Economie: de l'état de la France
et de l'impérieuse nécessité de changements et de réformes.


Introduction

Tous les domaines des connaissances humaines, toutes les sciences, toutes les techniques, tous les arts, sont des representations de ce que nous voyons, percevons et comprenons du monde visible, ce que nous qualifions de monde réel ou réalité. Nous percevons ce monde en notre for intérieur, avec nos cinq sens, en premier lieu la vision, et notre cerveau en crée des représentations. Nous exprimons ces representations par nos actions et nous les partageons avec nos congénères par le langage et sa matérialisation codée qu'est l'écriture. Nous expliquons, interprétons et modélisons collectivement ces représentations et nous utilisons ces modèles pour conduire nos actions individuelles et collectives, c'est à dire pour réaliser des objectifs et des projets qui affectent le monde et notre environnement.

Nos représentations du monde réel et tout le savoir humain qui en résulte, s'accumulent et se transmettent entre les individus d'une même génération, et de générations en générations successives; ce processus se déroule depuis que l'homme existe en tant qu'espèce doté de caractères propres qui lui ont conféré des avantages et une suprématie sur toutes les autres espèces du règne animal: bipèdie et station verticale, mains libres, cinq doigts dont le pouce est opposable aux quatre autres, cinq sens que sont la vision et l'ouïe stéréoscopiques, l'odorat, le goût et le toucher, et plus encore, le cerveau et son aptitude au langage complexe. Nous sommes le résultat de 2-3 millions d'années d'évolution jouant sur des millions de générations successives par les processus de la sélection naturelle et de la sélection sexuelle. Mais avec le développement de notre cerveau et du langage, nous avons mis en route un processus d'évolution culturelle de transmission de savoir de cerveau à cerveau; ce processus d'évolution culturelle est infiniment plus rapide que l'évolution génétique par sélection naturelle. Ce processus d'évolution culturelle s'auto entretient et s'accélère de plus en plus, comme en témoignent le niveau des sciences et des techniques de ce début de XXIème siècle, mais aussi l'explosion démographique, et les conséquences de l'activité humaine sur l'environnement, la crainte d'un changement climatique qui ramènerait l'humanité des milliers d'années en arrière, l'explosion des villes de dizaines de millions d'habitants, l'organisation sociale et économique de plus en plus complexe de millions d'individus à l'échelle des nations et de milliards d'individus à l'échelle la planète toute entière.

Les modèles que les scientifiques formulent pour expliquer les phénomènes et les lois de la nature, tentent de simuler et de modéliser le monde tel qu'il est réellement afin d'en prévoir l'évolution et le comportement, et ainsi agir sur le monde tel que nous pensons qu'il est. Tout les modèles ou paradigmes que sont nos représentations du monde, comportent toujours une ou plusieurs hypothèses concernant des aspects ou des données que nous ignorons. Ces hypothèses peuvent être levées, confirmées ou remises en question, lorsque des données et des observations nouvelles concernant ces aspects non connus apparaissent. A un moment donné de nos connaissances, un modèle explique donc rationellement, ce que nous percevons, et emporte l'adhésion du plus grand nombre. Dès lors que l'explication est mise en défaut parce que l'utilisation du modèle ne cadre pas avec la réalité, cela signifie que les hypothèses sont fausses, qu'elle doivent être remises en question et avec elles le modèle lui-même. Voir un exemple.

De la science économique

Il en va de l'économie comme de tous les domaines de la connaissance. La science économique est l'explication et la modélisation des processus de création de richesses, de leur distribution, des modes de transaction. C'est Adam Smith qui fut le premier à donner une explication des phénomènes économiques dans "An inquiry into the nature and causes of the wealth of nations".

Quel est l'état de la France en 2006: ce que l'on observe, ce que l'on lit dans les quotidiens ou les hebdomadaires, ou ce qu'on entend à la radio et à la télévision.

Qu'observe-t-on avec nos yeux et ceux des média aujourd'hui en France.

