La crise
est-ce à l'horizon, l'effondrement de la civilisation?
la disparition d'Homo.sapiens? ou la réduction drastique de ses effectifs?

L'archéologie et les archéologues nous font connaître de nombreux exemples de sociétés ou de civilisations qui se sont effondrées laissant la place à d'autres - les Hittites, Sumer, Rome ou la Grèce antique - ou qui ont disparu - les Mayas, les Vikings du Groenland. Voir sur cette carte du monde établie par Jared Diamond, dans son livre "Collapse" (effondrement ou comment les sociétés décident de survivre ou de disparaître), ces exemples choisis par lui. Ces sociétés ou civilisations sont listées ici.

Les civilisations sont-elles mortelles? Selon l'historien Fernand Braudel, les civilisations ne sont pas vraiment mortelles comme le disait Paul Valéry. Il en subsiste toujours quelque chose, une continuité culturelleVoir cet essai par Fernand Braudel historien français "La longue, l'inépuisable durée des civilisations". Fernand Braudel a donné son nom au "Fernand Braudel Center for the Study of Economies, Historical Systems, and Civilizations" de Binghamton University, State University of New York. Voir ici le site de cette institution.

Les grands auteurs de l'histoire des civilisations sont Arnold Toynbee et Oswald Spengler.

En cette période de crises - changement climatique, écologique, économique et sa sous-crise financière, en ce début d'année 2009, nous nous demandons si notre civilisation occidentale, celle des hommes blancs du XXIème siècle héritiers des "lumières", répandue de gré et de force à travers la planète depuis 500 ans, pourrait s'effondrer comme certaines civilisations disparues avant nous. L'effondrement de notre civilisation est-elle concevable? Nous ne pouvons pas l'envisager, de même que notre mort individuelle, et nous savons trouver toutes sortes de raisons pour ne pas y croire. Notre organisation infiniment complexe, nos techniques avancées et notre domination de la nature, ne garantissent-ils pas que notre civilisation peut survivre "indéfiniment", ou continuer dans la direction du progrès ininterrompu? Et même si un cataclysme détruisait une partie de notre civilisation dans une région de la planète, elle resterait intacte ailleurs et ne s'effondrerait pas dans son ensemble. Alors, la civilisation planétaire que l'humanité a constuite au cours de son évolution génétique et culturelle est-elle indestructible? Voir "Arrogance d'Homo.sapiens" d'André Lebeau sur ce sujet.

De tous temps, les communautés humaines se sont établies et développées dans des environnements favorables à la survie des individus et des familles, par la production durable de nourriture - en fonction de leurs cultures, de leurs outils et de leurs capacités technologiques d'adaptation à l'environnement. Avant la sédentarisation et les origines de l'agriculture dont on a la preuve archéologique depuis 10 000 ans avant le présent (BP), les hommes vivaient de chasse et de cueillette; ils suivaient les animaux de proie et les écosystèmes dont ils dépendaient. Les esquimaux de l'Arctique canadien en sont l'exemple type aujourd'hui; ils dépendent pour leur nourriture de la faune qui vit dans les eaux glaciales de l'océan arctique - phoques, baleines, poissons des eaux glaciales. Ils (les Inuits) ont adopté un style de vie et des techniques de chasse bien adaptés à cet environnement de glace - style de vie qu'ils tentent de préserver malgré le gouvernement fédéral canadien qui veut les amener à la vie moderne occidentale.

À la fin du néolithique, il y a près de 10 000 ans BP, un changement majeur est intervenu par l'adoption de l'agriculture et de l'élevage dont les traces archéologiques se trouvent dans le Nord de l'actuel Irak. L'adoption de l'agriculture et de l'élevage, pour produire la nourriture nécessaire à la survie des populations, ne s'est pas faite du jour au lendemain, mais sans doute de manière progressive et par dissémination culturelle, compte tenu de l'évolution du climat et de l'environnement et en fonction de l'avantage comparatif des deux modes de vie. Certaines communautés se sédentarisaient peu à peu jusqu'à ce que l'agriculture et l'élevage prédominent; d'autres restaient attachées longtemps à la chasse-cueillette y trouvant avantage; il en subsiste encore aujourd'hui de par le monde - dans l'arctique canadien et russe, la Sibérie, l'Afrique, la Nouvelle Guinée, l'Amazonie - populations marginalisées dans la civilisation technologique moderne de la planète.

Avec la sédentarisation, cad. le recours à l'agriculture par la domestication des céréales et la domestication d'animaux d'élevage - ovins, bovins, porcins, caprins et volailles - et de trait, l'homme a pu constituer des communautés permanentes dans des environnements favorables à ces nouvelles techniques. Ce changement majeur dans la vie des humains est dû à un changement climatique, un réchauffement de la planète à la fin du dernier âge glaciaire, début de l'holocène la période géologique actuelle. Les conditions favorables à ce mode d'existence, sont la température, l'ensoleillement, la pluviomètrie et la constitution de réserves d'eau potable, la nature et la fertilité des sols et le maintien de cette fertilité. Dans la mesure où ces conditions favorables sont durables, que la quantité de nourriture produite est abondante, la population humaine s'accroît, soit naturellement par excès des naissances sur les décès, soit par immigration d'autres humains provenant de régions voisines peuplées par d'autres communautés où les conditions sont moins favorables.

Quand un changement climatique d'origine naturelle survient, ce qui produit un changement de l'environnement, qui peut être aggravé par l'action des hommes, il faut pouvoir s'adapter; faute de quoi, la communauté est sous stress faute de nourriture. Les effectifs de la population diminuent alors plus ou moins fortement ce qui peut provoquer un effondrement. Il subsiste alors une population moindre incapable de soutenir les institutions construites par la communauté à son apogée, parce que ne disposant pas de tous les savoirs ni de l'énergie, nécessaires au fonctionnement du système complexe.

Les exemples de sites archéologiques plus ou moins prestigieux - par les objets et les outils, les monuments et les constructions, les rites funéraires - abandonnés par leurs "créateurs" abondent sur la planète et les archéologues en découvrent régulièrement. Dans tous ces sites, les scientifiques travaillent en équipes pluri-disciplinaires et cherchent à comprendre les raisons de la disparition des communautés qui les peuplaient.

Jared Diamond dans son livre "Collapse" (effondrement ou comment les sociétés décident de survivre ou de disparaître), propose 5 catégories de causes:

  1. la surexploitation des ressources naturelles conduisant à dépasser les capacités de l'environnement à soutenir durablement le mode de vie développé par la communauté
  2. le changement climatique conduisant à une modification des conditions d'exercice de l'agriculture et de l'élevage - température, ensoleillement, pluviomètrie, ressources en eau - donc baisse des rendements jusqu'à engendrer la disette, famine, des épidémies et des surmortalités;
  3. la présence à proximité du territoire de la communauté, de voisins hostiles enclins à vouloir s'approprier les ressources pour assurer la réussite de leur propre mode de vie;
  4. les luttes internes à la communauté dont des segments plus touchés que d'autres se révoltent pour s'approprier les ressources qui se raréfient;
  5. la réponse de la communauté aux défis posés par les changements climatique et d'environnement, cad. la capacité de la communauté à s'adapter par des mesures culturelles et des innovations techniques.

Les 5 types de causes ne jouent pas toujours simultanément; mais l'une ou plusieurs des 5 sont invoquées comme explications, dans la plupart des cas d'effondrement de communautés: exemple, l'île de Pâques, les Mayas, les Vikings du Groënland, les Anazazi du Sud-Ouest des États-Unis actuels.

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Mis en ligne le 26/10/2011