Références:

Croissance économique "indéfiniment"
Comment en est-on arrivé là?
Et où ça nous mène?

Pour le comprendre il faut remonter à la période d'avant la première guerre mondiale. La fin du XIXè siècle fut une époque de très forte croissance économique des pays de l'Europe occidentale - Angleterre en tête, suivie par la France, la Belgique et les Pays-Bas, l'Allemagne, et les autres... Infrastructures - chemins de fer, sidérurgie, construction navale, textiles, industrie chimique. Les pays occidentaux investissaient partout dans le monde, particulièrement entre eux en Europe et en Russie, et en Amérique du Sud... Ce fut l'époque de la colonisation, l'Angleterre et la France ayant construit de vastes empires coloniaux; suivis de l'Allemagne, des Pays-Bas, de la Belgique. Le paradigme était l'appropriation des ressources naturelles qui manquaient en Europe, et la vente de produits manufacturés aux colonies. Ce fut la première mondialisation. Mais celle-ci fut stoppée par la guerre de 1914-1918 qui résulta des conflits d'intérêts entre les principaux acteurs de cette évolution. Cette guerre dévasta l'Europe toute entière, provoqua l'effondrement de l'Autriche Hongrie et de la Turquie et entraîna la révolution en Russie et l'instauration du communisme, tentative d'échapper au capitalisme.

Il y eut ensuite la période 1918-1939 pendant laquelle le monde occidental fut secoué par la remontée de l'Allemagne, les tentatives britannique et française d'éviter une nouvelle guerre; pendant que les pays "colonisés" restaient sous la domination des colonisateurs.

Survint alors la deuxième guerre mondiale provoquée d'une part par l'Allemagne nazie, d'autre part par le Japon. Ce fut une véritable guerre mondiale qui dévasta toute l'Europe et la Russie et le sud-est de l'Asie. En 1945 ces deux régions de la planète étaient totalement dévastées. 45 millions de morts en Europe et en Asie. Les populations étaient exsangues. Seule les États-Unis ne furent pas touchés sur leur sol, mais ils mirent les formidables ressources de leur pays dans la guerre en Europe et en Asie et payèrent un très lourd tribut en hommes comme en témoignent tous les cimetières militaires et Europe et dans les îles du pacifique.

Après la 2è guerre mondiale, la préoccupation de tous les pays fut d'empêcher que cela ne recommence comme cela s'était produit en 1939-1945 et après 1914-1918, de reconstruire les pays dévastés, et de donner aux populations le bien-être matériel qui leur permettrait de vivre en paix. Le modèle était le modèle américain. Car le pays n'avait pas été dévasté par la guerre et il put consacrer ses énormes ressources de "pays continent" à l'effort de reconstruction en Europe et en Asie dont le Japon. Ce faisant l'effort des États-Unis servait leurs propres intérêts économiques de puissance dominante.

Son modèle économique était le productivisme développé dans l'industrie automobile et connu sous le nom de Taylorisme. Tous les pays se sont ralliés à ce modèle. On créa aussi les grandes institutions internationales, ONU, Banque Mondiale, FMI, OCDE, et l'Europe avec pour commencer la CECA.

C'est ainsi que progressivement le paradigme de la croissance économique "indéfiniment" s'est construit. Depuis 1945, donc 60 ans, ce système s'est construit au point qu'on ne sait pas comment en sortir. Il paraît impossible de penser l’avenir de la planète en dehors du paradigme de la croissance économique "indéfiniment". En dépit de ses dégâts sociaux et écologiques, la croissance "indéfiniment", de laquelle aucun responsable politique ou économique ne veut dissocier le développement, fonctionne comme une véritable drogue. Lorsque la croissance est forte, on entretient l’illusion qu’elle peut résoudre tous les problèmes – qu’elle a fait naître pour une grande part; plus forte est la dose, mieux le corps économique et social se portera. Lorsque la croissance économique est faible,la société est en panne, le manque apparaît et se révèle d’autant plus douloureux qu’aucune désintoxication n’a été prévue. La croissance économique est ainsi nécessaire pour assurer le pouvoir d'achat, l'emploi, les retraites, la sécurité sociale, l'équilibre des dépenses publiques, le fonctionnement de l'état, etc. Bref, nous serions condamnés à la croissance "indéfiniment", jusqu'à l'explosion voire l'extinction de notre espèce.

