Crédit illimité; quand l'état se mêle de la monnaie

Il est bon de lire le livre de Murray.N.Rothbard "État qu'as tu fait de notre monnaie?", un traité sur la monnaie, libéral certes (c'est un gros mot en France!), mais qui permet de mieux comprendre comment fonctionnent la monnaie, les banques, les banques centrales... et l'économie.

Ce petit livre de Rothbard sur la monnaie est probablement l’une des meilleures introductions à la théorie et l’histoire monétaire. S’il n’est pas exempt de critiques, il faut surtout souligner ses qualités, au nombre desquelles un style non académique limpide et accessible, une méthodologie et un plan irréprochables, et une très grande densité de connaissances en un petit nombre de pages.

On trouve en section II "l'état se mêle de la monnaie" une explication du fonctionnement du système bancaire, l'inflation du crédit par le multiplicateur bancaire, l'organisation des banques en cartel avec la banque centrale agissant comme "banque des banques", et le système dit des réserves fractionnaires (fractional reserve banking) destiné à limiter les effets d'inflation de la masse monétaire du multiplicateur bancaire.

Traditionnellement, une banque assure l'intermédiation entre une offre d'épargnants en capacité de financement et une demande d'investisseurs en besoin de financement. Mais comme une banque dispose de la capacité d'accorder des crédits demandés, moyennant une garantie de paiement, elle peut aussi monétiser des créances ou des actifs existants. Conçu en comptabilité en partie double - chaque opération a sa contrepartie égale et de signe contraire - le bilan d'un banque comprend des actifs composés principalement par des prêts aux entreprises et aux particuliers (crédits), et un passif composé principalement par les fonds propres, les dépôts des épargnants et les crédits accordés (dettes) [lien].

C'est par le multiplicateur bancaire, que le système bancaire - constitué par l'ensemble des banques commerciales en concurrence - peut créer beaucoup plus de prêts que les fonds propres et les dépôts des épargnants dont les banques disposent individuellement. En effet, quand un client dépose par exemple 100000€ au compte de sa banque, celle-ci, en l'absence de contrainte de régulation, peut prêter 100000€ à un client demandeur dans le cadre d'un contrat fixant taux d'intérêt, durée du prêt, modalités de paiement des intérêts et de remboursement du capital. Les 100000€ déposés apparaissent alors à la fois au passif (dettes) et à l'actif du bilan (crédits). La différence de taux d'intérêt est le revenu de la banque. Notons qu'en France les comptes à vue portent zéro % d'intérêt.

Quand la banque prête 100000€ à ce client elle crédite son compte de ce montant, et le client s'en sert pour règler un(des) achat(s); il remet alors un(des) chèque(s) payable(s) par sa banque à son(ses) vendeur(s), lequel(s) remet(tent) leur(s) cheque(s) à leur banque qui n'est pas forcément la même que celle(s) de leur(s) acheteur(s). Du coup, cette(ces) banque(s) reçoivent des dépôts qu'elles inscrivent à leur passif (dettes) et qu'elles transforment en actifs en les prêtant à nouveau. Le processus de création monétaire par le crédit est ainsi quasiment infini; il n'est limité que par les remboursements qui viennent progressivement réduire la dette jusqu'à extinction, par la nécessité qu'il y ait des emprunteurs solvables désireux d'obtenir des prêts aux conditions du contrat en fonction de leurs capacité financière et de l'évaluation des risques d'insolvabilité des emprunteurs par les banques. Quand une banque fait un prêt, un crédit, ce crédit est une création monétaire qui peut se répèter indéfiniment de banque en banque, gonflant ainsi la masse monétaire et les bilans des banques.

Le système de réserves fractionnaires e le multipicateur de crédit est expliqué ici [lien]

J'ai fait ce billet avec ses liens associés pour tenter de comprendre comment fonctionne le système bancaire, la formation et l'éclatement de bulles; je n'ai sûrement pas tout compris. Si vous pouvez améliorer la compréhension, merci de le faire en commentant.


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Mis en ligne le 31/08/2013