Libéralisme et socialisme
toujours un débat confus

J'ai vu hier soir sur F2 Daniel Cohen nous expliquer à propos de libéralisme que la compétition c'était mauvais pour la société, le bonheur individuel, le travail et son efficacité pour la collectivité. Le journaliste de F2 qui a réalisé ce clip semblait penser que cet interview de Daniel Cohen était une charge contre le libéralisme. On a à peine vu Jean Marc Daniel nous expliquer que la compétition entre individus avait du bon car cela contribuait à ce que la collectivité s'élève. Vieux débat entre libéralisme et collectivisme ou capitalisme et socialisme qui remonte au siècle des lumières en Angleterre et en France déjà opposés sur ce sujet.

Daniel Cohen n'est pas un libéral. Aujourd'hui conseiller économique de François Hollande, hier de Ségolène Royal, membre du CAE Conseil d'analyse économique auprès du premier ministre - institution qui a succédé au commissariat au plan - normalien et professeur d'économie à l'école normale supérieure.... Daniel Cohen est un "Interventionniste"; il fait partie de ceux qui croient en la possibilité d'une troisième voie entre libéralisme et socialisme - la régulation par l'État de la société.

En rechercant des liens sur Daniel Cohen, j'ai trouvé cet article de Logan de février 2010, sur le site d'AgoraVox "Daniel Cohen et la faillite des États ou la faillite des économistes ?" Le titre est significatif "la faillite des États".

Cet article et les très nombreux commentaires de lecteurs est intéressant car il énumère tous les maux et dysfonctionnements observés de notre société; de manière forcément pertinente puisque c'est du ressenti et vécu par chacun. C'est bien entendu au niveau de ce qu'il faudrait faire pour "mieux faire" que les avis peuvent diverger. L'orientation de l'auteur de l'article et de ses commentateurs c'est haro sur le libéralisme et le capitalisme honnis: laisser la BCE financer les déficits des États par la planche à billets (remède socialiste); supprimer la possibilité de crédits excessifs des banques (remède libéral cf. von Mises Human Action chapitre XXXI, 5 Credit expansion).

Je n'entrerai pas dans le débat sur l'article et ses commentaires, me contentant de souligner toute la complexité du sujet - puisqu'il s'agit de relations et d'ordre socials, et d'observer l'inclination anti-libérale, anti-capitaliste et anti-entreprise de son auteur et des commentateurs. Voir mon article sur ce sujet.

Pourtant chacun de nous est un individu libre dans une société encore libre, cad. où les moyens de production sont de propriété privée, une société libérale et capitaliste donc par nature où les individus sont à la fois producteurs et consommateurs de ce qu'ils produisent; où chacun est libre d'acheter ou de ne pas acheter en fonction de l'utilité, de la qualité et du prix des produits et services offerts. NOUS sommes le peuple que les anti-capitalistes invoquent, cad. les gens libres. Nous sommes "libéraux" sans nous en rendre compte car c'est dans la nature humaine de manière génétique et culturelle. Chacun oeuvre pour son intérêt "égoïste" et ce faisant parce qu'il doit tenir compte du même comportement chez les autres, l'aggrégation des actions individuelles conduit au meilleur résultat commun. C'est la thèse de la main invisible que l'on trouve chez les libéraux historiques du siècle des lumières en Angleterre, avec John Locke, David Hume, Thomas Hobbes, et Adam Smith. Celui qui a le mieux exprimé la thèse est Bernard Mandeville, dans "la fable des abeilles". Le libéralisme, liberté des individus, est inscrit dans nos gènes et notre culture, comme la capacité de parole, le langage... la monnaie, l'échange par les prix, le profit, le marché sont des constructions de la nature humaine qui remontent à la nuit des temps et qu'aucun dirigisme d'État n'a réussi à extirper.

L'actualité politique, économique et sociale de ce mois de septembre 2012 est riche en évènements qui invitent à la réflexion. De multiples plans sociaux affectent l'économie française, reflétant la dégradation de la situation économique générale et la croissance du chômage de masse. Je m'intéresse en particulier au cas de PSA.

Le rapport d'Emmanuel Sartorius juge que la restructuration de PSA Peugeot Citroën est inévitable et que le constructeur en crise doit se redresser d'urgence. Le gouvernement et le ministre du redressement productif s'inclinent devant la réalité économique. Pour faire passer la pillule, l'expert pointe les erreurs stratégiques de PSA - trop de dépendance vis à vis de la France et de l'Europe, pas assez d'export... un outil de production sur-dimensionné du fait d’objectifs de fabrication trop ambitieux durant la décennie 2000: PSA visait à l’époque 4 millions de véhicules par an mais n’en a jamais sorti plus de 3,6 millions de ses usines. Selon lui, PSA a raté pendant cette période le virage de la mondialisation, en privilégiant rachats d’actions et distribution de dividendes aux actionnaires et en tardant à s’internationaliser, à l’inverse de ses deux grands concurrents européens, l’allemand Volkswagen et le français Renault. PSA Peugeot Citroën aurait dû mener, «sur l’avenir de ses sites industriels, une réflexion d’ensemble qui laisserait aujourd’hui davantage d’options pour faire face» à ses difficultés, estime M. Sartorius.

L'expert n'évoque pas la crise qui affecte particulièrement les pays du sud de l'Europe; crise qui est le résultat de politiques d'États depuis des décennies, avec du crédit bancaire facile et excessif, produisant des bulles financières comme dans l'immobilier, ou incitant les États à maintenir des déficits budgétaires et à s'endetter. Car ce sont bien les États et les banques qu'ils contrôlent qui ont provoqué la crise. Les bulles éclatent inéluctablement. Et alors tout le monde paie les pots cassés, ménages et entreprises comme PSA et les autres. L'expert n'évoque pas l'interventionnisme de l'État, les salaires minimum fixés à la hausse, les 35 heures, facteurs d'augmentation du coût du travail, auxquels les entreprises ne peuvent s'adapter qu'en augmentant leur production, en baissant leurs coûts d'achats de matières premières et de produits intermédiaires et en réduisant leurs effectifs; et après avoir épuisé ces mesures, si les ventes sont toujours inférieures aux achats par les consommateurs, en cessant tout simplement leur activité de production. D'où le chômage de masse de 10% de la population active.

En réalité, la situation de PSA et le rapport d'Emmanuel Sartorius, démontrent que les gouvernements successifs de la France et la haute administration des fonctionnaires d'État font fausse route en tentant de maintenir l'illusion d'une troisième voie entre libéralisme et socialisme. Il n'y a pas de troisième voie possible; c'est soit tout socialiste (cf. Mélanchon, le FG, le NPA et les adeptes du grand-soir) soit tout libéralisme (cf. ce lien). Mais "socialisme intégral", on a déjà donné, cf. l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste, l'URSS et l'Allemagne de l'Est, les Khmers rouges, la révolution culturelle de Mao, Khadafi, etc. et le peuple cad. les gens libres, n'en veulent pas ou plus.


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Mis en ligne le 12/09/2012