Il s'agit en fait d'une "bulle" qui continue de grossir et qui va éclater. Les crises successives qui secouent nos sociétés, dont le thermomètre est le comportement des investisseurs dans les bourses de valeurs, sont décrites comme des bulles qui grossissent jusqu'à éclater. Il y a d'abord une période de croissance continue des indices boursiers alimentée par une tendance - par exemple la bulle informatique de 1980, ou la bulle des financements du Sud-Est Asiatique et depuis les années 1990 le marché de l'immobilier et la financiarisation de l'économie. Puis ayant atteint une situation de déséquilibre, la bulle éclate et les indices boursiers chutent brutalement. Représentée sous la forme d'une courbe, l'évolution est très asymétrique, la période de croissance est longue et lente tandis que la période de chute est courte et rapide. Voir cette description de la crise de 2008.

On peut considérer que l'espèce humaine vit pendant sa courte histoire de 100 000 ans une bulle de ce type. La lente période de croissance s'est accélérée depuis la révolution industrielle il y a 300 ans, avec les inventions techniques permettant la transformation de l'énergie - machine à vapeur, moteur électrique, moteur à explosion - ce qui permet tout le reste - aciers, métaux, chimie, agriculture, etc... En produisant l'énergie que nous utilisons, nous ne faisons que transformer l'énergie disponible, soit sous forme de biomasse renouvelable soit sous forme de combustibles fossiles qui sont de la biomasse fossile non renouvelable. Parmi les combustibles fossiles, la pétrole est l'énergie qui a permis le formidable développement des six dernières décennies. C'est la forme d'énergie la plus facile à utiliser - car liquide comparée au gaz -, la plus concentrée en pouvoir calorifique, et propre - comparée au charbon.

La dynamique de la "bulle" est alimentée par un phénomène tendanciel et par des erreurs de conception qui se déroulent pendant un temps long et qui entraînent des déséquilibres par rapport à l'évolution d'autres éléments de l'environnement - naturel, social, politique, économique. Les conséquences du développement d'une bulle sont l'éclatement quand la progression du déséquilibre n'est plus possible; il se produit alors une rupture brutale et un retour en arrière, sur un laps temps très court, beaucoup plus court que le temps de formation de la bulle.

Phénomène tendanciel

Si l'on considère la croissance de l'espèce humaine comme une bulle, la tendance est la croissance exponentielle et continue de la population, de la production de biens, de l'utilisation des ressources naturelles permises par le génie humain et ses techniques.

Erreur de conception

L'erreur de conception est de croire que le processus va pouvoir se dérouler indéfiniment. La croissance continuelle de la population, de la production de biens et de l'utilisation des ressources naturelles conduira forcément à des épuisements de ressources et probablement avant, à des impacts sur l'environnement tels, que son altération arrêtera notre formidable expansion.

Conséquences

Les conséquences sont l'épuisement des ressources et l'altération de l'environnement. Il en est ainsi de toutes les ressources minières -notamment le pétrole - qui ne sont que des concentrations de matières utiles à notre économie, des terres cultivables - résultat de millions d'années de formation - qui se dégradent par la surexploitation et l'emploi de techniques qui artificialisent les sols, des ressources halieutiques qui conduisent des espèces à l'extinction (exemple la morue de Terre-Neuve), l'urbanisation galopante partout qui empiète sur les terres cultivables, et la production de déchets toxiques de toutes natures, à commencer par les déchets industriels et le CO2 qui renforce l'effet de serre et accroît la température de la planète. Or l'accroissement des déchets conduit à la dégradation irréversible d'écosystèmes et à des disparitions d'espèces que les scientifiques observent. Voir ici.

Éclatement de la bulle?

L'éclatement de la bulle de croissance d'Homo.sapiens se produira inévitablement dans l'avenir, considérant le phénomène tendanciel, l'erreur de conception et les impacts de notre espèce sur l'environnement qui viennent d'être évoqués. Les crises successives et les conflits inter humains de plus en plus planétaires en sont les prémisses. Toutes les espèces du vivant, végétales et animales, affectent l'environnement de la planète. À commencer par le règne végétal qui consomme le CO2 et produit l'oxygène de l'atmosphère. Le règne animal s'est adapté à ce profond changement de l'environnement, il y a plus de 500 millions d'années, comme en témoignent l'explosion du vivant à partir Cambrien et les énormes accumulations de carbone du carbonifère, du Jurassique et du Crétacé. Toutes les espèces animales présentes aujourd'hui, dont les mammifères et nous mêmes, sont issus de cette transformation de l'environnement de la planète.

