France 2008: un peu d'histoire

Un peuple, une nation c'est comme un cerveau humain. Un cerveau humain c'est 200 milliards de neurones, chacun comprenant des milliers de dendrites, et tout ça relié et interagissant ensemble pour former le plus complexe des organes connus dans la nature, résultat de la sélection naturelle qui s'est opérée sur nos ancêtres pendant des millions d'années et de générations successives. Chacun des 6.5 milliards d'homo sapiens qui peuplent la planète entière aujourd'hui (2005) est doté de ce cerveau par lequel, individuellement d'abord, nous percevons le monde, nous nous déplaçons, nous agissons sur notre environnement pour le maîtriser, et grâce auquel nous communiquons avec nos semblables par la parole et le langage.

L'activité de ces millions de milliards de connexions entre les neurones et les dendrites de notre cerveau, constitue ce qu'on appelle notre "conscience individuelle". Puis collectivement, par la parole, le langage et son codage qu'est l'écriture, nous échangeons tout au long de notre vie, toutes les perceptions et toutes les représentations de nos cerveaux. Ce processus s'est déroulé de générations en générations depuis que homo sapiens existe, s'accumulant pour constituer le savoir humain, au niveau de collectivités restreintes et géographiquement séparées d'abord, puis de nations, et aujourd'hui de la planète toute entière. Résultat de l'évolution culturelle qui s'est déroulée au cours de dizaines de milliers d'années, nos nations et l'humanité toute entière sont devenues ce qu'elles sont aujourd'hui et l'activité de tous les cerveaux communiquant par le même langage, au sein d'une même communauté culturelle, constitue la "conscience collective". Comme le processus commence à s'étendre sur la planète entière, à cause des progrès techniques fulgurants des dernières décennies, on voit naître une "conscience collective planétaire".

Cette conscience collective varie d'une nation à l'autre selon le développement et l'histoire de chacune d'elles. Certaines d'entre elles ont communiqué et échangé des éléments de leurs cultures respectives. Soit parce que ces nations ont partagé une histoire commune, comme les nations européennes issues de la Grèce et de Rome, puis de la Chrétienté. Soit parce que ces nations, d'abord séparées géographiquement, se sont rencontrées plus récemment comme l'Europe avec la Chine et le Japon ou avec l'Australie et les Amériques du Nord et du Sud. Plus loin dans le passé, les hommes partagent des origines communes qui commencent seulement à être élucidées, ce que suggère l'origine commune de la plupart des langues européennes à savoir un proto-langage, l'indo-européen. Mais plus loin encore en remontant le temps, l'anthropologie et les découvertes scientifiques récentes en matière de biologie moléculaire appliquée à la génétique des populations; ces dernières suggèrent que tous les hommes modernes sont issus d'un petit groupe d'homo sapiens qui aurait peuplé l'Afrique de l'Est il y a 200 000 ans et que tous les hommes non africains d'aujourd'hui descendraient d'un petit groupe de ces homo sapiens qui serait sorti d'Afrique par le détroit de Bab el Mandab il y a 60 000-80 000 ans.

Au cours  de son histoire, la France a eu beaucoup de mal à assimiler dans sa culture collective, la révolution de 1789. Tout le 19ème siècle a connu des troubles et conflits sociaux où le pays alternait entre retour au régime monarchique et autoritaire des classes privilégiées et la progression vers les objectifs idéologiques de la révolution.

L'histoire de la France est profondément marquée par son insertion dans l'Europe, en continuité avec toute l'histoire antérieure de notre continent, jonchée de conflits d'intérêts et de guerres incessantes avec tantôt, l'Angleterre, l'Autriche, l'Espagne, les Pays Bas, les pays scandinaves, la Russie, les principautés d'Italie et d'Allemagne, sans oublier la papauté et les guerres de religion intérieures de chaque pays d'Europe.

Spécifiquement française, la révolution de 1789 issue du siècle des lumières, fut une tendance de fond pour tous les pays Européens où, au 19ème siècle, se développèrent des aspirations à la libération des peuples vis à vis des pouvoirs monarchiques et autoritaires qu'exerçaient un petit nombre de classes privilégiées, aspirations semblables aux mouvements qui avaient conduit à la révolution française.

