1. Désindustrialisation : les atouts coopératifs des Scop
  2. Héninois : désindustrialisation, délocalisations et désillusions ?
  3. Désindustrialisation et imbrication de l’industrie et des services
  4. Nord; Hénin Beaumont; délocalisations, désindustrialisation, chômage
  5. L'emploi en Lorraine : tertiarisation par la désindustrialisation, forte poussée des femmes et des seniors
  6. Répartition des emplois en France et évolution entre 1999 et 2006






  7. Olivier Olga Bouba analyse la déindustrialisation de la France
  8. Désindustrialisation, délocalisations; rapport CAE 2005 (présentation)
  9. Désindustrialisation, délocalisations; rapport CAE 2005 (rapport in extenso pdf)
  10. La désindustrialisation de la France; étude de la DGTPE (résumé de cette étude)
  11. La désindustrialisation de la France; étude de la DGTPE janvier 2010 (rapport in extenso pdf)
  12. DATAR 2004: la France puissance industrielle (présentation)
  13. DATAR 2004: la France puissance industrielle (rapport in extenso pdf)
  14. Rapport Max Roustan: sur la délocalisation des industries de main-d'oeuvre
  15. Pôles de compétitivité
  16. Répartition des territoires d'intervention des 71 pôles de compétitivité
  17. INSEE évolution des emplois industriels et des services aux entreprises 1980-2003
  18. Nicloas Sarkozy: discours sur l'industrialisation
  19. États généraux de l'industrie
  20. Un plan pour soutenir l'industrie française
    Le chef de l'État veut accroître de 25% la production industrielle au cours des cinq prochaines années.
  21. Exemples concrets de recherche et développement pour l'innovation et l'accroissement de la productivité
  22. Balance des paiements

Désindustrialisation, délocalisations; pour une politique industrielle.


Cet article m'est inspiré par ce graphique publié dans Alternatives économiques de février 2010
et cet article de Lean-Louis Levet

Le graphique interpelle parce qu'il suggère la désindustrialisation de la France depuis 1980 en 3 décennies; une désindustrialisation que l'on associe aux évènements récents comme Caterpillar, Continental, 3M, Total; mais aussi les disparitions des industries textiles - Boussac, DMC, Albert Frères, chaussures et gants... de la machine outil, des Charbonnages, mines de fer de Lorraine, mines de potasse, de Metal Europe ex Pennaroya, Tréfimétaux à Lens (étirage du cuivre), de Péchiney, d'Eternit, de Moulinex, de la restructuration de la Sidérurgie, etc. etc. Ça fait beaucoup!

L'article évoque la désindustrialisation et la nécessité d'agir renforcée par la crise financière de 2007-2008 - pôles de compétitivité, Grand Emprunt, Etats généraux de l'industrie: "La France a connu une désindustrialisation rapide, un mouvement plus accentué que dans beaucoup d'autres pays comparables. Les importantes pertes d'emplois industriels (- 27% depuis 1990) ont provoqué une baisse de la diversité des emplois; avec moins de diversité des emplois, les emplois peu qualifiés et moins bien rémunérés se sont développés. Depuis 1995, la France perd constamment des parts de marché et sa balance commerciale est déficitaire. Au bout du compte, on constate que cette perte de substance industrielle menace la prospérité du pays du fait de ses effets induits sur le reste des activités donc les emplois."

Des mutations et des cessations de certaines activités industrielles sont une certitude, comme la fin des charbonnages, la restructuration de la sidérurgie, la fin d'Eternit et des produits de l'amiante en construction, la mutation des industries dans le textile, comme aujourd'hui les mutations dans l'automobile indépendamment de la crise en cours. Ces mutations sont constantes et imposent à toute époque des adaptations des industriels pour sauvegarder leur capital productif, continuer d'exercer leur savoir faire, poursuivre leur activité et maintenir la production, la consommation et les emplois. Mais plusieurs autres éléments interviennent dans le diagnostic et le débat: ce sont:

  • la tendance à la tertiarisation: confier des services internes de l'entreprise à une société de services extérieur dans le cadre d'une nouvelle division du travail.
  • la poursuite de gains de productivité en utilisant les techniques nouvelles, l'organisation et la gestion, les ordinateurs et les communications dans le cadre de la mondialisation et d'une nouvelle division internationale du travail.

Alors commençons par examiner les statistiques que l'INSEE nous offre sur la production industrielle. La situation est représentée ici pour les 2 périodes 1980-1990 et 1990-2003 (cf lien N°3). Ils montrent que durant cette période la désindustrialisation a été modérée, tant en pertes d'emplois, qu'en part relative de l'industrie dans la production en valeur et en volume. Mais alors comment comprendre la fréquence et l'intensité des évènements qui ont marqué ces 3 décennies et qui sont une dure réalité pour tous ceux, patrons et salariés que cette évolution touche. Parce que les statistiques indiquent bien que le phénomène est relatif, il vaudrait alors mieux parler de mutations industrielles que de désindustrialisation; et cela relève alors d'une politique d’accompagnement et d'aménagement du territoire. La DATAR dans son rapport de 2004 et le CAE dans celui de 2005 préconisent de promouvoir la création et le renforcement de pôles de compétitivité regroupant les entreprises, les réseaux technologiques conjuguant la recherche publique et privée ainsi que les établissements d’enseignement et de recherche.

