La crise qui n'en finit pas menace le capitalisme (suite)

Le crédit et sa contrepartie la dette sont des éléments important de toute l'activité économique assurée par les banques; comment se forme la dette et à quoi correspond elle?

Une société ne vit pas seulement de la production du moment, par exemple d'une année. La production est exprimée par le produit intérieur brut PIB qui représente la somme des valeurs monétaires de la production cad. de l'activité de tous les acteurs d'une société. La production physique - les biens matériels produits - est forcément utilisée cad. consommée; elle se consomme sous forme de nourriture, d'électricité, d'essence, de logements construits avec tous leurs composants, de construction d'autoroutes, d'écoles et d'hôpitaux avec leurs équipements, de ports, d'aéroports, de produits industriels, véhicules, avions, bâteaux, etc... La production non matérielle est consommée aussi sous forme de services, assurances, transports, commerçants qui distribuent les produits, et tous les services publiques, santé, éducation, sécurité, défense etc...

Les biens et services produits par tous les acteurs de la société - en permanence ou pendant un intervalle de temps par exemple une année - sont échangés entre eux par le moyen de la monnaie qui fixe la valeur d'échange de tous les biens et services produits. Les échanges s'effectuent en "temps réel" cad. sur le même intervalle de temps ou de manière décalée; en effet il n'y a pas correspondance exacte entre coûts des biens et des services produits et leur valeur d'échange en monnaie, de sorte qu'il peut y avoir excès et stockage de monnaie.

Dans le cas des biens et services produits en permanence par l'activité économique, il y a une multitude de biens et services; au lieu d'échanger les produits directement avec un système de correspondance physique comme le troc autrefois, on adopte la monnaie comme mesure de l'ensemble de la production. Chaque produit et service est converti en valeur monétaire par un système transactionnel complexe où interviennent par accord entre les producteurs et les consommateurs - vendeurs et acheteurs - la quantité de travail, la valeur travail, la quantité d'équipements (capital), la productivité du travail, des équipements et de leur combinaison, etc. mais aussi l'utilité et l'attractivité du produit et tout un ensemble de motivations de l'acheteur. Le résultat de ces transactions pour la multitude de produits et services offerts par les producteurs, c'est qu'il existe des écarts plus ou moins importants entre les coûts de production et les prix de vente. Ces écarts conduisent soit à des excédants, soit à des pertes.

La société au cours du temps évolue en permanence par modification et invention de multiples produits et services, offerts à la société pour satisfaire des besoins et répondre à la demande correspondante. Le volume des produits et services doit augmenter avec l'accroissement de la population, sinon on aurait un appauvrissement de celle-ci en quantité de biens et services disponibles par habitant. La qualité de vie d'une population se mesure en première estimation par le PIB/habitant même si d'autres critères plus complexes se sont développés récemment (revoir PIB). Le volume des produits et services doit donc augmenter aussi avec la croissance du bien-être de la population dans son ensemble et avec la diffusion de bien-être à toutes les couches de la population des plus pauvres aux plus riches. La variation positive est mesurée par un taux de croissance du PIB positif.

La croissance de la production, en quantité et en qualité des produits et services offerts, exige la mise en oeuvre de moyens supplémentaires par l'État et par les entreprises du secteur privé: des infrastructures, des équipements, des personnels, de la formation des travailleurs, un système d'éducation et de santé plus efficaces etc... Pour les créer, c'est alors que la monnaie intervient par l'intermédiaire des banques dont la fonction primaire est de donner à l'économie les moyens d'exercer et de développer son activité.

D'une part, des agents économiques ont besoin de monnaie pour acheter des moyens de production; d'autre part, des agents économiques principalement les ménages, ont de la monnaie en excès. Entre les deux, les banques reçoivent des dépôts des agents excédentaires, accordent des crédits aux agents déficitaires avec promesse par eux de paiement d'intérêts et de remboursement de capital à terme échu. Les banques créent aussi de la monnaie ex-nihilo en accordant des crédits à certains de leurs clients; ce faisant les banques créent de la monnaie supplémentaire mais qui se détruit lorsque les prêts sont remboursés. Les modalités des crédits sont des prêts à durée et à taux d'intérêt fixés. Par exemple, un emprunt se fait à durée de 8 ans avec un taux d'intérêt de 3.5% par an.

Il résulte que le système économique crée: des biens et services qui sont forcément tous consommés; des valeurs monétaires dont une partie est utilisée de manière différée et qui constituent un droit à consommer de la production future; des crédits qui servent à permettre le développement de la société en produits et services marchands. La quantité de monnaie dont l'usage est ainsi défini, résulte du mode de fixation des prix et de la valeur monétaire affectée à la production ainsi que du mode de partage de cette valeur entre tous les acteurs qui l'ont produite. On a alors des acteurs de la société qui ne convertissent pas toute la monnaie qu'ils reçoivent, en consommation physique de biens et services, ce sont les agents à "surplus"; des acteurs qui ont des besions de monnaie pour réaliser des projets, ce sont les agents à "besoins"; et des acteurs qui assurent aux seconds la monnaie nécessaire à leurs projets en mobilisant les surplus des premiers et en créant de la monnaie ex-nihilo par le crédit. À partir de là on a un système de partage de la monnaie et de la production d'où naissent le crédit et la dette. C'est le système actuel de fonctionnement de l'économie; mais ce n'est comme cela que depuis 1973.

Mis en ligne le 26/07/2011