Minerai de fer de Mauritanie: Société nationale industrielle et minière: SNIM ex MIFERMA

J'ai eu la chance de faire une mission aux mines de fer de Mauritanie pour la Banque Africaine de Développement avec mon collègue Claude Rougeot. Arrivés à Nouakchott par avion depuis Abidjan, nous avons rejoint Nouadhibou en voiture. De là nous avons embarqué sur le train de minerais repartant à vide vers Zérouate, à 700km de là. Partant de l'océan, la voie ferrée suit la frontière mauritanienne avec le Sahara occidental, d'ouest en est, jusqu'à Choum puis remonte vers le nord. Avant 1978, elle traversait la montagne Choum par un tunnel, mais celui-ci est maintenant fermé; le terrain est difficile la voie contourne ce passage en pénétrant sur 5 km dans le territoire du Sahara occidental (voir cette image source wikipedia commons)..

Les trains, d'une longueur pouvant atteindre 2.5 km, sont constitués de 200 à 210 wagons-trémies pour le minerai de fer, d'une charge utile de 84tonnes, et de quelques wagons de service, tractés par 3 ou 4 locomotives diesel-électrique General Motors de 3300 ch. Le tonnage annuel s'élève à environ 13 millions de tonnes correspondant à la production des mines. Il y a en moyenne trois trains par jour dans chaque sens. Certains trains ont des voitures pour les voyageurs. Ils desservent notamment la localité de Choum, à 460 km de Nouadhibou. Une ou deux rames appelées "train du désert" sont mises en service entre Choum et Zouerate dans un but touristique. Elles sont en général constituées d'une ou deux voitures pour voyageurs remorquées par une des anciennes locomotives diesel CC Alsthom du parc de la SNIM.

Une brigade spéciale d'entretien travaille en permanence pour que le sable du désert ne bloque pas la voie. Le travail se fait à la pelle. L'importance stratégique de ce chemin de fer exige cet entretien permanent car l'expoitation d'un train aussi lourd entraîne beaucoup d'usure des rails. Les rails sont régulièrement rectifiés (avec une motrice meuleuse) ou remplacés. Les rails usés restent le long de la voie.

La Mauritanie produit un minerai de fer de haute qualité (teneur en fer) après enrichissement sur site; mais la production est dérisoire par rapport à la production mondiale: 13Mt/an sur une production mondiale de 2400Mt/an (2017) soit moins de 1%. Voir ce tableau. Les grands producteurs exportateurs vers les pays industrialisés sont l'Australie et le Brésil... 54% de la production mondiale. La position de la Mauritanie dans les exportations de minerai de fer, vers l'Europe (le plus ancien client vu l'histoire de la colonosation) et la Chine (depuis son expansion récente), est maintenue grâce aux choix géostratégiques eà l'aide des pays arabes qui détiennent 12% du capital de la SNIM. C'est la distance de 700km du port aux mines par un chemin de fer très coûteux à exploiter qui est le principal handicap aujourd'hui. Et sur les sites miniers, les procédés d'enrichissement du minerai sont aussi un handicap, car ces procédés nécessitent de l'eau: voir l'avis que j'avais donné en 1994 à la Banque Européenne d'Investissement.

A Zérouate lors de la mission, au repos, nous avons été invités dans la "résidence" de notre hôte en plein désert. Un parcours en 4x4 à travers le désert, apparemment sans piste, la nuit sous la pleine lune... On se demandait comment ils s'y retrouvait. Une tente de bédouin, un repas traditionnel, et des chameaux qui ont ruminé toute la nuit.

Et de retour à Nouadhibou, nous sommes allés à la pêche dans la baie. Il suffisait de lancer la ligne pour qu'un poisson s'accroche à l'hameçon. L'abondance. Mais nous avons été choqués par la présence de plusieurs énormes navires de pêche industrielle comme celui-ci, Russe et chinois.

Références.

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Mis à jour le 23/03/2020 pratclif.com users online