J'ai commencé à travailler à la fin des années 1950 dans une France qui se relevait de la 2è guerre mondiale. Une guerre mondiale commencée en 1939 après une période d'entre deux guerres 1918-1939 où l'on connut la grande crise économique de 1929. Après la guerre qui avait dévasté la France, il a fallu reconstruire puis l'essor économique a commencé avec une formidable croissance du niveau de vie et de bien-être. Cette essor a vu la modernisation des industries du pays, l'application de nouvelles technologies, l'emploi de nouvelles méthodes d'organisation et de gestion. C'est ainsi que la production de biens de consommation, de l'électro-ménager, de l'automobile, de biens intermédiaires pour tous les produits industriels, a été multipliée par 5 durant 30 ans de 1945 à 1975, une période qu'on a appelée "les trente glorieuses". Sidérurgie, chimie et pétrochimie, infrastructures routières et ferroviaires, aérodromes et transports aériens, infrastructures portuaires, téléphone et télécommunications, construction, automobile, équipements électro-ménagers, construction, etc.... tout cela a donné aux français qui avaient vécu la guerre 14-18, la période d'entre deux guerres, la guerre 39-45, et à ceux de ma génération, un formidable accroissement de bien-être. Il n'y avait pas de problèmes d'emploi; pas de chômage; l'industrie manquait de main d'oeuvre et on pratiquait une politique d'immigration - aux polonais d'avant guerre s'ajoutaient les italiens, portugais et espagnols; puis les algériens et les marocains.

La croissance des emplois industriels liés à cette évolution d'après guerre apparaît bien sur le graphique ci-dessus qui représente les emplois en France dans l'industrie de 1945 à 2009. A partir de 1975, après la crise du pétrole et l'embargo de 1973, les emplois industriels ont commencé à décliner. Le graphique montre que depuis 30 ans, les emplois industriels déclinent. Voir la partie du graphique de 1975 à 2009. On notera que les emplois agro-alimentaires sont restés stables - car les besoins d'alimentation sont inélastiques. Ce sont les emplois pour la production de biens de consommation et de biens intermédiaires qui ont le plus décliné relativement. La croissance de la productivité par l'emploi de techniques nouvelles ainsi que des techniques d'organisation de gestion et de l'informatique et des communications explique en partie ce déclin, car on peut produire autant voire plus et mieux, avec moins de ressources y compris de main d'oeuvre.

Une première explication de la baisse relative des emplois industriels dans l'emploi total est l'externalisation de services que les entreprises assuraient elles-mêmes. Autre fois, les Charbonnages et la sidérurgie assuraient tous les services de manière autonome - entretien des équipements, réseaux téléphoniques internes, gardiennage et sécurité, santé et même assurances... Ces services ont été sous traités à des sociétés des services externes - comme de nettoyage des bureaux. C'est un mouvement spécialisation, de tertiairisation et d'accroissement de la diversité des emplois par un développement du tissus industriel. Au total on attribue 20-25% de la baisse des emplois industriels à l'externalisation des services.

Une deuxième explication est dans la hausse de la productivité globale intervenue durant la période; les hausses de productivité peuvent se traduire par plus de production ou par la même production avec moins de personnel. C'est le deuxième cas qui semble avoir été déterminant.

La troisème explication est dans la mondialisation; le déplacement de la production dans les pays à bas coûts de main d'oeuvre, de protection sociale et environnementale, sont une autre cause avancée pour la désindustrialisation, particulièrement relayée par les média dans l'opinion publique, notamment lors d'évènements d'opposition aux fermetures et restructurations de sites industriels. Si la globalisation des échanges a apporté de réels avantages à tous en matière de disponibilité de produits de consommation et de baisses de prix, comme en matière de possibilités d'exporter les produits par nos industries, l’ensemble de notre secteur productif subit l'inconvénient d'être confronté aux grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil...), où prévaleront pour des années encore, des bas coûts de main d'oeuvre, une protection sociale et des contraintes environnementales faibles. Sauf à rétablir du protectionisme - ce qui ne peut se faire de manière uni-latérale, notre système de production/consommation n’évitera pas des destructions d’emplois face à ces grands pays émergents. Il faut donc que notre industrie tente d’y faire face en créant d'autres emplois, en conservant de l’avance technologique grâce à l’innovation, la R&D et les TIC, l’amélioration des qualifications, et des efforts intensifiés de formation initiale et continue de notre population active. C'est le but de la création des pôles de compétitivité (71 à ce jour) en certaines parties du territoire où des compétences spécifiques et historiques existent, où le degré d'urbanisation le permettent ainsi que les infrastructures collectives - transports, réseaux et systèmes éducatif et de santé. On trouvera ci-après des extraits significatifs du rapport du Conseil d'Analyse Économique de 2005 (CAE) sur "Désindustrialisation et délocalisations".

Voir ces deux articlers qui résumént bien la question:


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Mis en ligne 17/02/2010 par Pierre Ratcliffe. Contact: Portail: http://pratclif.com  paysdeFayence: http://paysdefayence.blogspot.com   mon blog: http://pierreratcliffe.blogspot.com