Gaz de schiste dans le Var
la mobilisation est relancée

La mobilisation contre le gaz de schiste est relancée dans le Var. Les collectifs anti-gaz de schiste se réunissent et Var Matin en fait naturellement écho. Cela résulte de craintes relatives à l'attribution d'un permis d'exploration sur la concession dite de Brignoles (cliquer sur l'image); cette concession fait l'objet d'une demande N°1585 par la société Shuepbach energy LLC en date du 1/10/2008 en cours d'instruction et aussi d'un permis de recherche pétrolière en cours (3è prolongation) en méditerranée au large de Toulon.

La France est une démocratie d'opinion; mais avant cela elle est une démocratie d'institutions - une constitution qui stipule les règles du vivre ensemble, des lois et règlements etc. Chaque membre de notre société dispose de certains pouvoirs sur les autres qu'il ne peut exercer que dans le cadre de nos institutions. Aucun de ces membres - particuliers, ménages, entreprises, syndicats, associations, communes, départements, régions, ni l'État lui-même, ne peut abuser de ces pouvoirs, imposer ses vues à l'ensemble de la nation et ainsi nuire au bien commun.

Par certains côtés, l'opposition au gaz de schiste dans le Var me rappelle l'opposition aux chemins de fer naguère, au motif que les locomotives dérangeaient les vaches laitières, ou la démolition des machines au motif qu'elles détruisaient les emplois... et bien d'autres combats contre le "progrès" et les techniques nouvelles. L'opposition aux gaz de schiste est une réalité et il faut en tenir compte. Je réagis donc en me référant à la démocratie d'opinion.

Gaz de schiste : une révolution énergétique en marche, mais une menace écologique?

L'exploitation des gaz de schiste nous vient des États-Unis principal pays producteur de pétrole et de gaz pendant des décennies mais dont la production a baissé de manière importante, illustrant la réalité de l'épuisement inéluctable de ressources minières et du peak-oil. Les États-Unis et le Canada sont un continent de 20 millions de km2. En raison de cette superficie énorme, les ressources en charbon, gaz et pétrole y sont abondantes et réparties sur tout le continent. Naturellement ces ressources ont été mises en valeur et exploitées depuis longtemps.

Les ressources de gaz et de pétrole dites conventionnelles résultent de la concentration dans des pièges de l'huile et du gaz qui ont pu migrer, étant plus légères que l'eau. Mais ces ressources ne représentent qu'une toute petite partie des matières organiques transformées par l'enfouissement, la température et la pression; il y en aurait plus de 100 fois plus. La majeure partie des dépôts de matières transformées en molécules organiques de gaz et d'hydrocarbures, est restée prisonnière des roches dans lesquelles elle se sont formées. C'est pourquoi on appelle ces ressources, de façon plus appropriée, GHRM gaz et hydrocarbures de roches mères. Jusqu'ici il n'a jamais été possible ni envisagé de les capter. C'est l'évolution des techniques d'exploration et d'exploitation pétrolière, pour aller toujours plus profond sur terre et off-shore ainsi que pour accroître le pourcentage extrait, qui permet aujourd'hui d'accéder à de telles ressources. C'est aux États-Unis que ces techniques nouvelles ont été mises en oeuvre, dans la continuité de l'exploitation pétrolière et gazière des 60 dernières années sur ce continent.

Le document de synthèse le plus complet sur ces techniques d'extraction de GHRM, leurs incertitudes et leurs risques associés, est le rapport d'étude réalisé pour le ministère de l'environnement et du développement durable MEDDTL "Maîtrise des impacts et risques liés à l'exploitation des hydrocarbures de roches mères". Ce rapport publié en 2011 est la sources de connaissances la plus complète à ce jour de la question (lien). C'est le résultat d'un travail d'une équipe pluridisciplinaire de spécialistes du BRGM (géologie), Institut Français du pétrole énergies nouvelles (techniques pétrolières) et d'INERIS (risques).

Toute technique nouvelle comporte des incertitudes et des risques; incertitudes liées au manque de connaissances scientifiques et techniques et risques de survenance d'accidents plus ou moins graves affectant les populations et l'environnement. Au 21è siècle, il n'est pas acceptable de lancer des technologies de production sans avoir tous éléments de connaissance pour en maîtriser les impacts et les risques; c'est l'objet du "principe de précaution" qui a été inscrit dans notre constitution. Vu les incertitudes et les risques possibles, le législateur en France a interdit la fracturation hydraulique comme technique pour exploiter les GHRM. J'interprête cela comme un moratoire en attendant d'en savoir plus (cf. l'article 4 de la loi LOI n°2011-835 du 13 juillet 2011 - voir plus loin). "Laissons les États-Unis essuyer les plâtres; on s'y mettra un jour si et quand les incertitudes seront levées et les risques mieux connus et maîtrisés." Pas question de renouveler des catastrophes comme Courrières, des maladies comme la silicose ou l'amiante.

