Comprendre le fonctionnement de l'économie en France, en Europe et dans le monde en 2014 (suite)

Je continue ce tour de l'économie en 2014. L'économie est aujourd'hui l'une des principales idéologies de notre temps. Ce n'est pas une science exacte comme la physique ou la chimie. C'est une science sociale car elle est affectée par les comportements humains individuels et collectifs, dans l'action et les incertitudes, par le passé historique, la langue et la culture des peuples. C'est un domaine qui comporte de multiples aspects liés: la monnaie et le crédit bancaire, la finance, l'emploi et les revenus - qu'ils soient obtenus par le travail ou par des transferts sociaux, la fiscalité et la taxation, les relations internationales, les transports et les infrastructures, la consommation de biens et de services et finalement la production de ceux-ci. Tout cela s'inscrit dans un cadre institutionnel et dans un contexte social et "politique"; je mets "politique" entre guillemets car dans nos pays démocratiques, ce sont les politiques que nous élisons qui se chargent - conseillés par des spécialistes de tous bords - d'orienter l'économie vers la prospérité du peuple; celui-ci exprime sa satisfaction, son inquiétude, ou sa réprobation lors de sondages d'opinions et d'élections.

L'économie est aujourd'hui, surtout dans nos pays développés et riches, l'une des principales idéologies de notre temps. Le principal souci est le chômage d'une partie importante de la population en âge de travailler (#10%) et qui dépend de transferts sociaux pour vivre cad. pour se procurer les éléments de base: nourriture, vêtement, logement, énergie, mobilité. La tendance dans l'imaginaire des gens est de dire que ceux qui sont dans cette situation difficile le doivent à leur manque de formation, à leur paresse, au fait qu'ils sont immigrés, qu'ils ne se sont pas intégrés à la société française.

Il n'en a pas toujours été ainsi, notamment pendant les années 1945-1975, car le chômage était quasiment inexistant pendant ces 3 décennies. Alors pour comprendre le pourquoi de la situation d'aujourd'hui, il est nécessaire d'examiner tous les aspects de l'économie et leurs relations.

Monnaie, crédit et pouvoir d'achat.

On entend souvent dire que l'économie traite de l'argent: la monnaie, le crédit et le pouvoir d'achat. C'est considéré ainsi par la plupart d'entre nous, même si ce n'est qu'un des multiples aspects de l'économie. Avoir de l'argent pour se procurer les biens et services dont on a besoin pour vivre: nourriture, vêtement, logement, énergie, mobilité... et d'autres plus intellectuels et intangibles, comme se procurer un livre, avoir une télévision, voir un film de cinéma, avoir un téléphone portable, se payer une glace, une boisson ou un repas restaurant ou encore un séjour de vacances en France ou à l'étranger. Tout cela fait partie des besoins et désirs de tous les français aujourd'hui. Il n'en a pas toujours été ainsi, de très loin, dans un passé qui n'est pas si lointain. Approchant 80 ans aujourd'hui, j'ai connu l'après 2ème guerre mondiale comme adolescent et comme jeune ingénieur.

Quand nous parlons d'argent, de monnaie et de crédit, il s'agit du moyen qui donne le droit à se procurer des biens et des services sur le marché, qui appartiennent à d'autres, que ce soient des individus, des magasins, des entreprises privées ou d'état. La première condition pour avoir de l'argent - sauf quand on est l'héritier d'un milliardaire - c'est d'avoir un boulot, cad. un emploi rémunéré. On comprend donc que l'économie porte beaucoup sur les questions d'emploi.

Emploi, revenu

D'un point de vue individuel, on peut envisager l'emploi sous plusieurs angles. Le fait d'avoir un emploi et de quel niveau de rémunération, dépend de ses qualifications, de leur rareté relative, et de la demande - par exemple d'entreprises ou d'institutions - pour de telles qualifications. On peut avoir une rémunération très élevée parce que ses qualifications sont rares, comme une star du football ou du show business, d'un chirurgien, ou d'un grand manager. On peut perdre son emploi parce que quelqu'un a inventé une machine qui accomplit votre travail cent fois plus vite. Ou on peut devoir accepter une rémunération plus faible parce que l'entreprise dans laquelle on travaille perd de l'argent parce que ses produits sont concurrencés par des produits fabriqués en Chine ou en Inde ou autre pays à plus faible coûts de production.

Par conséquent, pour comprendre l'emploi du point de vue des individus, il faut s'intéresser aux qualifications et à la formation, aux innovations technologiques et à la recherche et au commerce international. Voilà donc trois éléments supplémentaires qui s'ajoutent au sujet .

De plus, les rémunérations et les conditions de travail sont grandement influencées - individuellement et collectivement - par des décisions "politiques" qui modifient, directement ou indirectement - effet pervers - les caractéristiques du marché du travail. L'intégration des pays de l'Est de l'Europe dans l'UE (aujourd'hui à 27) a eu un impact important sur les salaires et les comportements des travailleurs et des entreprises européennes, en augmentant considérablement les effectifs des travailleurs en Europe, ceux de l'Est, à salaires faibles. La suppression du travail des enfants à la fin du 19ème siècle a eu l'effet inverse, en réduisant considérablement les effectifs des travailleurs potentiels sur le marché du travail à l'époque. Les règlements sur les conditions de travail et le salaire minimum, ont aussi des effets sur les emplois. C'est là un aspect supplémentaire qui concerne les conditions de travail, la rémunération minimum, les possibilités de licencier en cas de difficultés... tout cela ayant trait à la dite "flexibilité du marché du travail".

Transferts sociaux

Mais on peut se procurer de l'argent autrement qu'en ayant un emploi: en bénéficiant de transferts sociaux. Soit des transferts en nature sous la forme de nourriture (restos du coeur par exemple ou distribution de céréales comme cela se fait dans les pays pauvres) ou de services (éducation et transports gratuits, soins de santé). Ces transferts se font soit par les familles entre elles, soit par des associations caritatives, soit par l'État. C'est l'État qui est de très loin le fournisseur de transferts sociaux; pour cela, il taxe les uns (les plus riches) pour distribuer aux autres (les plus pauvres). Voilà donc un sujet de l'économie qui a trait aux transferts sociaux par les dépenses publiques.

Même dans les pays pauvres, les gouvernements ont des dispositifs pour venir en aide aux plus démunis (personnes âgées, malades et handicapées ou affamées). Mais dans les pays développés riches, les dispositifs de transferts sociaux sont très importants; c'est l'État providence basé sur la fiscalité progressive - ceux qui gagnent plus sont taxés proportionnellement plus à proportion de leur revenu, et sur des avantages universels - chacun qu'il soit riche ou pauvre, ayant droit à un revenu minimum et à des services de base comme l'éducation et les soins médicaux.

Consommation

Une fois qu'on a accès aux ressources de la société, que ce soit par les revenus d'un emploi ou par des transferts sociaux, on les utilise cad. qu'on les consomme. Chaque individu doit satisfaire ses besoins de base, nourriture, eau, vêtement, logement, énergie, mobilité, éducation, santé... puis satisfaire à des besoins intellectuels plus élevés - livres, TV, internet, téléphone portable, restaurant, vacances et voyages etc. Une bonne partie de l'économie a donc trait à la consommation [lien CREDOC]. Comment les gens distribuent leurs revenus entre différents biens et services, comment ils choisissent entre des biens et services équivalents, comment ils sont influencés ou manipulés par les pratiques commerciales, les soldes, la publicité et le marketing; et quels sont les biens et services liés à la "position" sociale et aux hauts revenus, ce qu'on qualifié de "haute gamme" - comme les voitures ou les produits de luxe.

Production.

Finalement, toutes les ressources consommées doivent être produites et on revient ainsi au début cad. à l'emploi. Les produits de la ferme pour la nourriture, les produits manufacturés dans les usines, transportés et distribués dans les magasins, et tous les services. Tout ceci est le sujet de l'économie de la production. C'est un peu une boite noire - une combinaison de capital, de main d'oeuvre et de savoir faire - négligée par la plupart des économistes, qui laissent cela aux ingénieurs, aux entreprises et aux entrepreneurs. Le débat actuel en France le démontre bien avec ce pacte de responsabilité et de solidarité. La production est plus que le modèle de Solow. Le capital, la main d'oeuvre et le savoir faire ou l'efficience, impliquent une multitude d'aspects qui affectent le succès ou l'échec.

Le schéma suivant résume les différents sujets économiques évoqués.

La monnaie, les banques et le système financier

La monnaie, les banques et le système financier, producteurs de monnaie et de crédits, intermédiaires entre les épargnants qui ne consomment pas tout leur revenu, et les capitalistes et investisseurs qui consomment plus que leur revenu, ont une importance énorme dans l'économie. Les crises de 1929-1933 et 2007-2009 en sont la manifestation [lien]. Voir ce dossier sur le sujet.

Liens

  1. Comprendre l'économie
  2. Comprendre l'économie fil rss
  3. Crises financières
  4. Crises financières fil rss
  5. Monnaie, banques et finance
  6. Mark Blaug
    1. Mark Blaug on the normativity of welfare economics pdf
    2. Mark Blaug economic theory in retrospect pdf
    3. Formalism, rationality, and evidence: the case of behavioural economics pdf
    4. Mark Blaug on the historiography of economics pdf
    5. Competition an evolutionary process
  7. The puzzle of modern economics pdf
  8. From political economics to freakonomics pdf
  9. Classement des 500 premiers créateurs d'emplois les500.fr
  10. La compétitivité est devenue mantra de notre époque | Alain de Benoist
  11. L'impuissance face à la crue du chômage
  12. Pôle emploi: le chômage explose à nouveau en mai (+0,7%), toujours aucune visibilité
  13. Chômage : inverser la courbe | INstitut Montaigne
  14. La géographie des taux de chômage | Olivier Bouba-Olga
  15. Février 2014: Le chômage poursuit sa hausse.
  16. Chômage et mythe du "Plein Emploi"
  17. Chômage : savoir et agir | Daniel Martin
  18. Pourquoi la "sortie de crise" n'en finit-elle pas de se faire attendre? Institut Turgot
  19. Interview de Pierre Gattaz président du Médef par JP.Elkabach
  20. Mouvement ETHIC entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance
  21. CREDOC centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie et la consommation


Mis en ligne le 02/07/2014 pratclif.com