Michel Rocard juge le projet socialiste pour 2007 trop cher


L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard juge le projet socialiste "beaucoup trop cher",
et dénonce la méthode qui a présidé à son élaboration et relève selon lui de la "bêtise sympathique".

L'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard juge le projet socialiste "beaucoup trop cher", et dénonce la méthode qui a présidé à son élaboration et relève selon lui de la "bêtise sympathique".

Dans une interview publiée par le Journal du Dimanche, il dénonce aussi, sans nommer Ségolène Royal, la bulle médiatique qui fait aujourd'hui de la présidente du Poitou-Charentes la candidate favorite de l'opinion, à gauche, pour l'élection présidentielle de 2007.

Pour Michel Rocard, le projet socialiste, fruit d'une synthèse laborieuse entre les différents courants du PS, n'est pas à la hauteur des défis posés, selon lui, par le capitalisme financier - volatilité des marchés, valse des taux de changes, multiplication des OPA, destructions d'emplois ... "Je ne suis même pas sûr qu'il les évoque", déclare-t-il. "Mais j'avais compris que tout était foutu dès lors que François Hollande (premier secrétaire du PS) avait décidé la règle de l'unanimité, c'est-à-dire la synthèse, une bêtise sympathique mais qui a engendré la confusion." "Ce projet nous isole de nos alliés sociaux-démocrates européens, interloqués, et nous ridiculise un peu. Sans compter qu'il est beaucoup trop cher alors que nous aurons à désendetter l'Etat", ajoute-t-il. Le PS évalue officiellement le coût de son projet à un peu plus de 30 milliards d'euros. L'UMP affirme pour sa part que les mesures proposées par le PS représentent in fine 115 milliards de dépenses publiques supplémentaires.

Michel Rocard, qui souhaite notamment un retour à des taux de change fixes et une réhabilitation des politiques publiques en matière d'emploi et d'infrastructures, s'en prend d'autre part aux médias, qu'il juge responsables du phénomène Royal. Pour l'ancien Premier ministre, le fait que la campagne présidentielle de 2007 ait commencé si tôt "est une catastrophe et un vrai danger pour la France". "Il est trop tard pour arrêter la course mais nous sommes fous de nous être ainsi laissé embarquer par les médias, qui nous ont imposé leur calendrier et leurs critères de sélection, d'où sont exclues évidemment l'expérience et la compétence." "Or, comment confier un trente tonnes bourré d'explosifs à des gens qui n'ont jamais conduit de poids lourds ? Les médias tuent la politique", ajoute-t-il.

Pour Michel Rocard, "il est temps, pour calmer le jeu, de trouver un autre système que le suffrage universel direct" pour élire le président de la République : "Ou bien on ne lui laisse que des pouvoirs symboliques, ou bien on le fait élire par le Parlement."

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Mis en ligne le 16 juillet 2006 par Pierre Ratcliffe Contact: (pratclif@free.fr)    site web: http://pratclif.free.fr