancien vice président du MEDEF (lien). Mise en cause au nom du néolibéralisme cette nouvelle idéologie qui domine depuis la fin des années 1980. C'est donc à cette remise en cause que s'indigne Stéphane Hessel en appelant à une résistance et au retour à ces valeurs.


Pierre Ratcliffe

Mis en ligne le 08/12/2010