Comprendre l'économie (suite) Pour comprendre comment fonctionne l'économie, il est utile de représenter les flux monétaires qui composent le produit intérieur brut, le PIB, par un modèle.

Pour comprendre comment fonctionne l'économie, il est utile de représenter les flux monétaires qui composent le produit intérieur brut, le PIB, par un modèle.

Comme tout modèle, il est simplificateur mais c'est là son intérêt, car les modèles compliqués sont trop difficiles à comprendre. La construction des comptes de la nation relève de la comptabilité nationale, et particulièrement du système élargi de comptabilité nationale, SECN. Le SECN est un modèle aussi, mais beaucoup plus complexe et donc plus difficile à comprendre. On trouvera sa description complète dans: Analyse économique, Comptabilité nationale, Denise Flouzat, Masson 1982.

Voir ici le SECN expliqué par l'INSEE

Modèle simplifié des flux de l'économie

Voir le modéle simplifié des flux, représentatifs des phénomènes économiques. Pour lire le diagramme représentatif du modèle, il faut partir des entreprises de l'économie marchande; c'est là que tous les produits et services marchands destinés à être consommés, sont produits (sorties en bleu), et c'est là que toute la demande de produits et services arrive (entrées en rose).

Une fois que la production est sortie des entreprises, elle se divise entre quatre catégories de consommateurs:

  1. les ménages,
  2. l'État,
  3. les institutions financières,
  4. le "reste du monde" cad. l'étranger.

La fonction principale des ménages est la consommation des produits et services marchands des entreprises, celle de l'État est la production de services publics non marchands, celle des institutions financières la collecte, la répartition et la distribution de la monnaie, c'est à dire les disponibilités financières des ménages, des entreprises et de l'État pour effectuer leurs transactions; le reste du monde, regroupe les opérations du commerce international, c'est à dire les exportations et les importations. Par la monnaie, les institutions financières sont le "sang" qui irrigue tout le système. La crise 2007-2009 en a donné à nouveau la démonstration comme toutes les crises précédentes; et cette crise est plus grave en raison de la mondialisation de l'économie.

Les entreprises

Les entreprises sont "tous" les agents économiques qui produisent les produits et services marchands à consommer, c'est à dire les produits et services qui font l'objet de transactions monétaires d'achat vente. Il s'agit de "toutes" les entreprises, c'est à dire des producteurs, de leurs distributeurs, transporteurs, commerçants, car le produit final est celui qui est consommé par le consommateur final. Les produits intermédiaires, c'est à dire ceux qui entrent dans un processus de production, ne sont pas des produits finals; la comptabilité nationale, par le mécanisme de collecte de la taxe à la valeur ajoutée, permet d'éviter de les compter plusieurs fois, puisque c'est le consommateur final qui paie la totalité de la TVA. Les entreprises paient la TVA sur les produits intermédiaires qu'ils achètent à leurs fournisseurs, mais sont remboursés tandis qu'ils perçoivent la TVA sur ce qu'ils vendent à l'entreprise suivante; ils construisent ainsi de proche en proche la TVA, qui grossit d'entreprise en entreprise, et ce jusqu'au consommateur final qui paie la totalité de la TVA.

Comment se divise la production (en bleu sur le diagramme)?.

Une première partie est donnée aux ménages qui consomment les produits et services marchands; ce faisant ils signalent les besoins; ils créent donc, ou renouvellent, la demande de produits et de services aux entreprises, après les avoir consommés. Une deuxième partie de la production est donnée à l'État sous la forme de prélèvements fiscaux obligatoires. Une troisième partie est donnée aux institutions financières sous la forme d'épargne, ce qui correspond à une partie de la production non consommée. La quatrième partie concerne le "reste du monde".

Mais ce modèle simplificateur n'est pas suffisant car il ne reflète pas trois éléments:

  1. la prédominance des institutions financières qui créent et gèrent la monnaie, cad. le "sang" qui irrigue tout le système économique, mais aussi social et politique;
  2. les préférences des choix des ménages, des entreprises et de l'État cad. sur quoi portent leur consommation et leurs investissements et l'éventuelle création de bulles qui gonflent et éclatent créant des crises;
  3. les ressources utilisées pour la production de biens et de services - ressources naturelles et minières - et les déchets produits par le système, cad. la relation de la production et de la consommation avec l'environnement et la finitude de la planète.

On peut compliquer le modèle pour tenir compte de ces éléments mais il deviendrait vite illisible. On peut en tenir compte sous la forme de modèles séparés qui le complètent.

Les ménages.

Considérons les ménages; ce sont tous les ménages, aussi bien ceux qui travaillent dans le secteur marchand et qui sont rémunérés par les entreprises, que ceux qui travaillent dans le secteur public et qui sont rémunérés par l'État, ou encore ceux qui travaillent dans les institutions financières et qui sont rémunérés par elles.

