Élections 2012: présidentielle et législatives

Élections 2012: présidentielle et législatives; orienter son vote en fonction des vrais enjeux de société; en 2030 je serai parti! mes enfants auront 70 ans, mes petits enfants auront entre 30 et 50 ans. La France d'alors résultera des choix et des comportements des français d'aujourd'hui, des ménages et des entreprises, et des choix politiques qui auront pu être faits... en fonction du comportement des syndicats et des multiples associations et collectifs qui s'expriment et agissent souvent dans le sens du non! Mon choix est fait. Je ne regarderai pas le défilé de guignols de la campagne officielle. Je voterai en espérant que les prochaines cinq années iront dans la bonne voie pour les générations futures.

Cinq scénarios pour la croissance française d'ici 2030

Extrait de la présentation: Quelles sont les perspectives de croissance de l’économie française à long terme ? La croissance potentielle française a-t-elle été durablement affectée par la crise, et si oui, par quels mécanismes économiques pourra-t-elle rebondir ? Telles sont les questions explorées par ce rapport cosigné par le Centre d’analyse stratégique et la Direction générale du Trésor, qui synthétise des échanges entre économistes de l’administration, de la banque et universitaires.

Il s’agit d’abord de cerner les risques et les opportunités pour l’économie française à l’horizon 2030. Cinq scénarios de croissance du PIB potentiel et effectif sont alors proposés. Chacun de ces scénarios trace une trajectoire possible qui dépend à la fois des mécanismes à l’oeuvre au sein de la société et de l’économie françaises, des politiques menées à l’échelle nationale et de l’évolution de l’environnement européen et international. Ce travail prospectif permet ainsi d’appréhender les variables cruciales pour la croissance et de guiderles décisions de politique économique.

Extrait du rapport: l'avant-propos

La France s’interroge sur sa croissance. Elle est, parmi les pays développés, l’un de ceux qui ont le mieux résisté à la crise, avec un repli de son produit intérieur brut limité à 2,6 % en 2009, contre 4,1 % dans la zone euro et 4,7 % en Allemagne, et cependant l’hypothèse d’un déclin durable non seulement par rapport aux économies émergentes mais aussi par rapport aux partenaires européens surplombe les débats français sur les enjeux de l’après-crise.

La France ne manque pourtant pas d’atouts. Un dynamisme démographique que confirment les dernières projections de l’INSEE, la capacité avérée d’attirer les investissements internationaux, l’excellence universitaire et des infrastructures de qualité devraient concourir à faire de la France une des économies développées les plus dynamiques. Mais l’érosion de la productivité que les statisticiens constataient dès avant la crise et les interrogations lancinantes sur notre capacité à maintenir ou renouveler nos avantages comparatifs sur les marchés mondiaux se doublent désormais de questions nouvelles sur l’impact à long terme de la crise : impact sur notre appareil productif, sur nos emplois et sur notre capacité à innover. Aucune de ces questions n’est spécifique à la France. Elles trouvent cependant un écho particulier dans un pays soucieux de maintenir son rang de cinquième économie mondiale, qui cherche à préserver un modèle social construit pendant une période de forte croissance et dont les passifs accumulés (dette publique et engagements sociaux) ne seront honorés que s’il parvient à la fois à mettre en oeuvre un effort budgétaire sans précédent et à infléchir à la hausse sa croissance. Bref, la France a plus que tout autre pays besoin de croissance.

Offrir un éclairage sur la croissance potentielle est indispensable pour la conduite de la politique économique. Qu’on en juge par ces trois exemples concrets :

• la réforme des retraites. Le débat préalable au rendez-vous de 2010 n’aurait pu avoir lieu sans l’exercice de projection de la situation financière des régimes auquel s’est livré en avril le Conseil d’orientation des retraites (COR) sur la base d’hypothèses de croissance proposées par la Direction générale du Trésor. Selon le COR, un glissement du taux de croissance potentielle en 2050 de 1,9 % à 1,6 %, pour un même niveau du taux de chômage de 4,5 % et à perspectives démographiques inchangées, ferait passer le déficit annuel des principaux régimes de retraite de 72 à 103 milliards d’euros de 2008 à cet horizon, soit de 1,7 à 2,6 points de PIB ; • les finances publiques. Chaque année, l’effort de maîtrise de nos finances publiques est apprécié à l’aune de l’effort structurel (c’est-à-dire corrigé des effets mécaniques de la conjoncture) de réduction de notre déficit public. Calculer cet effort ne serait pas possible sans formuler des hypothèses sur notre PIB potentiel ; • la gouvernance mondiale. En 2010, la Chine est devenue le troisième actionnaire du Fonds monétaire international, sur la base notamment de son PIB mesuré en parité de pouvoir d’achat. La France est désormais le cinquième actionnaire du FMI, à égalité avec le Royaume-Uni. Quelle sera notre taille économique relative en 2030, et donc notre poids dans la gouvernance économique mondiale ?