  1. Il y a persistance d'un niveau de chômage élevé: beaucoup de chômeurs et de personnes en situation précaire, c'est à dire de sous emploi et qui voudraient travailler plus.
  2. Il y a de plus en plus de SDF (sans domicile fixe), de plus en plus de mendiants dans les rues, notamment dans les transports publics parisiens (RER, Métro);
  3. Il y a de plus en plus de personnes mal logées ou qui ne peuvent payer le prix des logements.
  4. Il y a de plus en plus de jeunes au chômage, la plupart issus de l'immigration, dans des quartiers défavorisés des agglomérations urbaines (défavorisés par la faible qualité et la dégradation de l'habitat, le manque de commerces, d'activités économiques et d'opportunités d'emplois), où règne l'incivilité voire la délinquance et l'insécurité, les dealers et la drogue;
  5. les jeunes ont de plus en plus de mal à trouver un emploi à la sortie de leur formation; ils enchaînent stages puis contrats à durée déterminée, souvent pendant plusieurs années, et ils sont obligés de résider chez leurs parents.
  6. Il y a de plus en plus de personnes âgées de plus de 55 ans qui se retrouvent au chômage pour le reste de leur vie active jusqu'à l'âge légal de partir en retraite.
  7. Il y a de plus en plus de bénéficiaires de régimes de solidarité, RMIstes, contrats emploi solidarité, qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. 1.1 million de bénéficiaires du RMI début mars 2006.
  8. A l'opposé, il y a tous ceux qui ont un emploi, qui perçoivent des revenus réguliers, et qui peuvent ainsi consommer les biens et les services que l'économie produit, mais dont le pouvoir d'achat ne cesse de diminuer et qui doivent travailler à deux pour avoir des revenus corrects.

On n'en finirait pas d'énumérer tous les disfonctionnements du système économique. Voilà ce qu'on observe, si l'on veut bien ouvrir les yeux.

Par quels paradigmes explique-t-on ces observations

Il faut d'abord exprimer ces observations sous forme de données quantitatives incontestables; c'est l'objet de l'Institut National de la statistique et des études économiques (INSEE).Cet institution met au point des indicateurs officiels permettant de suivre l'évolution de la situation économique et les communique aux organismes internationaux comme l'OCDE, la Banque Mondiale. Ces institutions internationales interprètent les données et les comparent à celles d'autres pays.

Concernant le point 1, persistance d'un chômage élevé,

voici la statistique de l'INSEE.

On voit que le chômage atteint bon an mal an 10% de la population en âge de travailler (15-64 ans). Les femmes sont plus touchées que les hommes. Les jeunes 15-24 ans femmes et hommes sont les plus touchés (soit 20-28%) et les 50-64 ans femmes et hommes (8% en moyenne). Mais ce dernier indicateur doit être nuancé car si on prend en compte les chômeurs de la tranche d'âge de 55-64 ans on a alors un taux de chômage beaucoup plus élevé des séniors.

Cette situation de chômage persistant de l'odre de 10% démontre que la France ne parvient pas à mettre fin aux inégalités face à l'emploi, dont demeure exclue une trop large part de notre population. Notre niveau de chômage qui perdure depuis vingt ans aux alentours de 10%, est une tare inacceptable à laquelle nous donnons parfois l'impression de nous résigner. Les jeunes et les séniors sont largement exclus du marché du travail.

La France souffre d'un fort déficit d'emploi des jeunes entre 16 et 25 ans: leur taux d'emploi est d'environ 24% contre une moyenne de 44% pour les pays de l'OCDE. Certes, ce phénomène est peut-être lié à la durée des études en France, et surtout au fait que rares sont les étudiants qui simultanément participent à la vie active comme dans d'autres pays. Mais même en enlevant la population étudiante, le taux d'emploi demeure faible et le taux de chômage élevé.

Le constat est encore plus frappant pour les «séniors» 55-64 ans . Si le taux de chômage des 50-64 ans n'est pas particulièrement élevé (8-10%) revoir la statistique de l'INSEE, juste supérieur à celui des hommes âgés de 25 à 54 ans. Mais, compte tenu des dispositifs mis en oeuvre dans les années 1980 et 1990 pour inciter les «séniors» 55-64 ans à partir en retraite anticipée, ce taux de chômage n'est pas lié à des difficultés d'insertion professionnelle. Ainsi, en 2002, seulement 34% des 55-64 ans avaient un emploi en France contre près de 50% pour la moyenne de l'OCDE.

Cette situation aux deux extrêmes de la vie active 15-25 ans et 55-64 ans constitue le symptôme le plus criant du chômage. Plus grave encore est la persistance du chômage dans certaines couches sociales de la population. Pour beaucoup d'hommes et de femmes nous en sommes aujourd'hui à la deuxième voire la troisième génération de chômeurs. Il n'est pas de mots pour dire les ravages humains et sociaux qui en résultent.

Concernant le point 2, aggravation des inégalités et de la pauvreté

voir la statistique de l'INSEE.

Et lire des articles du Figaro Magazine du 28 avril 2006


Mis à jour le 18/02/2006 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr)