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CROISSANCE POUR QUOI?

Note pour mes lecteurs: Je ne suis pas économiste, ni gestionnaire de la chose publique; je suis un simple citoyen, ingénieur de formation, ayant fait toute ma carrière dans les mines et la métallurgie, dont une bonne partie comme consultant et expert à l'international. Observateur attentif de la situation de la France, lecteur assidu de tout ce qui se publie sur le sujet dans les journaux, les revues, les livres, et des rapports et analyses par les spécialistes - OCDE, INSEE, Cour des Comptes, OFCE, INED, Eurostats, Banque Mondiale, FMI et bien d'autres, je tiens depuis plusieurs années un dossier sur la situation de la France. Je pense que nos compatriotes ne sont pas suffisamment conscients des enjeux de notre époque et de la nécessité de nous adapter pour suivre l'évolution du monde. Cette contribution est forcément imparfaite et incomplète car le sujet est très complexe et ne peut relever d'un seul individu. J'ai essayé d'être le plus objectif possible en m'appuyant sur des données factuelles publiées par les institutions françaises et internationales.

Sommaire
Libérer les freins à la croissance française
Le constat
Ce constat est-il corroboré par des données statistiques?
Ce constat est-il corroboré par des analyses d'Institutions Internationales?
Les causes
Des présupposés dans tout cela
Développement économique
Croissance et PIB
Principaux facteurs d'accroissement de la quantité de biens et de services produits
Poids de l'État et des services publics dans le PIB
Conclusion

Libérer les freins à la croissance française

Libérer les freins à la croissance française, tel est l'objectif de la commission Attali installée par le gouvernement fin août 2007. Voir le site de cette commission. Un énième commission s'ajoutant aux précédentes - Camdessus, Pébereau, Cahuc Kramerz les plus récentes - et aux multiples livres, articles journaux d'observateurs français et étrangers. Les commissions se succèdent à raison d'une tous les deux ans. Voir le dossier que je tiens à jour sur la situation de la France.

Le constat

La situation de la France, l'évolution de sa position relative par rapport aux pays de niveau économique comparable - au sein de l'OCDE, son déficit structurel, le niveau et la croissance de sa dette, le chômage de masse, la montée des inégalités, la perception d'une stagnation du pouvoir d'achat voire d'un accroissement de la pauvreté... Tous ces symptômes qui se développent depuis 30 ans et paraissent s'accentuer, ont été analysés par de multiples spécialistes, auteurs et journalistes, et par de multiples commissions officielles, des études du sénat, de la cour des comptes, de l'INSEE, des instituts de recherche et d'observation de la conjoncture économique. Et toutes ne manquent pas d'observer le paradoxe d'une France qui se sent mal mais qui en bien des aspects se porte bien, par la prospérité de ses grandes entreprises - leur niveau technologique et leurs résultats financiers - par la qualité de ses infrastructures, par l'oppulence de certains segments de sa population. Quand on voyage dans des pays de niveau de développement comparable, en Europe occidentale, en Amérique du Nord - EU et Canada - au Japon ou en Australie et Nouvelle-Zélande, on a pas l'impression d'un décalage important de niveau de vie; ce sont les différences culturelles et de comportement qui frappent le plus. De même, les visiteurs qui viennent de ces pays comme touristes en France n'expriment pas une impression de décalage mais sont, eux aussi, plutôt frappés par les différences culturelles et de comportement des français. Pourtant, à l'aune de statistiques économiques, la France régresse relativement par rapport à ses voisins de niveau économique comparable et surtout par rapport aux États-Unis, la référence de tous en la matière.

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Ce constat est-il corroboré par des données statistiques?

Ce constat est corroboré par des données statistiques internationales, Banque Mondiale, OCDE, Eurostats. Le PIB par tête exprimé en US$ 2005 aux taux de change nominaux est donné sur les tableaux de ce lien. La France régresse de la 8è place en 1990 à la 11è place en 2005. Et si on calcule le PIB/tête en parité de pouvoir d'achat comme indiqué sur les tableaux de ce lien, la France régresse de la 10è place en 1990 à la 15è place en 2005.

Nota: Les PIB/tête aux taux de change nominaux sont des données statistiques simples; mais ils ne tiennent pas compte des disparités des taux de change, ni des différences de pouvoirs d'achat dues aux habitudes des consommateurs quant à la disponibilité et aux préférences d'utilisations des produits et services. Le calcul des parités de pouvoir d'achat tente de répondre au problème. Il s'agit de théorie économique très pointue que seuls des experts économistes spécialisés peuvent comprendre - experts économiques académiques, à la Banque Mondiale, à la Banque Asiatique de Développement et à l'UE. N'ayant pas la capacité d'en juger, je me bornerai donc à admettre leur méthode et les calculs qui en résultent. Les parités de pouvoir d'achat les plus pertinentes sont par la méthode EKS, d'où le terme PPPs at EKS. Ce sont elles qui sont utilisées dans les tableaux. Voir cet article sur les parités de pouvoir d'achat publié par la banque mondiale.

