Mon point de vue après la vision du documentaire d'Arte à charge sur la banque d'affaires Goldman Sachs.

Vous pouvez revoir le film en replay sur Arte Plus [lien]. En attendant, en voici des extraits...

J'ai regardé comme nombre d'entre nous mais sur ArtePlus et mon ipad, le film documentaire d'Arte sur la banque Goldman Sachs. Un film à charge superbement construit sur cette banque d'affaires la plus puissante du monde, le capitalisme financier et par ricochet le capitalisme tout court et le libéralisme, un gros mot de nos économistes dirigistes. De quoi satisfaire les Attac, économistes atterrés , mélanchonistes du front de gauche, nouveau parti anti capitaliste NPA, syndicats et socialistes les plus à gauche, et toute une partie de l'opinion acquise à l'idée que l'État c'est TOUT BON et que l'entreprise c'est la recherche de profits, l'exploitation des travailleurs, le chômage et la régression sociale... Ceci explique à mon sens son record d'audience donc le dopage d'Arte!

Pour ma part en voyant ce film, j'ai été renforcé dans mon sentiment que la liberté - valeur fondamentale de tous les individus de l'espèce humaine, et le libéralisme - système qui veut préserver cette valeur contre tous les dirigismes, interventionismes et totalitarismes sont défendus par ce film. Paradoxalement, ce film à charge contre le capitalisme financier et ses excès devient un film à la louange du libéralisme. J'ai eu récémment dans mon blog pays de Fayence, à propos d'un billet sur le gaz de schiste [lien] l'occasion d'un échange sur le sujet, que je donne ici [lien].

Le jeu de casino financier qu'a permis la globalisation des échanges et des transactions financières depuis le début des années 80, la fin de l'URSS et de la guerre froide, et les techniques de l'information et de la communication, a conduit au capitalisme financier et à des excès que dénonce le film. Une formidable machine à créer des bulles financières, cad. des distortions dans l'emploi des ressources de l'économie réelle: des bulles qui ne peuvent être préservées que par la poursuite de ce qui les gonfle, sinon elles éclatent. C'est ce qui s'est passé à partir de la fin 2007. La catastophe a commencé avec la crise des subprimes ce qui a révélé un immense château de cartes entre des banques imbriquées. Un système construit aux États-Unis qui s'est disséminé en Europe et dans le monde, avec le même objectif de gagner de l'argent sur les transactions et dont Goldman Sachs est un peu le sommet de l'édifice, la meilleure d'entre toutes les grandes banques d'affaires. Gagner de l'argent en jouant sur des millers de transactions par minute et les infimes variations de prix nécessite des cerveaux mathématiques, la conception d'algorithmes et de logiciels pour le faire, ainsi que d'ordinateurs très puissants et de communications très haut débit par internet. Nos grandes écoles françaises dont Polytechnique et Centrale et même Normale Supérieure (voir le témoignage de Joel Giraud)... se vantent de former de tels génies qui sont embauchés à prix d'or par les banques, dont Goldman Sachs (exemple Fabien Tourre).

Confronté à l'effondrement possible de ce château de cartes, l'administation américaine (président George Bush, Henry Paulson secrétaire d'état au trésor et Ben Bernanke président de la réserve fédérale) a décidé de sauver ce qui pouvait l'être du système bancaire dans la tourmente. Au cours de multiples péripéties dont nous ignorons les circonstances exactes, on a assisté à la faillite de la banque Lehman Broothers concurrent de Goldman Sachs, puis au sauvetage de Freddie Mac et Fannie May ... tout cela au prix de 700 milliards de dollars aux frais des contribuables américains... ce qui se traduit aujourd'hui par un ralentissement de l'économie américaine, 8% de chômeurs; et par ondes successives au ralentissement économique en Europe (10% de chômage), et dans le monde. Ce sont donc des millions d'individus qui sont affectés par les errements de ce système. Ce système est aussi caractérisé par la collusion des intérêts privés et de l'État et les conflits d'intérêts qui peuvent en résulter.

Si nous étions en système libéral, les banques et Goldman Sachs auraient fait faillite. Ce sont les clients de ces banques - entreprises, États et particuliers - qui auraient perdu leurs mises.... placées là dans l'espoir de gains futurs promis par les banques.... comme cet investisseur allemand vu dans le film interviewé dans sa confortable maison d'un quartier chic de Berlin je crois! Du coup, les banques punies ne recommenceraient plus. Elles éviteraient de créer des bulles, distortions de l'emploi des ressources rares et s'emploieraient à faire leur métier d'intermédaires entre les épargnants et les investisseurs pour développer l'économie réelle, au service de tous.

Le capitalisme financier à la Goldman Sachs, c'est "Je gagne, c'est pour moi" - "Je perds, c'est pour la collectivité"... le pire mélange de collectivisme et de libéralisme.


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Mis en ligne le 06/09/2012