Rémunérations des dirigeants

Les patrons d'un grand nombre de grandes et moyennes entreprises aujourd'hui sont rémunérés par une partie fixe et une partie variable qui dépend des résultats. Les critères de bons résultats vont de la valorisation boursière aux bénéfices nets de l'entreprise - cumulés sur plusieurs années - sur la base desquels on calcule la rentabilité des fonds propres. Atteindre un taux de rentabilité élevé des fonds propres nécessite d'agir sur tous les facteurs de la production comme investir - cad. améliorer la productivité des procédés de production - réorganiser les structures internes, agir sur les fournisseurs en faisant jouer la concurrence, réduire le personnel, avoir une politique commerciale efficace - comprendre les besoins du marché en quantités, qualité et prix. Voir Bonus et licenciements.

Un dirigeant d'entreprise a pour fonction principale d'assurer la pérennité de l'entreprise pour le bénéfice de ses propriétaires investisseurs, de son personnel, de ses fournisseurs, de la collectivité locale et de l'État. Cela implique d'adapter en permanence tous les éléments de l'outil de production et du produit, à la demande des consommateurs cad. du marché. Il en résulte que l'entreprise ne peut pas avoir pour seul objectif de maintenir l'emploi de son personnel en nombre et en niveaux de rémunération, ou de maintenir celui de ses fournisseurs, ni même en finale celui de ses actionnaires. Que serait une entreprise qui aurait continué indéfiniment de produire des roues de charettes? Exemples bien connus: les Charbonnages, les mines de fer de Lorraine, ou les potasses d'Alsace, entreprises qui exploitaient des ressources naturelles que des produits de substitution ont remplacé: pétrole, gaz et énergie nucléaire pour le charbon, minerais de fer importés non phosphoreux pour le minerai de fer lorrain. Ou encore la sidérurgie lorraine, les industries textiles et peut-être aujourd'hui l'automobile.

Assurer la pérennité d'une entreprise nécessite des talents qui sont rares dans la société. C'est ce qui explique le niveau de rémunération élevé de ses dirigeants. Mais il faut que les résultats soient effectivement là. Le problème c'est que les rémunérations des dirigeants sont fixés par contrat et que les contrats ne prévoient pas suffisamment de clauses restrictives, notamment en cas de fin de leurs fonctions. D'où les dérives constatées, de dirigeants dont on peut dire qu'ils sont en situation d'échec. Les différences de traitement des salariés dans ces mêmes conditions d'échec sont de plus en plus choquantes. Voir ici "pourquoi les riches sont de plus en plus riches" de Jean François Kahn.

D'autre part, on comprend mal ce qui pousse les dirigeants de grandes entreprises à vouloir des rémunérations tellement élevées au point d'être choquantes comparées à la rémunération moyenne des salariés. Que font ces dirigeants de leur argent? Pourquoi le système fiscal ne corrige pas ces anomalies, dissuadant les patrons de gagner autant? Le système fiscal était effectivement dissuasif autrefois - après la 2è guerre mondiale - avec des taux d'imposition marginaux de 80% au États-Unis voire de 100% au Royaume-Uni. C'est Ronald Reagan aux États-Unis et Margaret Thatcher au Royaume-Uni qui ont changé cela avec le libéralisme et la critique de l'État.

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Mis en ligne le 11/04/2009 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) Portail: http://pratclif.com