Médiateur de la République rapport 2010
Jean Paul Delevoye
Crée en 1973, l'institution "Médiateur de la République" est devenu un observateur perspicace de l'évolution de la société française. C'est aussi un acteur de propositions. J'extrais les éléments suivants de son éditorial; ils se rattachent en bien des points aux livres de Louis Chauvel "le destin des générations" et "les classes moyennes à la dérive", le livre d'Emmanuel Todd "après la démocratie" et celui d'Hervé Kempf "l'oligarchie" (qui m'a inspiré un article) et "Pour une révolution fiscale" de Thomas Piketty, Camille Landais et Emmanuel Saez.
Le burn out de la société française trahit un besoin
urgent de bâtir de nouvelles espérances à la hauteur des
efforts fournis. La fébrilité du législateur trahit l’illusion
de remplacer par la loi le recul des responsabilités indi-
viduelles et de la morale. Le maintien sous perfusion de
citoyens assistés permet de soulager nos consciences mais
pas de résoudre nos problèmes.
Les enjeux déterminants pour notre avenir ne trouvent
pas de réponse politique à la hauteur. Les débats sont minés
par les discours de posture et les causes à défendre noyées
parmi les calculs électoraux. Or, les ressorts citoyens sont
usés par les comportements politiciens.
Nous ne sommes pas racistes mais réticents à partager
avec ceux qui n’ont rien. Nous sommes pour la mixité
sociale à condition de ne pas être embêtés ou gênés par
nos voisins. Nous sommes pour la gratuité, celle dont on
profite et non celle que l’on finance. Il nous faut retrouver
le combat pour les causes alors que nous pensons tous
à la défense de nos intérêts et à la préservation de notre
confort. Les politiques, aujourd’hui, suivent l’opinion plus
qu’ils ne la guident, tandis que les opinions, soumises aux
émotions plus qu’aux convictions, sont volatiles. Cela me
désole, cela m’inquiète !
Nos sociétés sont régies par trois grands sentiments –
les peurs, les espérances, les humiliations – ; les espérances
actuelles sont creuses et fragiles tandis que les droites gèrent
les peurs, les gauches cultivent les humiliations. Chaque
camp pouvant gagner alternativement dans l’euphorie de la
victoire d’un jour pour une France qui descendra de division
à chaque élection et progressera pas à pas vers les populismes et les extrémismes.
Notre contrat social n’est pas un contrat de services
mais d’engagement. Or, aujourd’hui la citoyenneté
décline des deux côtés : celui qui paie l’impôt a perdu la
dimension citoyenne de l’impôt et, s’il y consent encore,
s’estime néanmoins lésé. De même, celui qui bénéficie de
la solidarité publique a perdu le sens de cette solidarité
et, ne recevant pas assez, se sent humilié.
L’éducation, en échec aujourd’hui sur l’acquisition des
savoirs, l’aptitude au travail et l’éveil à la citoyenneté, inter-
roge notre système administratif global qui échoue sur sa
capacité d’inclusion et devient une machine à exclure.
Lire la suite dans le lien de gauche.... Une émission sur LCP a donné la présentation du rapport de 2010 du médiateur le 23 mars 2011.
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