Mon histoire liée aux mines de charbon souterraines et à ciel ouvert (suite)

Ce qui suit est un témoignage que mes descendants liront peut-être avec intérêt. C'est l'histoire de mes études. Elle commence en janvier 1946 au retour d'Angleterre avec mes parents où nous étions réfugiés depuis le 20 mai 1940, lors de l'invasion allemande, de l'arrivée des allemands à Calais, l'évacuation de Dunkerque... Mes parents étaient anglais et s'étaient réfugiés en Angleterre.

Dès notre retour à Calais je fus mis à l'école, au pensionnat Saint Pierre de Calais. J'étais dans la classe de Mademoiselle Soufflot. L'abbé Revet s'occupait bien de moi, car il voulait apprendre l'anglais. Dans cette classe (voir photo), je ne parlais pas le français, je n'avais pas le niveau; la maîtresse conseilla vite à mes parents de me mettre dans une école primaire et dans une classe de niveau inférieur, pour me mettre à niveau en français. C'est ainsi que je me trouvai à l'école primaire de la rue verte avec comme maître Mr Poure.

J'entrais en 6è au collège classique de Calais rue Jean-Jaurès, au début de l'année scolaire 1947-1948. J'y suivis les classes de 6è, 5è, 4è et 3è. Je faisais du violon come activité avec comme professeur Gaston Tumelaire à l'école de Musique de Calais rue Gustave Cuvelier. Je jouais dans divers orchestres amateurs de la ville. Mon professeur qui jouait 1er violon à l'orchestre de l'opéra du Théatre Municipal, m'avait fait entrer dans cet orchestre au pupitre des 2è violons. Je jouais tant bien que mal les partitions des opéras et opéras comiques chaque semaine; mais quand tel chanteur ou chanteuse était enrhumé et demandait de chanter 2 tons en dessous de sa partition, il fallait lire la partition 2 tons en dessous donc lire en clé d'ut 3è ligne. Je n'étais pas bon en solfège et je jouais approximativement, le plus souvent en faisant semblant!

À la fin de la 3è Mr Tumelaire me suggéra de préparer le concours d'entrée au conservatoire de Paris; il voulait y avoir un élève... Je travaillais 1 an avec lui en abandonnant mes études secondaires. En fin d'année je passai le concours de l'école de musique de Calais et obtenais seulement un 1er accessit - concerto de St Saens 1er mouvement et une partita de Bach; plus une improvisation.... Puis Mr Tumelaire me présenta à un professeur du conservatoire de Paris (fin 1952, j'avais 17 ans)... Celui-ci me trouva trop faible et trop vieux. Ce fut donc un échec. Je demandais à reprendre les études secondaires.

Le principal du collège Mr Maurice Boucher, qui était un mélomane, me prit en faveur et me fit entrer en 1ère sautant donc la 2è. Je travaillai fort en 1ère et entrai en mathématiques élémentaires sur recommandation de Mr Boucher. C'est au début de cette année 54-55 que je rencontrai Elisabeth. En fin d'année je voulais faire l'école des médecins de la marine marchande à Bordeaux - mes parents n'étaient pas fortunés et c'était gratuit. Mais ayant rencontré le père d'Elisabeth - Léon Maincourt ingénieur de l'école Centrale entre temps, celui-ci me suggéra des études d'ingénieur. Je demandais l'avis de mes professeurs de maths et de physique... ils m'encouragèrent à le faire. C'est ainsi que je me présentai au concours d'entrée en maths sup à Faidherbe.

