Conférence sociale au sommet
mise en scène et réalités

La méthode a changé; on ne brusque plus les français cad. les syndicats et les corps intermédiaires! mais les mêmes problèmes sont toujours là. Conférence sociale plutôt que "sommet social" au siège du conseil économique et social plutôt qu'àl'Elysée.... les participants reçus à l'entrée par Jean Paul Delevoye, ex médiateur de la République devenu président de cette institution. Les problèmes sont les mêmes et les "corps intermédiaires" toujours aussi divisés, mais on a le temps.... on prendra le temps... les cinq années du quinquennat, de nouveaux rapports d'experts, en conférences et en conciliabules! Les français ont voté pour "le changement c'est maintenant"...

L'économie domine l'actualité politique. Je cite Eric Leboucher: "A écouter Jean-Marc Ayrault lors de son discours de politique générale, on a compris son objectif, «le redressement dans la justice», mais pas du tout la stratégie pour l'atteindre. La politique économique du gouvernement reste, comme les discours de François Hollande pendant la campagne, vague, en tout cas non formulée clairement et inexpliquée. Il faut lire entre les lignes et se livrer à l'incertaine interprétation des creux" [lien]..

Autre citation du même article "Mais le flou de la forme cache en réalité l'indécision du fond. La France –le diagnostic est porté depuis longtemps– souffre de deux maux qui se résument dans deux déficits: celui des comptes publics et celui des comptes extérieurs. Le premier dit que l'Etat dépense trop, le second qu'il est de plus en plus difficile de créer des richesses en France et qu'il vaut mieux les importer. Des deux, le plus grave est très nettement le second. Mais la classe politique a mis tant de quinquennats à admettre le premier qu'elle se focalise dessus. La crise et la suspicion des marchés financiers ne lui laissent, il est vrai, aucun choix. Ce serait pourtant une erreur que d'inverser les ordres de priorité.

En savoir plus: Rapports de la cour des comptes.

L'économie est devenue une religion. Une religion avec ses grands prêtres, ses croyants, ses dogmes et ses relations avec les idéologies dominantes, héritières du 19è siècle, de la grande crise des années 1930 et au delà. Nous autres, simples observateurs de ce qui se passe et comprenant les évènements à mesure qu'ils se déroulent avons pourtant nos idées aussi. La situation me paraît simple!

Dépenser - que ce soit consommer, investir ou payer des impôts pour assurer les dépenses publiques de l'État - c'est produire. Une identité fondamentale qu'on apprend même dans les cours d'économie. Dépenser=produire, car toute production correspond à des recettes, lesquelles sont distribuées aux personnels et aux actionnaires des entreprises qui produisent ainsi qu'à ceux à qui l'entreprise a acheté des produits intermédiaires qui entrent dans le processus de sa production (électricité, matières premières, équipements et outillages, assurances etc. par exemple). Chaque fois que l'on dépense pour acheter quelque chose ou qu'on investit, on permet à une entreprise de produire et de verser des salaires à ses personnels, lesquels dépensent à leur tour... Chaque fois que l'on paie un impôt à l'État, on permet à celui-ci faire fonctionner les services publics et de verser des salaires à ses personnels, lesquels dépensent à leur tour...

Le problème de la France c'est que depuis des décennies, l'État est trop gourmand. À la limite, si ce que nous dépensons et produisons est principalement constitué de dépenses publiques, certaines utiles voire indispensables mais d'autres superflues voire inutiles et même nuisibles, alors pour avoir les produits et autres biens qui font la joie de vivre, il nous faut les acheter en dehors de France, notamment dans les pays émergents dont aujourd'hui la Chine. A cela s'ajoutent les produits indispensables à notre vie moderne comme l'énergie, pétrole, gaz, électricité, logement. Pétrole et gaz sont produits ailleurs qu'en France et même en Europe. C'est la mondialisation des productions et des dépenses qu'on appelle les échanges commerciaux internationaux. Dans ce contexte nouveau pour l'humanité, il n'est plus possible de tout produire à l'échelle nationale... c'est à l'échelle européenne et mondiale que les processus de production et de dépenses se déroulent.

Pour avoir tous ces produits et biens qualifiés aujourd'hui de "dépenses contraintes" - comme si ce concept était une nouveauté, il faut que nos producteurs (les entreprises) vendent des produits et biens aux pays à qui on achète ce que nous ne produisons pas ou que nous ne produisons plus. Mais quels produits et quels services? à quels prix et en concurrence avec quels autres pays qui sont dans la même situation que nous?

Depuis des décennies, la France entretient un État trop gros, qui pèse sur tous les acteurs de l'économie - ménages et surtout les entreprises... Car dans sa politique de prélèvements il faut toujours viser ceux que l'on estime "riches". Quand on pointe le coût du travail en France qui serait plus élevé qu'ailleurs, c'est bien plus que les salaires versés aux personnels et les charges payées par les entreprises... c'est l'organisation des filières, les relations avec les sous-traitants fournisseurs de produits intermédiaires et le recours à la sous-traitance sur le marché international. C'est par une combinaison optimale de ces facteurs, qu'on obtient la meilleure compétitivité coût. Mais cela ne marche, en termes de ventes de produits et services à l'étranger, que si les produits et services offerts ont de réels avantages pour les consommateurs. C'est là que réside une des faiblesses de l'industrie française à part quelques leaders d'excellence dans leurs branches respectives.

Ecrasées par des charges dues à cet État trop gros, nos entreprises, principalement PME et PMI, ne peuvent innover ni investir suffisamment, pour acquérir l'attractivité et les avantages compétitifs liés à la qualité des produits, et au désir de les acheter. Par ailleurs nous sommes en concurrence avec d'autres pays développés confrontés au mêmes problèmes mais qui ont adopté des stratégies différentes - États-Unis, Allemagne, Autriche, Pays-Bas, pays scandinaves, Finlande, etc...

La France souffre depuis des décennies d'un taux de chômage massif supporté principalement par les jeunes et les séniors qui ne produisent donc pas, d'un secteur publique qui occupe un producteur actif sur cinq, d'un déficit publique structurel, d'une dette publique, financée principalement par l'extérieur, qi ne cesse de croître et qui devenue insoutenable; plus récemment d'une balance commerciale largement déficitaire et ce qui est plus grave encore, d'un lourd déficit de la balance courante. "Le changement c'est maintenant" est un slogan qui va être difficile à réaliser; ce qu'on observe jusque maintenant, c'est seulement un changement de méthode.



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Mis en ligne le 11/07/2012