Robert Branche: auteur du blog "les mers de l'incertitude"; l'erreur sous l'apparence de la vérité

J'ai découvert récemment le blog de Robert Branche, notamment ces 3 billets:
La crise n’est pas née en 2008, elle est l’expression du processus de convergence des économies | 19 sept. 2011

Ayons le courage de faire face collectivement à la transformation en cours | 20 sept. 2011

Nous n’éviterons pas la baisse de notre niveau de vie | 26 sept. 2011

Ces trois billets m'intéressent car ils rejoignent le cheminement de ma pensée depuis des années. En fait depuis que le club de Rome, au début des années 1970 a mis en cause la croissance qui était alors de l'ordre de 6% - la croissance moyenne durant les 3 décennies 1945-1975 fut de 4.5%, soit presqu'un quadruplement de la production de biens et de services depuis la fin de la 2è guerre mondiale. Cette période fut celle de la reconstruction de l'Europe et de la France dévastées par 5 ans de guerre pour vaincre le totalitarisme de l'Allemagne nazie, et d'un développement économique sans précédent, permis par l'économie de marché et le capitalisme privé ainsi que par l'État par le commissariat au plan pour les grandes infrastructures favorisant la production de biens et de services.

Mais cette période de prospérité croissante a commencé à se tarir en 1973 avec le premier choc pétrolier, manifestation que les pays producteurs de matières premières énergétiques voulaient avoir leur part du gâteau de la croissance mondiale, entraînée par les pays les plus développés: États-Unis, Europe, Japon...

Avant de poursuivre mon propos, il est bon de donner des éléments de l'histoire précédant ces évènements.

Après la 2è guerre mondiale, c'est le dirigisme étatique qui fut la norme dans la quasi totalité des pays, Grande Bretagne, France, États-Unis, Canada... Le communisme en URSS et dans les pays satellites sous son influence, du fait de sa contribution décisive dans la victoire sur l'Allemagne et le totalitarisme nazi, forme allemande du socialisme. C'était aussi le cas dans le reste du monde: en Chine, en Inde, au Brésil, en Argentine, au Chili, et dans toutes les ex-colonies anglaises et françaises devenues indépendantes qui étaient attirées par le modèle soviétique. Le modèle soviétique s'était instaurée en Russie lors de la révolution d'octobre 1917 [lien].

Le dirigisme de l'État s'était déjà imposé durant la période d'entre les deux guerres par suite de la grande dépression de 1929 et l'arrivée des démocrates dit libéraux au gouvernement des États-Unis, avec Franklin Roosevelt. En Angleterre, le dirigisme était aussi la norme dans les années 1930, pour lutter contre les effets de la récession avec notamment l'influence de l'économiste John Maynard Keynes qui prônait l'intervention massive de l'État pour se substituer à l'insuffisance de la demande.

On peut dire qu'après la 2è guerre mondiale, la quasi totalité des pays de la planète étaient organisés selon un modèle interventionniste d'État, socialiste, carrément communiste ou soviétique issu de la pensée de Marx et de Lénine et de la révolution d'octobre 1917 en Russie, modèle Beveridgien en Angleterre, socialiste et commissariat au plan en France, communiste en Italie, démocrates aux États-Unis ... Inde de Nehru et ses relations privilégiées avec l'URSS, Chine de Mao et la révolution culturelle.

Cette "doctrine" cad. mode d'organisation sociale, a commencé à changer au Royaume Uni et aux États-Unis au début des années 1980 avec l'élection de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan au gouvernement. Une partie de l'opinion publique et des élites était alors contre les excès de l'État, de la toute puissance des syndicats, de l'État providence, et manifestaient par leur vote un désir de retour à plus de libertés. C'est alors que la pensée libérale développée au 19è siècle qui avait conduit à la première expansion économique et à première mondialisation refit son apparition comme alternative à l'organisation socialiste. Il faut dire que libéralisme et capitalisme sont synonymes, cad. la propriété privée des moyens de production; que le capitalisme n'avait jamais cessé dans les pays occidentaux où le capitalisme était né au 19è siècle; que ce sont les entreprises capitalistes qui étaient à l'origine de la croissance de la production matérielle et de l'amélioration sans précédent de la prospérité et du bien être. Ce qui contrastait de manière évidente quand on visitait les pays où le capitalisme avait été aboli: Russie, Kazakstan, Tadjikistan, Inde, Chine avant 1979, Tanzanie, Angola, Mozambique... pour ne citer que quelques exemples de pays où j'ai effectué des missions techniques de consultant ingénieur dans les domaines de l'extraction minière, de la sidérurgie et de la métallurgie des métaux non ferreux.

C'est après la chute du mur de Berlin en 1989 et l'effondrement de l'Union soviétique en 1991 que l'attrait de l'économie de marché s'est étendu à l'ensemble de la planète avec la mondialisation des échanges (voir Organisation Mondiale du Commerce), la suppression des droits de douane, l'instauration de places financières en de nombreux endroits de la planète (Shanghai, Bombay, SaoPaulo...) et la liberté des transactions facilité par le prodigieux essor des TIC techniques de l'information et de la communication... La Chine avait commencé le mouvement dès la fin des années 1970 sous l'impulsion de Deng Xiao Ping et depuis le pays a connu une croissance moyenne de 8%, soit depuis 3 décennies. L'Inde a suivi le même mouvement, de même que le Brésil pour ne citer que les principaux pays BRIC mais tous les pays voisins suivent le même mouvement.

Chine, Inde, Brésil et autres pays émergents ont donc considérablement accru la production de biens manufacturés et de services grâce à la mondialisation, usant à leur profit du transfert de technologies occidentales, d'une population locale de niveau d'éducation élevée, d'une main d'oeuvre bon marché correspondant au niveau de vie encore très inférieur à l'occident, de besoins des occidentaux pour des produits manufacturés de qualité et bon marché... d'où une orientation de leurs économies à l'exportation vers les pays occidentaux, forme planétaire de la division du travail.

C'est à ce contexte historique et géopolitique mondial que Robert Branche se réfère pour ses 3 billets cités au début. Il nous dit que le déclin de l'occident a commencé il y a 3 décennies, qu'il est le résultat de la convergence des économies, que les ressources de la planète sont limitées, que nous ne pourrons pas assurer la progression du bien-être pour tous et que nous occidentaux et en particulier français devons nous préparer à une baisse de 50% de notre niveau de vie. Rien que cela!

Je pense que le raisonnement de Robert Branche est erroné cad. qu'il est susceptible de se révéler faux lorsque le "futur" se sera déroulé - falsifiable selon moi. Voici pourquoi [Suite].


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Mis en ligne le 08/09/2012