Nouveau plan d'austérité de la France pour garder son triple A
et que le taux d'intérêt moyen de la dette n'augmente pas

On ne peut pas "consommer" plus qu'on "produit". Qu'on soit individu, ménage, entreprise ou État, c'est la même contrainte pour tous. La France a une dette de 1700 milliards d'€ (novembre 2011). Une augmentation des intérêts de la dette dans le budget de l'État, suite à la perte éventuelle de sa note triple A, impliquerait d'augmenter encore la dette car le déficit augmenterait du montant des intérêts supplémentaires; c'est ce que nous faisons depuis plus de 30 ans. Dans le climat actuel en Europe, le gouvernement a choisi de baisser les dépenses et d'augmenter les recettes selon des modalités annoncées ce 7 novembre 2011 par François Fillon (lien), modalités qui suscitent commentaires et crtiques.

On dit souvent que pour un État la dette ce n'est pas comme pour un ménage. À la différence d'un ménage ou d'une entreprise, un État est "éternel" et fort de cette qualité, il peut avoir une dette "perpétuelle". Il ne paie que les intérêts et quand le temps de rembourser la dette arrive, il emprunte de nouveau la somme nécessaire pour ce remboursement. Il en est de même à moindre degré pour une entreprise. Les deux empruntent en émettant respectivement - on dit vendre - des bons d'État et des obligations - par exemple de 1000€, à 5% d'intérêt annuel et pour une durée de 8 ans.

L'individu ou le ménage qui emprunte à une banque doit payer périodiquement des intérêts et rembourser en même temps une partie du capital - on dit amortir son emprunt - pour qu'à la fin de la durée du prêt il ne reste plus rien à payer. Les charges de la dette sont des mensualités ou des trimestrialités comprenant intérêts sur le capital restant dû et une part de capital. L'individu ou le ménage peut renouveler une dette lorsque la précédente a été soldée. L'exemple le plus typique est le crédit voiture. On peut avoir un crédit voiture permanent. La différence avec l'État et à moindre degré avec l'entreprise, c'est que l'individu ou le ménage ne sont pas "éternels"; il arrive un moment où toute la dette doit être remboursée cad. quand les revenus cessent.

Pour tous - individus, ménages, entreprises ou États, les paramètres qui gouvernent la dette sont le revenu, le montant de la dette par rapport au revenu, le taux d'intérêt, les modalités de remboursement cad. d'amortissement de la dette. Ne pas "consommer" plus qu'on ne "produit", se traduit par l'égalité "consommation=production". La règle d'or c'est précisément cela! (lien).

Production, c'est le revenu, salaires pensions ou revenus de capital, généralement mensuels ou trimestriels pour les ménages, et les impôts pour les États. Consommation, ce sont les dépenses courantes et les charges d'emprunts, généralement mensualités ou trimestrialités pour les ménages, et quasi permanentes pour les États sous la forme d'engagements, de salaires et retraites de fonctionnaires, d'intérêts de la dette en cours.

Pour les ménages, les revenus sont distribués entre dépenses courantes et charges d'emprunts. Les charges d'emprunts pour la maison, la voiture, l'équipement ménager, etc... affectent les dépenses courantes. Plus les charges sont élevées, plus il faut réduire les dépenses courantes et inversement. C'est ainsi que se réalise l'égalité "consommation=production". Les banques qui prêtent l'argent aux ménages, sont attentives à leur capacité de supporter les mensualités ou trimestrialités de leur dette avec leurs revenus. Si les revenus sont jugés insuffisants en comparaison des charges de la dette, les banques refusent de prêter ou réduisent le montant prêté. On ne peut pas consacrer 100% de ses revenus à des charges d'endettement... certaines dépenses courantes sont incompressibles - nourriture, habillement, eau, électricité, chauffage, transports... En général, pour un ménage on compte 1/3 d'endettement en mensualités de remboursement par rapport au revenu mensuel.

La Production cad. les revenus peuvent augmenter et alors on peut consommer et/ou s'endetter plus, ou encore épargner. Revenant à l'exemple du crédit des ménages, on peut avoir une voiture plus chère ou changer de maison, ou faire des travaux. Si le taux d'intérêt augmente, cela affecte la capacité d'endettement en augmentant un peu le montant de la mensualité ou de la trimestrialité... il faut en tenir compte en ajustant les dépenses courantes à la baisse ou en réduisant ce que l'on consomme en empruntant, afin que "production=consommation".

Pour les États, il y a un très grand nombre d'emprunts de caractéristiques différentes, en montants, en taux d'intérêt et en durée restante avant l'échéance de remboursement - on dit maturité. De la combinaison mathématique de ces trois paramètres, les trois éléments essentiels sont le taux d'intérêt moyen de la dette, la durée de vie moyenne de la dette avant l'échéance cad. la maturité, et le montant total de dette qui correspond à ces caractéristiques. Les investisseurs, cad. les marchés financiers, sont attentifs à ce que les revenus des États permettent de supporter leur dette; sinon moins d'investisseurs acceptent de prêter sauf à augmenter le prix du crédit en augmentant le taux d'intérêt. Si les revenus augmentent, par effet de la croissance économique cad. de l'activité, l'État peut emprunter plus. Si le taux d'intérêt augmente, cela affecte la charge de la dette en augmentant le montant des intérêts... Pour assurer que "production=consommation", il faut ajuster les dépenses courantes à la baisse ou réduire la charge de la dette. Réduire la charge de la dette, implique, si le taux d'intérêt est fixé, d'en réduire le volume grâce à des ventes d'actifs de l'État ou de réduire les intérêts par achat de bons d'État par la banque centrale.

Depuis plus de 30 ans notre État consomme chaque année plus qu'il ne produit. Les recettes des impôts sont inférieures aux dépenses de l'État central, de la sécurité sociale et des collectivités locales. La prospérité de la France dépend ainsi d'une montagne de dette croissante constamment renouvelée car jamais remboursée. Le déficit récurrent entraîne chaque année un accroissement de la dette par un effet boule de neige. La croissance de la production et des taux d'intérêts très faibles ont permis jusqu'ici de supporter un accroissement de la dette. Mais la croissance continue de la dette due à notre déficit récurrent, aggravé par la crise, fait que nous atteignons un niveau tel que les marchés financiers sont plus hésitants à prêter au faible taux d'intérêt actuel. C'est la raison pour laquelle les marchés mettent la note de la France AAA triple A la plus haute, sous surveillance durant 3 mois. Or c'est la note triple A qui permet à la France d'emprunter à un taux d'intérêt moyen très faible.

Pour compléter:


Mis en ligne le 07/11/2011