La croissance française devra changer de nature pour être soutenable. Comme le notait le regretté Tommaso Padoa-Schioppa, « chacun se fixe pour objectif de retrouver la croissance d’avant la crise, sans se souvenir que c’est cette croissance même qui a conduit à la crise ». C’est l’objectif des réformes insufflées par le G20 en matière de régulation financière et de gouvernance mondiale ; c’est aussi l’objectif du Grenelle de l’environnement et des mutations en cours des modèles de production et de consommation. Les contours de ces « nouveaux modèles de croissance » ont été explorés par le rapport du groupe de travail du Centre d’analyse stratégique qu’a présidé Daniel Cohen sur la sortie de crise (*). Mais la croissance devra aussi être plus élevée : s’il est une option que ce rapport ne retient pas, c’est celle du renoncement à la croissance.

(*) Centre d’analyse stratégique (2009), Sortie de crise : vers l’émergence de nouveaux modèles de croissance ?, rapport du groupe de travail présidé par Daniel Cohen, Paris, La Documentation française ; www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Cohen.pdf

Pour éclairer les termes de ce débat et mieux comprendre les mécanismes par lesquels se forme la croissance, il nous a semblé indispensable d’approfondir l’analyse des déterminants de la croissance potentielle de la France. Les options de politique économique joueront un rôle décisif sur cette trajectoire, comme le soulignent nombre de travaux : on peut citer sur la période la plus récente les rapports de Michel Camdessus (2005), de Philippe Aghion, Gilbert Cette, Élie Cohen et Jean Pisani-Ferry (2007) et ceux de la commission pour la libération de la croissance française que présida Jacques Attali en 2007 puis en 2010. On peut également mentionner, au plan international, les travaux très complets de la commission sur la croissance et le développement présidée par Michael Spence (2010).

L’exercice auquel nous nous sommes livrés consiste à détailler, dans un esprit analytique et sur la base d’un diagnostic partagé par le plus grand nombre au sein de la communauté des économistes, les mécanismes économiques par lesquels la croissance potentielle de la France a pu être durablement affectée par la crise ainsi que ceux par lesquels elle pourra rebondir. Cette dimension prospective est illustrée par des scénarios pour la croissance française à l’horizon 2030, que nous avons voulus en nombre limité pour bien mettre l’accent sur la nature très contrastée des trajectoires économiques possibles et sur l’importance des choix qui sont faits aujourd’hui. C’est en cela que nous entendons être utiles aux décideurs de politique économique.

On peut ironiser sur la fiabilité, voire sur la pertinence d’un exercice de projection à l’horizon 2030. La gravité de la crise incite à une grande prudence méthodologique, pour des raisons multiples que le rapport explicite : les crises financières ont en moyenne des conséquences plus fortes et plus durables que celles d’autre nature ; le caractère global de la crise pourrait renforcer ses effets ; enfin, les tendances d’avant la crise ne décrivaient pas forcément des trajectoires de croissance équilibrée. Par ailleurs, des mutations inédites comme la transition vers une économie verte se prêtent difficilement à l’extrapolation des tendances passées. Mais l’exercice n’en est pas moins indispensable.

Notons bien qu’il s’agit d’une projection et non d’une prévision. La trajectoire de croissance de la France dépendra in fine des chocs que subira notre économie, des politiques qui seront mises en oeuvre par les gouvernements et, finalement, des décisions des entreprises et des ménages français. Mais la conviction des économistes, que nous partageons, est que les mécanismes sous-jacents, en particulier ceux de l’accumulation du capital productif et du capital humain, seront toujours les mêmes et éclairent utilement les conséquences à long terme de nos choix.

Ce sont ces enjeux de stratégie publique que ce rapport permet d’éclairer. Nous remercions chaleureusement les membres du groupe de travail qui s’est réuni entre mai et décembre 2010. Ce rapport ne les engage pas mais il doit beaucoup à leurs analyses et à leurs contributions. Nous remercions également les équipes du Centre d’analyse stratégique et de la Direction générale du Trésor, en particulier les deux rapporteurs, Amélie Pichon et Clément Schaff.

Vincent Chriqui et Benoît Coeuré, avril 2011


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Mis en ligne le 10/04/2012