Bien que j'eus de bons résultats en maths élem à Calais, je n'étais pas un élève brillant; mesuré par les tests de QI, j'ai seulement un peu plus que la moyenne (105-110 selon les batteries de tests). Les épisodes de la guerre, mon retour d'Angleterre en 1946 en ayant oublié le français (une année de perdue), mon année perdue à faire du violon, ont nui à ma formation de base. Cela s'est traduit par des résultats médiocres en maths sup et en maths spéciales. Je ne réussis qu'à entrer dans une école nationale supérieure de second rang. À cette époque comme par la suite à toutes les étapes de la vie, c'est par le travail et grâce à l'anglais que j'ai réussi à me maintenir dans le peloton. J'ai toujours eu une opiniatreté au travail et de la curiosité pour l'étude de sujets nouveaux. À Saint Etienne, rentré dans les derniers, je fus classé 15è en 1ère année, 2è en 2è année et 35è en 3è année. Au total 15è sur 41 avec 15.7/20 de moyenne de notes. C'est qu'en 2è année j'avais pris une chambre particulière et travaillais avec acharnement; mais en 3è année je me mariai avec Elisabeth, et forcément les résultats scolaires furent perturbés. C'est pourquoi, je ne recommande pas aux jeunes de brûler les étapes. A Faidherbe, je côtoyais des élèves brillants qui entrèrent à Polytechnique et à Normale Supérieure. De tels élèves, et ceux sortis de ces écoles les mieux classés, sont le terreau de la future élite du pays.

La formation primaire, secondaire et supérieure est essentielle pour préparer les jeunes à exercer des responabilités au service de la société. Ce sont ensuite les fonctions occupées et la qualité du travail accompli qui jouent. Sorti de l'école en 1960, je fis deux ans de service militaire, puis j'entrai en premier emploi au Cerchar (centre d'études et recherches des charbonnages de France). Ma carrière professionnelle fut, comme mes études, médiocre: successivement Cerchar puis Houillères du Nord Pas de Calais, puis aciéries de Paris et d'Outreau, puis Sabès et enfin Sofremines. Pendant toutes ces périodes je faisais des traduction d'articles techniques en Anglais pour le service de documentation des charbonnages, une activité que j'avais commencé à l'école, sous la houlette de Pierre Péchabrier, puis son successeur Mounier et enfin Pierre Guillon.

Au Cerchar je voulus passer à l'exploitation et fus vivement encouragé de le faire par le directeur Mr Cheradame X-Mines- l'interconnexion était voulue par la direction du centre. Aux houillères, je tombais à la fin de la période de modernisation mais au début de la récession. La direction encourageait les volontaires à la reconversion. Je passais aux acieries de Paris Outreau avec une baisse de salaire de 20%.

Je tombais dans la période de modernisation et de construction d'une nouvelle usine au port de Boulogne/mer, mais au début de la reconversion de la sidérurgie. Après la construction des installations d'homogénéisation du minerai je me trouvai en surnombre; et mon comportement enclin à l'étude théorique de fonctionnement du haut-fourneau à ferro-manganèse en réduction directe par le carbone, n'était guère apprécié par le chef des HF du port (Venet)- cette étude m'avait été demandée par Truffaut. On me pria de trouver un autre emploi sans me licencier.

Je trouvai un emploi chez Sabès constructeur de matériels de mines, de sidérurgie et de travaux publics. J'étais l'adjoint du directeur commercial. Je visitais les houillères de bassin en France ainsi que les potasses d'Alsace à qui nous vendions du materiel. Sabès était une petite chaudronnerie-mécanique d'Anzin qui avait connu la prospérité lors de la reconstruction des houillères après la guerre; ils fabriquaient des étançons à friction dont ils avaient eu les plans par les houillères qui voulaient ne pas dépendre que des constructeurs allemands. Vu les besoins, la production d'étançons donna du travail à Sabès pendant des années. Quand les houillères commencèrent à s'équiper de convoyeurs blindés comme en Allemagne et en Angleterre, Sabès fut aussi sollicité, mais seulement pour les bacs car les têtes motrices et les stations de renvoi étaient fabiquées par Stéphanoise (certes Sabès avait un accord mais pour la France seulement). Là encore ils furent aidés par la direction des houillères. Mais quand vint la récession des charbonnages, les faiblesses de Sabès furent apparentes: pas de produits propres, pas de machines outils performantes... il fallait obtenir de la sous-traitance et seulement pour des produits permis par la capacité de ses machines outils. Le passage des houillères au soutènement marchant hydraulique ne fut pas réussi non plus. Sabès ne rivalisa pas avec les Allemends (Westphalia) ni avec les français (Marrel, Ateliers des chantiers de la Manche).

