Nucléaire, la bombe humaine?France 5 Documentaire d'Elsa Fayner projeté mardi 10 avril 2012 à 20h35
Une centrale thermique se compose de 3 éléments: une unité de combustible, une turbine et un alternateur. L'unité de combustible produit de la chaleur et de la vapeur sous haute pression; la vapeur est envoyée à la turbine qui transforme la chaleur en énergie mécanique; la turbine fait tourner l'alternateur qui transforme l'énergie mécanique en énergie électrique. Quels combustibles? Ce sont les combustibles fossiles - charbon, pétrole gaz - ou la fission contrôlée de l'atome d'uranium 235. Une centrale thermique au charbon - chaudière, turbine et alternateur - de 900MW qui fonctionnerait toute l'année avec un rendement thermique de 30%, et une disponibilité de 74%, consommerait environ 2.6 millions de tonnes de charbon par an. Un réacteur nucléaire de même puissance fonctionnant avec de l'uranium enrichi à 3% d'U235 consommerait 140t d'uranium par an. C'est dire tout l'intérêt du nucléaire - la France n'a pas de charbon ni de pétrole. Voir ce calcul de la production et de la consommation d'uranium de notre parc de centrales nucléaire; 58 réacteurs sur 19 sites de centrales (lien). La poursuite du nucléaire en France est vivement contestée par divers groupes dont Global Chance, NégaWatt, Greenpeace, et autres mouvements écologistes, et le plus militant de tous "réseau sortir du nucléaire" de Stéphane Lhomme. Je passe sur l'aspect militant "sortir du nucléaire" point commun de tous ces mouvements. Je m'intéresse à l'aspect mix (bouquet) énergétique cad. la combinaison dans la production d'électricité des énergies charbon, nucléaire, hydraulique et ENR énergies nouvelles renouvelables. Les ENR ont dépassé l'objectif des 20% en Allemagne. Nous en sommes encore loin en France, sans doute à cause du poids du nucléaire (80%) dans la production d'électricité. Le problème des ENR, vu cette part du nucléaire en France, c'est l'intermittance de la production, la dispersion et la faible production unitaire des équipements, la surface occupée et l'absence de possibilité d'économies d'échelle - les 4 plus gros réacteurs ont 1450MW de puissance; l'EPR de Flamenville aura 1720MW; une éolienne c'est 3MW; notre parc solaire de Callian c'est 6.4MW. La dispersion et la faible production unitaire créent des difficultés techniques de cohabitation de grosses centrales - produisant du courant de base - et alimentant le réseau avec des petites unités de manière intermittente. Ce problème est expliqué ici (lien) et ici en anglais (lien). C'est le point de vue français que ce sont les ENR qui doivent s'adapter au réseau. Mais en Allemagne où le nucléaire ne représente que 22% de l'électricité et les ENR déjà 16.8% en 2010 (France 4%) et un objectif de jusqu'à 45% en 2020 (voir mix allemand), le point de vue est inverse - ce sont les centrales de base qui devront s'adapter car elles seront de trop! Voir cet article et ce lien sur la stratégie Allemande pour l'avenir du mix énergétique (lien). ici ce sont les ENR qui doivent s'adapter ici ce sont les non ENR qui doivent s'adapter Ce problème a aussi un rapport avec le stockage de l'électricité. La R&D doit permettre d'avancer vers des solutions de stockage... stockage d'air comprimé dans des réservoirs souterrains, production d'hydrogène en périodes creuses ou par les ENR.... batteries au lithium plus performantes. NégaWatt et Global chance invitent à réduire la consommation. Comme peu de gens entendent ce discours... on nous propose l'isolation des bâtiments, et l'achat d'équipements consommant moins d'électricité dont l'exemple les lampes basse consommation et les pompes à chaleur - qui mettent en oeuvre la compression adiabatique d'un gaz au lieu d'une simple résistance de cuivre. Il s'agit en fait d'un transfert. Les données manquent encore pour nous dire si globalement on y gagne. Enfin, la poursuite du nucléaire pose le problème de la durée de vie des installations dont la partie nucléaire principalement. Des 34 réacteurs de 900MW, 24 auront plus de 30 ans d'âge dans la décennie en cours. Cela nous ramène à l'entretien des réacteurs et à des arrêts programmés. Faut-il entretenir indéfiniment si possible - question de conception au départ, ou reconstruire à neuf ce qui dans le cas du nucléaire pose le problème encore inconnu du démantèlement - on ne connaît le problème qu'avec Tchernobyl et tout récemment Fukushima. Les Allemands avec seulement 22 réacteurs et d'énormes réserves de charbon et de lignite ont fait le choix d'arrêter; d'autant qu'ils ont réussi jusqu'à présent avec les ENR, sous réserve de la difficulté de régulation du réseau. Il faut citer pour finir, les projets Desertec et Medgrid de production d'électricité par des centrales solaires sur le pourtour de la méditerranée. Mais ceux-ci sont pour un avenir plus lointain (lien).
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