Le chômage continue sa progression inexorable en 2012

30000 demandeurs d'emploi de catégorie A supplémentaires fin novembre.

La page 13 de Var Matin le samedi 29 décembre 2012 "Le chômage continue à grimper dans le Var"; "Syndicats et politiques pas étonnés et consternés par ces mauvais chiffres" [lien].

  

Ce qui me consterne, c'est l'aveuglement de nos "syndicats et politiques" tous fonctionnaires c'est à dire payés par la taxation de l'économie réelle. Peu de gens vous expliquent d'où vient le chômage et pourquoi sa progression inexorable, qui risque de se poursuivre en 2013 et peut-être au delà. Je vais le faire; mais je vous préviens, j'en aurai encore contre l'État français hypertrophié dont l'excès de dépenses et de fonctionnaires suce le sang de l'économie réelle et met une partie de sa population en âge de travailler et de produire des biens et des services, au chômage. Tant qu'on ne rémédiera pas à l'hypertrophie de l'État de manière radicale et à tous les niveaux, le chômage poursuivra sa montée inexorablement; et sans ce remède de cheval, même si le chômage atteint un palier, il restera massivement élevé.

Commençons par les produits chinois. Nous achetons de plus en plus de produits fabriqués en Chine et dans d'autres pays émergents d'Asie et du monde. Ces produits sont moins chers que s'ils étaient fabriqués en France pour les diverses raisons qu'on nous donne mais cela n'est pas mon propos ici. Les produits chinois et leurs prix nous donnent du pouvoir d'achat. Prenons un téléviseur à 300€. S'il était encore fabriqué en France, il nous couterait 350€. Avec les 50€ de différence, nous pouvons acheter autre chose; supposons que ces 50€ ne soient pas prélevés par de la taxation, et que l'on puisse affecter ces 50€ à des achats de biens ou de services, y compris des loisirs, des vacances et repas au restaurant. Supposons aussi que ces 50€ ne seront pas entièrement utilisés pour acheter d'autres produits chinois, ce qui est raisonnable comme supposition. Alors de multiples entreprises en France, mais aussi en Europe et dans le monde (Chine), vont bénéficier du fait que les produits chinois sont produits au moindre coût et que les consommateurs les achètent pour satisfaire leurs besoins.

On nous dit alors que tout cela ce sont des importations, que la balance commerciale est déficitaire car nous importons plus que ce que nous exportons! Voyons cela de plus près. Pour exporter il faut importer et réciproquement pour importer, il faut exporter; et c'est seulement sur cette face de la pièce que nos économistes et médias se focalisent. Sur longue période, importations et exportations doivent forcément s'équilibrer. Quand nous achetons des produits chinois (ce sont des entreprises avec du personnel qu'ils paient), nous payons les producteurs en euros et c'est une de nos banques qui transfère ces fonds. Les producteurs chinois obtiennent la conversion de ces euros en monnaie nationale - Yuans appelés aussi Renminbi - par une de leurs banques dans laquelle se concentrent les avoirs des producteurs qui ont vendu des biens en zone euro en général et en France en particulier. Cette réserve en euros de la banque chinoise qui a fait la transaction, permet aux producteurs chinois d'acheter en Europe et en France en particulier, des biens et des services dont ils ont besoin pour leur processus de production.

Le commerce est un libre échange de produits et de services entre des producteurs et des consommateurs, à l'aide d'un moyen qu'est la monnaie. L'échange est motivé par le désir de l'un de se séparer d'un bien qu'il possède ou qu'il a produit, pour acquérir un bien que l'autre possède ou qu'il a produit, et qui lui est plus utile que le bien qu'il a. L'échange est donc un processus symétrique de cession-acquisition. La monnaie est le moyen de l'échange et la valeur en monnaie du bien échangé est fixée librement entre les parties. Le vendeur veut s'assurer que la valeur en monnaie couvre la totalité de ses coûts de production et lui donne un profit; l'acheteur veut s'assurer que la valeur en monnaie qu'il donne n'est pas supérieure à ce qu'il pourrait obtenir ailleurs cad. qui majorerait son coût et diminuerait son profit.

Continuons sur ce chemin. Puisque l'échange est un processus symétrique - cession acquisition - tout ce que nous importons de Chine et d'autres pays émergents, donne à ces pays la capacité - je dirais même la nécessité voire l'obligation - d'importer des produits de chez nous; et symétriquement pour nous, la capacité d'exporter nos produits chez eux. Revenons à l'équilibre ou au déséquilibre importations exportations. Voyons du point de vue chinois et raisonnons comme si la France était encore au Franc. Des banques chinoises ont des réserves en francs puisque nous avons achété et importé les produits chinois en francs. Ces francs servent aux producteurs chinois pour acheter des produits fabriqués en France, nos exportations. Mais supposons que les chinois n'achètent pas assez de produits français. La banque chinoise va donc avoir trop de francs: un excédent de francs que ses producteurs ne veulent pas acquérir pour acheter des produits français; et symétriquement,la France aura un déficit de yuans parce que les consommateurs français achètent trop de produits chinois. La seule façon d'équilibrer est de modifier le taux de change yuan/franc soit en dévaluant le franc soit en appréciant le yuan, soit qu'on coupe la poire en deux.

