Retour sur le débat sur le gaz de schiste

L'opposition farouche en France à l'exploration/exploitation des gaz de schistes relève d'une incompréhension des opposants, y compris certains des experts auxquels ils se réfèrent - quelques géologues universitaires notamment - devant la révolution technique dont il s'agit en réalité.

Cette opposition s'explique à mon sens par la référence aux techniques d'exploitation de ressources minières classiques, telles que pratiquées par le passé, notamment en France dans les charbonnages.

Gisements de houille
Les gisements - charbons et lignites - accessibles et exploitables par ces techniques sont des gisements sédimentaires résultant de l'accumulation de déchets organiques morts au cours de millions d'années dans des marécages ou lagunes de grande superficie. Les connaissances relatives à ces gisements relèvent d'un domaine de la géologie la sédimentologie. Les techniques développées pour accéder à ces concentrations de houille et les exploiter, remontent à l'antiquité; elles furent perfectionnées au moyen âge et plus encore durant la révolution industrielle puis après la 2è guerre mondiale avec l'électrification des mines et l'introduction de machines électriques très puissantes. Certaines concentrations de houille sont accessibles depuis la surface jusqu'à une certaine profondeur grâce aux énormes machines de travaux publics développées également après la 2è guerre mondiale.

De tels gisements sont relativement bien distribués sur la surface de la planète avec cependant des concentrations plus ou moins importantes; en Europe, Angleterre, Allemagne, Pologne, Grèce, Bulgarie; États-Unis, Canada, Russie, Chine, Australie, Colombie...

Gisements de pétrole et de gaz
Les gisements de pétrole et de gaz résultent de concentrations dans des réservoirs à la suite de la migration des molécules de liquide et de gaz vers la surface du fait de leur densité plus faible. Les gisements de houille ne connaissent pas de migration, les molécules de matières organiques transformées restent sur place.

Ces gisements de houille, pétrole et gaz, résultent de conditions de dépôt favorables - des concentrations de matières organiques transformées - qui ont permis l'utilisation des techniques disponibles; et les techniques se sont adaptées aux conditions de dépôts. Mais la vie se développe sur la planète depuis plus de 4 milliards d'années. Il existe donc partout des matières organiques mortes qui se sont transformées en solide, liquide et gaz, et ce jusqu'aux profondeurs les plus grandes, c'est à dire des roches recouvertes après l'accumulation de ces dépôts. Il y a toutes raisons de penser que les quantités en question sont absolument énormes comme l'est le développement de la vie végétale et animale sur la planète, terres et océans. Jusqu'à peu de temps, on n'avait jamais pensé que de telles matières organiques pouvaient présenter de l'intérêt, ni être accessibles et exploitées. C'est l'évolution des techniques pétrolières qui a totalement modifié la donne. Ces techniques permettent de creuser des forages très profonds et de les orienter; on a ainsi accès à des roches très profondes qui contiennent des matières organiques décomposées. Et par les techniques de fracturation sous pression élevée on peut rendre ces roches plus ou moins perméables et ainsi créer les conditions de migration des liquides et des gaz pour pouvoir les extraire.

On ne peut pas espérer tout exploiter de ces ressources; la contrainte de coût restera toujours... et les contraintes environnementales sont réelles; il faut que les techniques employées soient sûres. Mais comme toute technique nouvelle, des progrès seront accomplis. Le jeu en vaut la chandelle.

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Mis en ligne le 23/02/2012