L'État

Pour l'État, le modèle retient comme ressources, le concept de taxes nettes, c'est à dire la totalité des taxes moins les salaires versés aux personnels, lesquels sont inclus dans la catégorie "ménages"; de même, pour la consommation propre de l'État, le modèle retient le concept d'achats nets aux entreprises, c'est à dire les dépenses totales de l'État moins les salaires versés aux personnels. La balance est nulle, positive ou négative; c'est à dire que le budget de l'État est en équilibre, excédentaire ou déficitaire. Dans le cas où le budget de l'État est excédentaire, cet excédent ou surplus vient alimenter les ressources des institutions financières (flèche grise) et augmente l'investissement disponible pour l'accroissement du capital productif des entreprises (et de l'État). Dans le cas où le budget de l'État est déficitaire, ce déficit est prélevé sur les ressources des institutions financières (flèche jaune) et diminue l'investissement disponible pour l'accroissement du capital productif des entreprises (et de l'État).

Le déficit de l'État provient nécessairement de la conjugaison des facteurs suivants:

Si le déficit de l'État sert à couvrir des investissements et que ces investissements augmentent et améliorent les services publics au sens large, ils peuvent être considérés utiles; la dette contractée auprès des institutions financières n'est contrainte que par le taux d'intérêt, et par la qualité de l'emprunteur qu'est l'État pour les épargnants français et étrangers; ces derniers interviennent dans le cadre "reste du monde" c'est le commerce international. Mais la contrainte externe majeure est maintenant le traité de Maastricht avec ses règles de convergence imposées aux pays pour bénéficier de la monnaie unique qu'est l'€ : 3% du PIB pour le déficit annuel, 60% du PIB pour la dette, auxquels s'joutent un critère d'inflation et un critère de taux d'intérêt. Voir critères de Maastricht.

Le reste du monde

Le reste du monde se caractérise par des exportations vers l'extérieur du territoire national, et par des importations provenant de l'extérieur. Et donc par des importations nettes ou par des exportations nettes, si l'on ne retient que des balances positives. Disons: importations nettes = importations moins exportations; ou exportations nettes = exportations moins importations; il faut donc envisager un diagramme différent pour chaque cas.

Dans le cas "importations nettes", le reste du monde contribue à la production, comme représenté par la flèche bleue à la droite du diagramme des flux; et l'équilibre s'obtient par des acquisitions d'actifs français par des étrangers (flèche jaune montant du reste du monde vers les institutions financières).

Dans le cas "exportations nettes", le reste du monde consomme de la production des entreprises, comme représenté par la flèche verte à la gauche du diagramme des flux; et l'équilibre s'obtient par des acquisitions d'actifs étrangers par des français (flèche grise descendant des institutions financières vers le reste du monde).

La situation de la France en 2006 est caractérisée par un déficit public et une dette élevés, et par une balance commerciale négative, c'est à dire des importations nettes. Pour financer le déficit public, l'État prélève sur les institutions financières; et pour financer le déficit commercial, l'étranger acquiert des actifs et/ou finance le déficit du budget.

Voir le commerce extérieur de la France en 2005, son évolution depuis 1994 et la comparaison avec l'Allemagne, le monde, et l'Italie.

Voir l'article sur le déficit. Et l'article "déficits, endettement et manque de croissance économique".

Prise en compte de la valeur des services de l'État

L'inconvénient du diagramme de flux simplifié présenté plus haut, c'est qu'il ne valorise pas la production des services de l'État. En effet ces services sont gratuits, il ne leur correspond donc pas de valeur marchande. En revanche les personnels de l'État consomment leur part de la production marchande, et l'État consomme de la production sous la forme de ses achats nets aux entreprises de production. Pour valoriser les services de l'État, on comptera donc comme valeur fictive, les salaires des personnels de l'État; et on remplacera la boîte "entreprises" par une boîte plus grande (quasiment le double) à savoir le produit intérieur brut (PIB); les prélèvements de l'État en France sont de 44% en 2005, couvrant salaires des personnels, achats et investissements. Le diagramme des flux est alors modifié comme suit.

Ayant assimilé le modèle représentatif des flux, une autre façon de modéliser le fonctionnement de l'économie est chercher les interactions entre les paramètres fondamentaux. Cette approche a été celle de Robert Solow prix Nobel d'économie en 1987 (synthèse neo Keynesienne de la macroéconomie). Celui-ci a défini la fonction de production et les conditions d'une croissance équilibrée de tous les paramètres fondamentaux, c'est à dire une croissance de ces paramètres de manière compatible entre eux. Telle serait la condition pour qu'il n'y ait pas de déséquilibre. La recherche de ces conditions d'équilibre est donc le sujet de la suite de ce dossier.

Dans la deuxième configuration, l'étranger demande de la production aux entreprises, les exportations nettes sont positives, et pour équilibrer le pays devra investir c'est à dire acquérir des actifs à l'étranger. Voir les flux dans ce cas.

Dans la troisième configuration le budget de l'État est déficitaire et pour le financer, l'État prélève sur les marchés financiers. Ces prélèvements diminuent les investissements que font les entreprises. Le commerce extérieur est excédentaire donc le pays finance des actifs à l'étranger. Voir les flux dans ce cas. C'était la situation de la France en 1996-2000.

Voir les flux dans ce cas. C'est la situation de la France en 2005.

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    Mis à jour le 09/10/2016 pratclif.com