Dans son histoire plus récente, la France fut confrontée dramatiquement par trois fois, seule en 1870, et au sein d'une coalition avec l'Angleterre et les États-unis en 1914 et en 1939, à la compétition économique et politique de l'Allemagne. Cette compétition s'exerçait à la fois en Europe et dans le monde entier par la colonisation de territoires lointains, en Afrique et en Asie.

La colonisation toucha toute l'Europe du milieu du 19ème siècle jusqu'au milieu du 20ème siècle. Commencée par les vénitiens et les génois au milieu du 15ème siècle, elle fut le résultat de la prise de Constantinople par les Turcs et la montée en puissance de l'Islam, puis de la fermeture des voies commerciales traditionnelles par lesquelles, depuis des siècles, les produits de luxe à grande valeur (épices, soieries, or) s'échangeaient avec le Moyen orient, l'Asie centrale et la Chine.

Voulant trouver d'autres voies de communication avec ces contrées lointaines dont ils dépendaient pour des produits de luxe, les Européens contournèrent les côtes occidentales de l'Afrique, remontèrent les côtes orientales et parvinrent en Arabie, en Inde, et en Indonésie appelées alors les îles de la Sonde, puis en Chine et au Japon. Les Portugais furent les pionniers de la découverte de cette voie ce qui leur prit près de 100 ans. Ils établirent divers comptoirs tout le long du parcours: les Açores et les îles du Cap Vert, Lagos au Nigéria, Sao Tomé dans le golf de Guinée, Luanda en Angola, Capetown en Afrique du Sud,  Maputo au Mozambique (ex. Lorenzo Marques). Rencontrant les Arabes d'Oman à partir de Zanzibar, ils continuèrent leur périple, à la faveur des vents de mousson, jusqu'en Inde. Ils furent suivis par les hollandais (royaume des pays bas). Voir le site sur les expéditions portugaises et hollandaises.

De leur côté, les Espagnols plus hardis à s'éloigner longtemps des côtes, découvrirent les Amériques. En moins de 50 ans ces deux continents furent occupés par les Européens: Portugais au Brésil, Espagnols en Amérique du sud et du nord, France au Canada, Angleterre et France en Amérique du Nord. Sur les routes de l'Afrique ouvertes par les Portugais, les Pays-Bas prirent la suite au 17ème siècle avec l'occupation de l'Afrique du Sud et des îles de la Sonde. Les Hollandais furent suivis dans ces régions par les Anglais (Inde, Birmanie, Hong-Kong) puis par la France (Indochine). La Chine vieille civilisation résista au processus, non sans qu'Anglais et Français aient tenté plusieurs fois au début et au milieu du 19ème siècle de les contraindre à ouvrir leur pays aux échanges commerciaux.

Le processus d'expansion propre aux peuples d'Europe occidentale commença avec la construction de bateaux adaptés à la navigation dans l'océan atlantique, puis les instruments de navigation boussole et horloge, tandis que les scientifiques mettaient au point les techniques de repérage sur le globe terrestre, ce qui allait de pair avec l'observation et la prévision du mouvement des astres et des planètes (Kepler, Copernic, Newton). Toute ceci nécessitait des ressources naturelles, principalement le bois, mais peu à peu le progrès appelant le progrès, des métaux comme le fer, le cuivre et leurs alliages mis au point à l'occasion, et pour lesquels on utilisa d'abord le bois transformé en charbon de bois (pour atteindre les hautes températures requises par la fusion des métaux à l'état liquide), puis le charbon et sa transformation en coke. Ce processus, les inventions scientifiques et techniques et les progrès qu'elles permettaient, se répandirent rapidement dans tous les pays d'Europe occidentale proches les uns des autres et initiaient l'industrialisation du continent. Voir ici sur la révolution industrielle. Mais chacun ne disposant que d'une partie des ressources nécessaires, disponibles sur son propre sol, on en vint rapidement à développer les échanges commerciaux entre pays. Le bois d'abord pour la construction des bateaux et l'énergie, et ensuite les métaux principalement le fer, le cuivre, le plomb, et aussi les métaux précieux l'or l'argent... Voulant disposer de ressources propres, on en vint rapidement à l'appropriation par la force de ressources supplémentaires disponibles dans des pays découverts, puis conquis, et ensuite appelées colonies. Quand les pays n'étaient pas colonisés, les pays européens leur imposaient de signer des traités commerciaux largement favorables aux occidentaux. Ce fut notamment le cas au Japon et en Chine.