À cause de mon anglais, on me demanda de tenter de vendre des matériels aux États-Unis et en Inde. Mais les conditions d'exploitation et les habitudes étaient très différentes. Ce ne fut pas possible car on ne pouvait pas vendre des bacs seulement, il fallait vendre des équipements complets. Westphalia avait construit une usine aux États-Unis qui construisait des convoyeurs et des éléments de soutènement marchant. Et les concurrents français y compris Stéphanoise, chacun voulait jouer cavalier seul... encouragés par la DRE de l'époque qui avait fait créer une société d'export - Minéquip. Par la suite ces ambitions furent reprises avec un certain succès par Charbonnages de France (International) en Inde.

Mr Sabès me demanda de trouver une société susceptible d'être un apporteur de produits nouveaux et de technologie, voire d'être un repreneur - Mr Jean Sabès avait 80 ans à l'époque. J'intéressai une société américaine de Pennsylvannie.... une chaudronnerie-mécanique beaucoup plus performante car disposant de machines outils capables de faire de la sous-traitance de haut niveau technique. Je fis venir les dirigeants de la société à Anzin. On les reçut à Anzin, ils visitèrent l'usine, ils furent reçus au Touquet par Mr Sabès et un accord était imminent... Mais l'affaire capota car les autres dirigeants de Sabès (Bernard directeur commercial, Dubertret directeur) craignaient pour leur place. Je fus licencié sans ménagement fin août 1976, 15 jours après mon retour des États-Unis et après versement d'une prime exceptionnelle importante par Mr Sabès, au momemt du décès du père d'Elisabeth. Je fus accusé d'avoir voulu prendre la place du directeur commercial Bernard. Cette affaire me nuisit longtemps après, auprès de mes amis des houillères et de Charbonnages de France.

Après 4 mois de chômage, je fus engagé par Sofremines comme chef de projet; je commençai le 1 janvier 1977. À Sofremines je trouvai enfin un poste correspondant bien à mon tempérament, à mes aptitudes et à mon inclination pour les "études". Ce furent donc 19 ans et six mois - de janvier 1977 au 1er juillet 1996, d'un travail passionnant. Là aussi, ce fut grâce à l'anglais que je restai, jusqu'à la possibilité de prendre ma retraite à 60 ans et 6 mois dans le cadre de la réforme Balladur de 1963 (les années d'école, de service militaire et les stages effectués avant, avaient compté dans le nombre de trimestres).

Mon inclination à l'étude est aussi l'explication de mon activité de retraité: blogger.

  1. États-Unis Kentucky mines souterraines
  2. Mines souterraines
  3. Mine à ciel ouvert
  4. Mine à ciel ouvert (2)
  5. Histoire du charbon Nord Pas de Calais
  6. Gisements de charbon en France
  7. à la mémoire des mineurs de France
  8. carte des concessions du Nord Pas de Calais
  9. Histoire des charbonnages de France
  10. Histoire du bassin du Nord-Pas-de-Calais
  11. Histoire du charbon en Lorraine
  12. Le charbon dans le Centre et le Midi de la France
  13. Les ingénieurs des mines au XIXème et au XXème siècles
  14. Louis Nelter directeur de l'école des mines de St Etienne
  15. History of coal mining UK and the world
  16. Le charbon en Allemagne la Ruhr
  17. Le charbon en Allemagne la Sarre
  18. Atlas des concessions du terrain houiller de la Sarre
  19. Statistiques mondiales de production de charbon
    (brown coals = lignites; hard coals = charbons)
  20. Dangers de la mine de charbon; le grisou
    Le grisou est du méthane; mélangé à l'air dans une proportion de 6 à 16% ce gaz est explosif et produit des effets dévastateurs mais localisés; si la poussière de charbon est inflammable, l'explosion du grisou peut provoquer l'allumage des poussières de charbon accumulées dans la mine et les effets sont alors plus dévastateurs encore car ils concernent la mine toute entière (catastrophe de Courrières).
  21. Coup de poussière: la catastrophe de Courrières en 1906.
  22. Dégagements instantanés de CO2 Destivalle
  23. Bassin de la Mure Dauphiné (anthracite)
  24. Liste des catastrophes et accidents dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais
  25. Charbonnages du Boulonnais
  26. Charbonnages de Midi-Pyrennées
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    Mis à jour le 07/07/2016 pratclif.com