Indice de développement humain Rapport 2010

Extrait: l'introduction du rapport par Helen Clark administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement

En 1990, le PNUD publia son premier Rapport sur le développement humain, avec son indice de développement humain (IDH) nouvellement conçu. Le postulat de départ de l’IDH, alors considéré comme radical, était élégamment simple : le développement national ne devait pas être mesuré sur la base du seul revenu national, conformément à l’usage en cours jusqu’alors, mais aussi sur celle de l’espérance de vie et de l’alphabétisation, pour lesquelles des données comparables étaient disponibles pour la plupart des pays.

Le nouvel IDH présentait un certain nombre de points faibles, que les auteurs du Rapport reconnurent sans détour, notamment sa dépendance vis-à-vis de moyennes nationales, sans égard pour toute considération distributive, et une absence de « mesure quantitative de la liberté humaine ». Cependant, il avança avec succès la thèse centrale du Rapport, énoncée succinctement dans sa phrase d’ouverture: « Les personnes sont la vraie richesse d’une nation. » Vingt ans plus tard, la brillance conceptuelle et la pertinence de ce paradigme original du développement humain restent incontestables. Il est maintenant presque universellement admis que le succès d’un pays ou le bien-être d’un individu ne peut être mesuré strictement en termes monétaires. Le revenu est bien entendu crucial : sans ressources, tout progrès est difficile.

Mais il est également essentiel de savoir si les gens ont la chance de vivre une vie longue et en bonne santé, s’ils ont ou non accès à une éducation et s’ils sont libres d’utiliser leurs connaissances et leurs talents pour façonner leurs propres destinées.

Telle était la vision originale et telle demeure la réussite considérable des créateurs des Rapports sur le développement humain, le Pakistanais Mahbub ul Haq et son ami proche et collaborateur, l’Indien Amartya Sen, travaillant avec d’autres penseurs majeurs du développement. Leur concept a non seulement guidé 20 ans de Rapports sur le développement humain, mais également plus de 600 Rapports sur le développement humain nationaux – préparés, rédigés et publiés dans leurs pays respectifs – ainsi que les nombreux rapports provocateurs couvrant les diverses régions du monde avec l’appui des bureaux régionaux du PNUD.

Plus encore, l’approche du développement humain a marqué d’une empreinte profonde une génération entière de décideurs et de spécialistes du développement de par le monde – y compris des milliers au sein même du PNUD et dans le système des Nations Unies.

Le 20e anniversaire du Rapport offre la possibilité de réexaminer les avancées et les défis du développement humain de manière systématique à l’échelle mondiale et nationale – une entreprise qui n’a pas été menée depuis le premier Rapport – et d’analyser leurs implications pour les politiques de développement et pour les orientations futures de la recherche. Sur un point crucial, la preuve a été apportée de façon claire et convaincante : les pays peuvent faire beaucoup pour améliorer la qualité de vie des gens, et ce même dans des circonstances défavorables. De nombreux pays ont enregistré des gains importants en ce qui concerne la santé et l’éducation en dépit d’une croissance modeste du revenu, tandis que d’autres, affichant pourtant automatiques, ils requièrent une volonté politique, une direction courageuse et un engagement continu de la communauté internationale.

Les données des 40 dernières années révèlent également une énorme diversité de chemins menant au développement humain : il n’existe ni modèle unique ni prescriptions uniformes garantissant le succès.

Ce Rapport rend compte des progrès significatifs accomplis par la majorité des pays dans la plupart des domaines, les pays les plus pauvres affichant souvent les gains les plus importants. Si cette dernière observation ne surprendra peut-être pas les statisticiens, l’hypothèse selon laquelle les nations aux revenus les plus faibles progresseraient nettement sur la voie du développement était loin de faire l’unanimité voilà maintenant quatre décennies ; c’est pourtant ce que révèlent les chiffres en matière d’éducation, de santé et (dans une moindre mesure) de croissance économique.

Toutes les tendances ne sont pas positives, comme nous ne le savons que trop. Malheureusement, plusieurs pays ont vu leur IDH régresser en valeur absolue depuis le Rapport de 1990. Ces pays témoignent de l’impact dévastateur des conflits, de l’épidémie de SIDA et de la mauvaise gestion économique et politique. La plupart d’entre eux ont fait l’expérience de plusieurs, voire de l’ensemble de ces facteurs.

J’applaudis tout particulièrement la perpétuation de la tradition d’innovation en matière de mesure incarnée par le Rapport sur le développement humain. Trois nouvelles mesures – rendant compte de l’inégalité multidimensionnelle, des disparités de genre et des déprivations extrêmes – sont introduites dans le Rapport de cette année. L’IDH ajusté aux inégalités, l’indice d’inégalité de genre, et l’indice de pauvreté multidimensionnelle, s’appuyant sur des innovations sur le terrain, des avancées théoriques et une amélioration des données, sont appliqués pour la plupart des pays du monde et offrent des perspectives nouvelles très importantes.

Ces nouveaux outils de mesure renforcent la validité, jamais remise en cause, de la vision originale du développement humain. Les futurs Rapports devront confronter des problèmes encore plus ardus, notamment les questions de plus en plus centrales relatives à la soutenabilité, ainsi que les inégalités et la notion d’autonomisation au sens large. Nombre des défis analytiques et statistiques identifiés dans le Rapport original de 1990 se posent encore à nous.

Si le PNUD peut tirer une fierté légitime du soutien qu’il a apporté tout au long des deux décennies passées à ce Rapport intellectuellement indépendant et novateur, il convient de souligner que les Rapports sur le développement humain ne sont pas un produit portant la seule griffe du PNUD. Les Rapports s’appuient dans une large mesure sur les connaissances et les perspectives d’autres agences soeurs des Nations Unies, des gouvernements nationaux et de centaines d’experts à travers le monde, dans un esprit de collaboration dont nous demeurons particulièrement reconnaissants. Comme cette édition du 20e anniversaire en fait l’éclatante démonstration, les valeurs et les conclusions des Rapports sur le développement humain devront continuer à guider notre action au cours des 20 prochaines années – et au delà.


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Mis à jour le 11/10/2016 pratclif.com