Des transformations de l'environnement se produisent continuellement naturellement ou par l'effet des espèces vivantes qui l'occupent. Et notre espèce n'est là que depuis un laps temps très court par rapport au passé de la planète et son avenir. L'éclatement de la bulle de l'espèce humaine conduira-t-elle à sa contraction - une réduction drastique de ses effectif -, ou à son extinction? Le petit nombre de survivants pourra-t-il continuer le parcours évolutif de notre espèce dans le futur de la planète. Personne ne sait ni ne peut prévoir. Car l'avenir n'existe pas, notre cerveau n'a aucun moyen de l'observer. L'avenir est un autre temps et finalement il est vain de pronostiquer quoi que ce soit. De même, être pessimiste ou optimiste concernant l'avenir de l'homme et sa place sur la planète est tout aussi vain et non pertinent. Tout ce que l'on sait c'est ce qui se passe aujourd'hui et ce qui s'est passé avant, et ce avec d'autant moins de certitude que l'on s'éloigne du présent. On sait que des communautés d'hommes sont disparues parce qu'elles avaient surexploité leurs ressources. Ceci est documenté dans le livre "Collapse" de Jared Diamond. Voir ici.

Tous les hommes et les femmes qui vivent aujourd'hui - 6.7 milliards d'individus en cette fin 2008 - sont les descendants d'un tout petit nombre d'individus qui vivaient il y a ±100 000 ans. Mais ces ancêtres là descendaient eux-mêmes d'ancêtres plus lointains et toutes les recherches des paléoanthropologues depuis 200 ans font remonter l'évolution de notre espèce à quelques 3 millions d'années; peut-être que "Lucy" Australopithecus Afarensis découvert en 1976 est un de ces ancêtres les plus lointains. Mais depuis on en a découvert de plus anciens encore. Voir une synthèse et une interprétation des données des milliers de fragments d'ossements fossiles découverts par les paléoanthropologues ici. Et ici un dossier sur les origines de l'homme.

Alors ne culpabilisons pas l'homme pour ce qui se passe aujourd'hui, changement climatique, destruction des écosystèmes et pertes de bio-diversité. C'est le résultat de notre processus d'évolution et du grossissement de notre cerveau qui s'est adapté à un environnement hostile au début. Mais l'environnement de la planète se modifie continuellement, à la fois naturellement, et par l'effet de nos propres actions et nos techniques. Les travaux du GIEC/IPCC sur le climat nous l'apprennent. La France a ajouté à sa constitution en 2005, la carte de l'environnement. Cette charte exprime largement les points de vue exprimés ici. Charte de l'environnement: LOI constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars 2005 relative à la Charte de l'environnement">Voir ici. Et l'important ministère de l'environnement est garant de son application.

Voir ici le site des Nations Unies
One planet many people; observation de l'impact de l'homme sur l'environnement, Atlas of Our Changing Environment; United Nations Environment Programme.

Nous sommes tous - 6.7 milliards en 2008 - les véhicules des gènes de notre espèce; ces gènes ont été véhiculés par tous les individus qui se sont succédé depuis 100 000 ans voire 3 millions d'années ou plus, probablement à partir d'un seul couple. Parmi les 6.7 milliards d'humains qui vivent en 2008, l'évolution a produit quelques petites différences morphologiques; elles se manifestent aujourd'hui dans la couleur des yeux, la couleur de la peau, la forme du visage et la protéine des cheveux. Mais nous sommes une seule espèce; tous les individus peuvent se reproduire et donner naissance à des individus capables de se reproduire à leur tour et ainsi de véhiculer leurs gènes vers des descendants (en anglais "offspring": les "issus de") c'est à dire l'avenir. Si les différences se sont développées dans telle ou telle communauté c'est probablement en raison de l'isolement géographique des communautés avant le prodigieux développement technique d'aujourd'hui, et des affinités culturelles à l'intérieur de ces communautés, selon le principe "ceux se ressemblent s'assemblent" plutôt que l'inverse. Rappelons nous: l'esclavage n'a été aboli qu'il y a 160 ans; auparavant le "noir" était considéré comme un être inférieur par les "blancs" et les mélanges étaient rares. Aux États-Unis il y a moins de 40 ans, la ségrégation raciale noirs/blancs régnait dans certains États du Sud, dans les bus et dans les lieux publics. Il en était de même, il y a tout juste 10 ans en Afrique du Sud.


Mis à jour le 20/10/2014 pratclif.com