Une histoire de vrais gens à Gao au Mali

Bonjour
Je vais vous raconter une histoire de vrais gens au Mali - à Gao3. Vous savez que le Mali a connu la guerre civile en 2012-20131; que la France a été appelée à l'aide par le gouvernement et a envoyé nos troupes pour défendre les populations et résister à l'islamisation forcée de la population du Nord. Que Tombouctou et Gao ont été l'objet de véritables opérations de guerre3 et 4, avec des exactions et des violences horribles pour les populations et des morts. Tout cela a laissé des traces profondes chez les vrais gens.

Ce que l'on sait moins ce sont les circonstances concrètes; des hommes et des femmes ont été maltraitées, des femmes violées, certains ont perdu des êtres chers; d'autres ont perdu tous leurs biens et sont sans moyens de subsistance aujourd'hui. Aujourd'hui la paix est revenue. Les islamistes au Mali ont perdu la partie. Mais les séquelles de la guerre sont là.

Je vais vous raconter l'histoire d'une femme, Natacha P. que j'ai eu la chance de rencontrer par internet. Je dis "chance" car grâce à elle j'ai découvert la souffrance et la détresse aujourd'hui, résultat de la folie des hommes! Chance parce que, bien qu'ayant été enfant, témoin de la détresse de mes parents et de tous ceux qui ont vécu les affres de la guerre 1939-1945, autre résultat de la folie des hommes, je découvre des hommes et des femmes encore plus dans la détresse que mes parents le furent.

Avant la bataille de Gao de juin 20124 Natacha tenait une petite boutique, comme celles qu'on voyait tant à Tombouctou et à Gao; elle y vendait des produits de beauté pour les femmes; produits qu'elle faisait venir de Bamako achetés auprès de grossistes qui s'approvisionnaient au Togo et au Cameroun. Elle tenait cette boutique de sa grand-mère qui était décédée en 2010 et dont elle avait hérité. Natacha est née d'une mère française venue en touriste au Mali dans cette belle ville de Gao chargée d'histoire d'un civilisation africaine brillante, et d'un père africain. Ses parents avaient connu des moments de bonheur et lui avaient donné naissance. Natacha est chrétienne mais non pratiquante.

Lors des évènements de 2012 et de la première bataille de Gao, Natacha comme bien d'autres, s'est réfugiée à Bamako. Lorsque les islamistes ont été chassés et que la paix est revenue, Natacha est revenue à Gao, seul endroit où elle possède quelques biens. Mais sa boutique avait été entièrement ravagée et son contenu pillé. Sa seule source de revenu pour vivre avait disparu. Natacha n'est bien sûr pas la seule dans cette situation au Mali. Mais pour elle, il s'agit d'une situation désespérée. S'agissant de force majeure, aucune assurance ne peut intervenir. Le gouvernement Malien ne peut pas venir en aide à tous les sinistrés de cette guerre. Les organisations caritatives ne s'occupent pas de ces situations individuelles. Natacha vit donc actuellement avec zéro revenus. La situation de l'emploi à Gao est désastreuse.

Je sais tout maintenant de Natacha car je l'ai questionnée; elle avait honte de sa situation. Elle vit dans un petit appartement au centre de Gao que sa grand-mère avait loué à l'avance. Elle mendie dans la rue pour pouvoir se nourrir. Elle refuse la prostitution. Le coût estimé pour la réfection de sa boutique est de 1000€ (maçonnerie); et celui de l'approvisionnement en marchandises, le plus important, de 5000€ au minimum pour commencer (*). Ses anciennes clientes souhaitent voir la réouverture de la boutique.
ré-aménagement intérieur de la boutique, achat de produits à Bamako et transport Bamako-Gao [lien].

Liens

  1. Mon fil rss sur le Mali
  2. L'industrie minière du Mali
  3. Gao présentation ville et histoire
  4. Bataille de Gao (juin 2012)
  5. Bataille de Gao (20-23 février 2013)
  6. Interview : M. Sadou Haouna Diallo, maire de la ville de Gao (1/3/2013).
  7. Visiter Gao Mali


Mis en ligne le 01/08/2014 pratclif.com