La crise est l'occasion d'un nouveau départ

À mesure que la crise se déroule, tout le monde apprend - politiques, économistes, sociologues, journalistes et observateurs de tous bords. En se raccrochant à ses connaissances et au passé, chacun interprête à sa manière le déroulement des évènements, préconise des mesures et anticipe l'avenir. Mais le futur ne se passe jamais comme prévu; et quand le futur devient le présent ou le passé, les mêmes commentateurs sont montrés du doigt.

Voici divers articles parmi la multitude disponibles sur la toile qui démontrent ce propos. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas qui a "raison" ou "pas raison", mais l'éclairage qu'ils donnent ce qui permet de mieux comprendre la complexité des enjeux.

Exemple: la TVA dite sociale! Vu de manière restreinte, c'est simple. Chaque salarié perçoit un salaire brut dont sont déduites diverses cotisations sociales payées par l'entreprise et par le salarié lui-même. Il en résulte le salaire net pour le salarié. Baisser les charges sociales sur les salaires augmente un peu le salaire net et baisse un peu le prix "hors taxes" des produits ou services des entreprises offerts à la vente. Les entreprises qui exportent voient le prix de leurs produits baisser donc leur compétitivité coûts augmenter vis à vis de l'extérieur.

Les charges sociales en baisse payées par les entreprises et les salariés sont compensées par une hausse de TVA. Il n'y a pas de hausse des prix puisque la hausse de TVA s'applique à des prix hors taxe diminués du même montant pour tout ce qui est produit sur le territoire national. Mais les exportations sont moins chères, les importations sont plus chères et paient une TVA accrue et contribuent aux recettes de l'État. La hausse des prix ne concerne que les produits importés. On peut espérer que pour garder leurs parts de marché les entreprises qui exportent chez nous baissent leurs prix.

La TVA sociale est donc l'équivalent d'une dévaluation. Si "toutes choses sont égales par ailleurs", l'opération est quasiment neutre. En Allemagne cela s'est fait début 2007 par 3 points de TVA, 16% à 19%. Mais "toutes choses sont-elles égales par ailleurs"? là est l'incertitude. Je renvois à Agnès Bénassy-Quéré & Benjamin Carton (lien). Une dévaluation telle qu'on l'a pratiquée autrefois c'est beaucoup plus important - 10-20% .

La compétitivité coûts n'est qu'un élément de la compétitivité des entreprises; encore faut-il que les produits fabriqués soient demandés et appréciés en qualité, en contenu technologique. L'article d'Elie Cohen sur Telos éclaire cet aspect des choses (lien) ainsi que celui de Keyu Jin de la London scholl of economics(lien).

Enfin l'article de Raghuram Rajan sur project syndicate "A Crisis in Two Narratives" (en anglais) est très intéressant (lien). L'économiste indien Raghuram Rajan est très difficile à traduire tellement il écrit de manière imagée. Mais j'ai écrit précédemment cet article un peu sur le même thème (lien).


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Mis en ligne le 04/02/2012