liens/links
  1. André Lebeau, "Vers une désagrégation des sociétés humaines"
  2. André Lebeau, "l'enfermement planétaire"
  3. André Lebeau: "l'engrenage de la technique"
  4. André Lebeau biographie
  5. J. Duboin: la grande relève des hommes par la machine publié en 1935
  6. Jacques Duboin; utopiste ou précurseur de génie
  7. Jacques Duboin 1878-1976 wikipedia
  8. Arrogance d'Homo.sapiens
  9. Surpopulation
  10. Vie et mort de la population mondiale
  11. Changement climatique
  12. Énergie: le pétrole pas cher c'est fini...
  13. Énergie: nucléaire
  14. Énergie: problèmatique des différents combustibles utilisés
  15. Surpopulation; 9 milliards en 2030?; 13 milliards en 2050?
  16. Développement durable

Destin de l'espèce humaine?

notes de lecture de livres d'André Lebeau

Avec près de 7 milliards d'habitants en ce début d'année 2010, l'espèce humaine est confrontée de toutes parts, aux limites de la planéte. Changement climatique, perte de biodiversité, raréfaction des ressources halieutiques, crises économiques, pollutions atmosphérique, des océans et des mers, terrestres - rivières, lacs, eaux souterraines et nappes phréatiques - prolifération du nucléaire civil et militaire, écarts de richesse et inégalités croissantes entre pays riches et pauvres, et bien d'autres encore. Personne ne sait combien d'hommes la planète peut supporter. Cela dépend des ressources disponibles et de la consommation de ressources par habitant. La croissance de la population diminue (1.4% par an en 2008 contre 1.8% une décennie avant), la fécondité des femmes diminue partout dans le monde y compris dans les pays pauvres, sans que personne sache expliquer exactement pourquoi. Du coup le département population des Nations Unies révise toujours à la baisse ses prévisions.... 9 milliards en 2030? La notion de popluation maximum suivie d'une décroissance s'installe. Ce qui paraît certain c'est que 9 milliards ne peuvent pas avoir le mode de consommation matérielle des pays les plus riches de la planète en 2010. Rien qu'en convertissant toutes les céréales produites en viande (bovins, ovins, porcs et volailles), la planète ne pourrait nourrir que 9 milliards d'habitants (sur la base du nombre de calories/jour nécessaires et d'une conversion céréales/viande de 10/1).

André Lebeau écrit ceci dans son livre "l'engrenage de la technique":

Nous vivons l'instant singulier, dans l'histoire de notre espèce, où de toutes parts elle se heurte aux limites de la planète. Le terme « instant » est approprié pour décrire la soudaineté du phénomène, rapportée à l'histoire de la vie ou même de la civilisation. Littéralement parlant, nous allons dans le mur, mais rien ou presque rien ne manifeste encore ni le caractère inéluctable ni la violence du choc. A quoi peut-on attribuer un tel aveuglement ? Peut-être à notre tendance à interpréter les premières manifestations discrètes de ce phénomène comme des dysfonctionnements locaux ou temporaires, qu'il faudra corriger par des actions locales, plutôt que comme les premiers indices concrets d'une menace globale.

Pour prendre la mesure du problème auquel nous confronte l'évolution technique, il nous faut rapprocher, d'une part, les limites auxquelles se heurte la continuation de ce que les économistes appellent la croissance ou le développement et, d'autre part, les comportements collectifs de l'homme gouvernés par ce que, faute d'un meilleur mot, on peut appeler la nature humaine.

Beaucoup de facteurs ont contribué et contribuent encore à inhiber une réflexion objective sur ce sujet, au premier rang desquels le prodigieux narcissisme de l'espèce humaine, amoureuse de sa propre image, qui se place au centre de la création et ne saurait admettre de limite à ce qu'elle peut entreprendre. Ce sentiment de l'exception humaine, que les monothéismes expriment et exaltent, subsiste lorsque le sentiment religieux s'est effacé; il interdit de considérer le destin commun des espèces, le déclin et l'extinction, comme une issue possible,sinon probable. Sur ce fond commun se plaquent des lignes de pensée qui occultent la perception des échéances. David Ehrenfeld a rassemblé, dans "The Arrogance of Humanism", six actes de foi, sorte de credo laïque par lequel s'exprime une certitude dans l'avenir de l'homme :

  1. Tous les problèmes peuvent être résolus,
  2. Beaucoup de problèmes peuvent l'être par la technique, Les problèmes qui ne peuvent être résolus par la technique, ou par la technique seule, ont des solutions dans le monde social (de la politique, de l'économie, etc.),
  3. Quand les cartes seront sur la table, nous nous emploierons à travailler à une solution avant qu'il ne soit trop tard,
  4. Certaines ressources sont infinies; toutes les ressources finies ou limitées ont des substituts,
  5. La civilisation humaine survivra.

Appuyées sur ces certitudes qui ne sont ni de droite ni de gauche, les démarches intellectuelles qui reposent sur la négation des limites peuvent prospérer. C'est ainsi que toute la construction économico-politique courante se fonde sur le culte de la croissance. Croissance du produit intérieur brut et croissance démographique sont les facteurs en fonction desquels s'apprécie la prospérité d'un pays développé, croissance du chiffre d'affaires et du profit la prospérité d'une entreprise. On les chiffre volontiers en pourcentages, c'est-à-dire par référence implicite à la croissance exponentielle. Chacun sait que, à moins de 2 % de croissance annuelle, l'économie est morne; à plus de 3 % la situation, plus riante, conforte les dirigeants politiques dans leurs choix. Le fait qu'une croissance exponentielle soit, par nature, un phénomène temporaire est radicalement ignoré, voire récusé. La notion de limite, si elle peut être invoquée pour qualifier la saturation de tel ou tel secteur du marché, ne l'est pas au niveau de la globalité planétaire du système technico-économique. 11 n'est pas de bon ton de l'invoquer pour mettre en évidence le caractère inévitablement transitoire des hypothèses cachées qui fondent la pensée économique...

L'espèce humaine a atteint les limites de la planète et la finitude de ses ressources. L'homme a étendu sa niche écologique aux confins de la terre, au détriment des niches des autres espèces de la biosphère - celles-ci sont confrontées à la plus grande menace d'extinction depuis la dernière qui remonte au crétacé. L'homme n'a plus de sortie possible aux limites de sa niche écologique. Les grandes découvertes, les peuplements des continents vides occupées seulement par des humains venus là plusieurs dizaines de millénaires avant les Européens quand Homo.sapiens est sorti d'Afrique et s'est répandu sur la planète, sont terminées. Il n'y a plus de terres à occuper. L'antarctique, l'arctique et les déserts sont des espaces où l'homme ne peut pas vivre sans l'apport de ressources de l'extérieur. L'espèce humaine est enfermée dans la planète terre devenue trop petite pour elle. Alors quelles issues en dehors de l'extinction inéluctable? D'autres planètes analogues à la terre dans l'espace cosmique, à commencer par les plus proches de nous Vénus et Mars? Ou alors un changement génétique majeur - naturel ou provoqué par la technique - qui modifierait nos comportements et nous rendrait doux comme des agneaux?


Pierre Ratcliffe

Mis à jour le 18/12/2011