Voyons maintenant comment cela se passe avec l'euro, la monnaie unique de 17 pays d'Europe. La survenance d'excédants est moins possible pour des échanges avec 17 pays d'Europe avec 330 millions d'habitants qu'avec la seule France avec 62 millions d'habitants. Les réserves d'euros des chinois résultent des importations des 17 pays de la zone euro. Symétriquement, les exportations de pays de la zone euro vers les chinois sont plus importants. Mais contrairement à ce qui se passait du temps du franc, les producteurs chinois ne sont pas obligés d'utiliser en France, les euros qu'ils ont acquis en vendant leur production en France. Ils peuvent acheter à n'importe lequel des 17 pays de la zone euro. C'est là qu'on arrive en Allemagne et d'autres pays de la zone euro où les chinois préfèrent acheter les machines, les outillages, les produits intermédiaires qui entrent dans leurs processus de production. Mais il y a plus; tout cela a rapport avec la crise des dettes souveraines en Europe et la crise de l'euro. C'est une autre histoire que j'aborderai ailleurs.

Pourquoi cette préférence des chinois pour des produits allemands? Je ne vais pas entrer dans le débat sur la compétitivité coûts et hors coûts. Il est un élément qui est peu abordé dans le débat, c'est le niveau de la taxation, des dépenses publiques et de la complexité des règlementations imposées par l'État, à tous ses niveaux administratifs, à l'économie réelle et à ses entreprises. Voilà des années que notre compétitivité s'érode, que l'industrie diminue en part du PIB, que des entreprises délocalisent, que des entreprises réduisent leur activité et diminuent leurs effecifs de personnel, que les marges de profits des entreprises sont trop faibles pour leur permettre d'investir, d'accroître leur production, la qualité de leurs produits, et de monter en gamme pour avoir de la compétitivité hors coûts. Le niveau des dépenses publiques n'est pas évoqué dans le débat sur la compétitivité et le fameux "redressement productif", un slogan socialiste.

L'emploi est le résultat de l'activité économique c'est à dire de la production. Sans production, pas d'emplois. Quand l'activité et la production baissent, des emplois sont supprimés. Quand l'activité et la production croissent, des emplois sont créés. Le niveau excessif de taxation est du au niveau excessif des dépenses publiques. Je dis excessif, par rapport aux besoins. Il n'est pas question de nier l'utilité de services publiques normaux d'un État souverain ni de ceux qui résultent du choix de la société française, notamment d'ordre social. Ce dont il s'agit c'est d'excès c'est à dire de missions inutiles, d'interventions dirigistes, de fonctionnaires en surnombre, voire nuisibles dans la mesure où leurs actions étouffent l'économie réelle.

Les fonctionnaires sont environ 6 millions soit 20% de la population active en âge de travailler - 15-65 ans. Mais vu que le taux de chômage au sens du BIT (demandeurs d'emploi à temps plein) est de 10% de la population active, les fonctionnaires sont 23% de la population qui n'est pas au chômage. Et compte tenu du chômage partiel non compté dans les statistiques, ils sont en réalité environ 25%; une personne sur quatre est fonctionnaire, payé par la taxation - elle ne connaîtra jamais le chômage; ajoutons les élus des 36360 communes, les conseillers généraux, les conseillers territoriaux, les députés et les sénateurs, la plupart à vie... la France est un pays où les fonctionnaires dominent. La taxation représente 44% du PIB pour les dépenses de l'État auxquels s'ajoutent 12% pour la sécurité sociale, ces 12% ayant une contrepartie que sont les soins de santé [lien]. Je n'entrerai pas dans le débat sur le choix, l'organisation et l'efficience du système de sécurité sociale français; c'est un autre sujet.

Réduire le chômage passe nécessairement par la relance de l'appareil productif marchand. Cela implique nécessairement la baisse de la taxation, cad. des dépenses publiques. Tout emploi public excédentaire, inutile voire nuisible est un emploi du secteur marchand qui manque. Tout emploi public supplémentaire créé est un équivalent emploi civil supprimé. Je dis équivalent parce que ce n'est pas un pour un. Un emploi public en trop se traduit par des centaines voire des milliers d'entreprises qui doivent réduire l'activité et leur personnel. Raisonnons sur 100000 postes publics, c'est 100000 postes civils en moins. C'est pourquoi il ne faut pas attendre d'amélioration du chômage par les emplois aidés, lesquels relèvent du traitement social du chômage.

Les défenseurs de la dépense publique et des fonctionnaires diront: supprimer des fonctionnaires c'est la récession, ces gens consomment et investissent! Oui à court terme; mais très vite ces gens trouveront un emploi dans le secteur marchand car la baisse de la taxation donnera du pouvoir d'achat aux ménages et aux entreprises pour consommer, épargner et investir.


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Mis en ligne le 31/12/2012