La position anti-gaz de schiste dans le Var: associations, collectifs et élus sympathisants

Pourquoi refuser au nom de peurs ou d'idéologie verte, de prospecter à la recherche de gisements possibles et d'étudier les possibilités d'extraction de gaz ou hydrocarbures GHRM? Je recommande de lire dans le rapport précité les chapitres 2, 3 et 4: "Rappel du contexte, Compréhension du milieu géologique et Identification des risques et nuisances (lien).

Il y a dans le document "NonGDS83_diaporama.pdf" du collectif Fréjus St Raphaël, une présentation biaisée de données objectives et une conclusion carrément militante des opposants. Le biais est dans l'utilisation de cartes thématiques référentielles qui n'ont pas de cohérence d'ensemble ni prise en compte de tous les éléments du sujet. En voici des exemples (extraits de la présentation). La succession de cartes thématiques sur des bases de données n'est pas correcte.

D'abord les 6785km2 de la concession de Brignoles, de loin la plus grande de toutes en superficie, s'explique par le fait que les probabilités de trouver une ou des zones exploitables, sont plus faibles pour des raisons de géologie générale; la partie Est de la zone est cristalline (Esterel) et métamorphique (Tanneron). Ensuite, le concessionnaire éventuel ne déploiera des machines sur toute la zone; il va étudier la géologie générale, prendre connaissance de tous les référentiels thématiques pour choisir une zone où il estime avoir des chances de trouver une ressource. Il mettra alors en oeuvre des techniques de prospection et ainsi contribuera à accroître les connaissances de notre sous-sol. Il est absurde d'empêcher un demandeur de permis, une société spécialisée, de travailler pour accroître la connaissance du sous-sol. Une concession d'exploration est accordée pour un temps limité - en général 3 ans - pour un programme de travaux de recherches spécifiés. Si le concessionnaire n'a pas trouvé de cible à exploiter, il peut demander la prolongation du permis, laquelle lui est accordé ou non sur la base de l'évaluation de ses travaux et de leurs résultats. En général deux prolongations sont possibles, ce qui correspond à une durée de 9 ans. Quand une cible a été trouvée et que le concessionnaire présente son projet d'exploitation, l'État, en l'occurrence chez nous le MEDDTL l'évalue et accorde un permis d'exploiter assorti de conditions à respecter.

En l'état actuel des choses, concernant des cibles qui seraient des GHRM, il n'est pas possible d'aboutir à un permis d'exploitation puisque la fracturation hydraulique, seule technique disponible actuellement, est interdite en France. La loi n°2011-835 du 13/07/11 interdit l'exploration et l'exploitation des mines d'hydrocarbures liquides ou gazeux par des forages suivis de fracturation hydraulique de la roche. Mais cette loi crée en son article 2, une Commission nationale d’orientation de suivi et d’évaluation des techniques d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures qui a notamment pour objet d’évaluer les risques environnementaux liés aux techniques de fracturation hydraulique et d’émettre un avis public sur les conditions de mise en oeuvre des expérimentations, réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public.

Je comprends que l'attribution d'un permis d'exploration au demandeur, la société Shuepbach energy LLC, pour le périmètre de Brignoles est toujours en cours d'instruction; elle est déposée depuis le 11/10/2008. La pression d'associations anti gaz de schistes et de certains élus pour que l'État n'attribue pas ce permis, me paraît inacceptable. Je dénonce en particulier la position du maire de Tourtour Pierre Jugy, lequel déclare vouloir boycotter l'organisation des bureaux de vote de sa commune si l'État attribuait ce permis. Cela me paraît inacceptable de la part d'un élu, lequel est aussi candidat à l'élection législative de juin dans la 8è circonscription du Var. Je ne voterai pas pour lui!

Voir ici la liste des permis abrogés (3 sur 64) en application de la loi n°2011-835 du 13/07/11; j'en extrais ceci: "Trois permis ont été abrogés; pour les 61 autres permis en cours de validité ou d'instruction, les détenteurs n’ont pas prévu de rechercher des gaz et huiles de schiste ou y ont renoncé pour se limiter à des gisements conventionnels. Tous ont pris l’engagement formel de ne pas recourir à la fracturation hydraulique."

Permis d'exploration en méditerranée au large de Toulon

Je ne commenterai pas ce permis d'exploration d'une zone de 9967km2 réduit de 25000km2 au départ. Cela sort du sujet gaz de schiste. Voir les liens que j'ai consultés. Je note seulement que les recherches pétrolières (pour gaz et huile conventionnels) sont en cours depuis 2002 et n'ont encore rien donné (lien) (expiration octobre 2012). Et le permis de recherche en est à sa 2è prolongation cad. sans doute la dernière . Nos côtes ne sont pas le golfe du Maxique où l'on exploite depuis des décennies. Il me paraît absurde d'empêcher l'État français de faire des recherches sur son territoire (lien). La position des opposants est selon moi du terrorisme vert. Les mêmes avec d'autres casquettes sont contre le nucléaire, contre les éoliennes près de chez eux, contre le photovoltaïque près de leur village.... mais ils sont pour le blocage du prix du pétrole, pour l'électricité et l'eau gratuite.


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Mis en ligne le 15/03/2012