Le Japon resté archaïque jusqu'à la fin du 18è siècle, prit le mode occidental au cours du 19è et une position hégémonique dans l'extrême orient. Voir sur ce point l'histoire du Japon (époque Meiji).

Pendant ce temps, après la prise de Constantinople, les Turcs prirent une position hégémonique. Cette position hégémonique dura 400 ans, donc jusqu'au début du 20ème siècle. Leur hégémonie s'effondra lors de la première guerre mondiale. Leur empire était déjà affecté par des troubles sociaux et par l'archaïsme de leur système politique, économique et social. Après la première guerre mondiale, l'empire turc fut démantelé et ses zones d'influence furent partagés entre les Anglais et les Français.

Sur le continent de l'Afrique dont les ressources étaient considérées comme immenses et inépuisables, les nations Européennes se partagèrent le continent au traité de Berlin en 1885, poussés par la montée de la puissance allemande en Europe. Les pays arrivés les premiers comme les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, les Anglais et les Français, durent concéder des zones d'influence à l'Allemagne (Tanganyika, Cameroun, Namibie...) et les petits pays comme l'Italie et la Belgique eurent aussi leur part, le premier avec la Somalie, la Tunisie et la Libye, le second avec l'immensité du Congo. Chaque pays européen avait donc négocié sa part de gâteau et l'Afrique fut morcelée entre l'Angleterre, la France, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne, l'Italie et la Belgique. Le paradigme de l'époque était d'utiliser les immenses ressources en matières premières de l'Afrique pour assurer la poursuite du développement des nations d'Europe occidentale, et ce faisant faire partager au reste du monde le bien être qui en résulterait.

Le processus de la colonisation résultait ainsi du développement scientifique, technique et culturel accéléré de l'Europe par rapport aux autres régions de la planète, après la prise de Constantinople par les Turcs et la recherche d'autres voies de communication, avec l'invention et la diffusion des nouvelles technologies aux 17ème 18ème et 19èmè siècles, l'évolution des cultures (musique, peinture, arts, ...), la production de masse permise par toutes ces découvertes et innovations, les moyens de transport et de communication, puis les progrès de la médecine, le tout servi par une idéologie religieuse catholique et protestante selon le pays colonisateur, pour légitimer l'entreprise. On peut sans doute voir dans ce processus de développement, l'explication de l'hégémonie scientifique, technique et industrielle de l'Europe occidentale et de ses extensions actuelles, séquelles de la colonisation, que sont les États-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle Zélande.

La colonisation était animée par les oligarchies au pouvoir, qui surent mobiliser les pionniers et les émigrants hommes et femmes, les fermiers, les artisans et les commerçants, les ingénieurs et les techniciens, les médecins et aussi les missionnaires. Ils prétendaient apporter à ces régions lointaines, qui paraissaient si en retard par rapport à l'Europe, et malgré le caractère idyllique de leur environnement naturel, les bienfaits du développement et du bien être économique, des soins et des progrès médicaux, lesquels semblaient réussir si bien aux Européens.

Mais au delà des idéologies, le processus avait pour objet l'appropriation de ressources en matières premières agricoles et minières, plus faciles d'accès, plus abondantes et peu coûteuses en raison des besoins inexistants des populations locales, pour permettre le développement industriel, économique et commercial de l'Europe qui ne cessait de s'accélérer.


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Mis à jour le 08/11/2017 pratclif.com