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Le constat est-il corroboré par des analyses d'autres commissions en France?

Oui, le constat est corroboré par des analyses d'autres commissions en France. Les plus récents sont accessibles ici.

Le constat est-il corroboré par des analyses d'Institutions Internationales?

Oui, le constat est corroboré par des analyses d'Institutions Internationales. L'OCDE publie régulièrement des analyses de pays. Ceux consacrés à la France sont accessibles ici.

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Les causes

Si la plupart des auteurs sont globalement d'accord sur le constat et les causes, les divergences de vues apparaissent quand on en vient aux remèdes pour traiter les causes. Les causes les plus fréquemment avancées sont la perte de compétitivité des entreprises françaises, de leur faible niveau d'investissements surtout dans les technologies nouvelles, la part de l'État et des services publics et de leurs personnels ainsi que leur manque d'efficacité et d'efficience, éléments qui déterminent le niveau des dépenses de l'État et celui des prélèvements fiscaux pour les financer. Il est aussi question de la trop grande générosité de notre système d'indemnisation du chômage, de la rigidité du marché du travail, de l'accès restreint à de nombreux métiers du fait de corporatismes, du faible taux d'emploi des jeunes et des séniors, de l'inadaptation de notre système d'éducation pour former aux technologies nouvelles, donner de l'emploi et réduire les inégalités sociales, de l'inertie des syndicats de fonctionnaires...

Dans cette situation qui dure depuis plus de 20 ans, le symptôme le plus criant est que les recettes de l'État - État central, collectivités territoriales et sécurité sociale - sont constamment inférieures à ses dépenses. Ce déficit structurel est financé par le recours à l'emprunt, et une croissance continuelle de la dette. Ce n'est pas le déficit et l'endettement en soi qui sont critiqués mais leur caractère non soutenable sur le long terme. Voir ce dossier sur le déficit et la dette. Voir notamment cet extrait du rapport de la cour des comptes de 2005 (rapport préliminaire sur le budget 2004: TITRE 3).

La politique des gouvernements, droite et gauche confondus, est toujours la même. Devant un volume de dépenses publiques quasiment incompressibles, en raison de la structure de la société française et des préférences de la population dans son ensemble pour un État "fort" qui les assiste, le gouvernement table sur des recettes incertaines liées à la croissance économique. Dans la préparation des budgets de l'État, le taux de croissance considéré se révèle toujours plus élevé qu'il n'est en réalité. Exemple on prévoit 2.25% et en réalité il est de 1.9%. Dépenses fixes et connues, recettes incertaines, la France est donc comme un homme qui a toujours le nez au niveau de l'eau, et c'est l'accroissement de la dette qui nous maintient dans cette position. Aucun gouvernement n'ose dire qu'il faut augmenter les prélèvements, solution la plus facile, ou réduire structurellement les dépenses publiques, solution très difficile, voire impossible car les français n'y sont ni enclins, ni préparés par le gouvernement, les partis politiques, les syndicats et les médias.

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Des présupposés dans tout cela

Cependant, il y a dans tout cela des présupposés que peu de gens mettent en question. D'abord le concept de croissance et son indicateur, sa mesure, le PIB, Produit Intérieur Brut. Tout augmentation de la croissance est bonne, toute diminution de la croissance est mauvaise. Ainsi une croissance de 2.5% chez nous est considérée comme bonne, mais si cet indicateur devient 1-1.5% c'est considéré comme mauvais. Le présupposé c'est que plus le taux de croissance d'une année sur l'autre, ou en moyenne sur plusieurs années, est élevé, mieux c'est pour l'économie, le pays et sa population. Quand il y a une diminution de ce taux, c'est considéré comme mauvais. Mais pour nous en France, le taux de croissance a un impact plus important encore, puisque les recettes de l'État en dépendent; et comme les dépenses sont quasiment incompressibles, pour assurer l'équilibre par les recettes - constituées par les prélèvements fiscaux de tous ordres liés à l'activité économique du secteur marchand - il faut un taux de croissance fixé, que le ministère de l'économie et des finances du gouvernement dit être de l'ordre de 2.25-2.50%.

Ensuite la comparaison de la croissance avec les autres pays. Après la 2è guerre mondiale on se comparait à l'Allemagne et au Japon dont la croissance était très forte - en raison de la reconstruction après la guerre, du plan Marshall en Europe et particulièrement en Allemagne, politique américaine conduite par MacArthur au Japon. Aujourd'hui, certains nous comparent aux pays qui ont des taux de croissance très élevés comme les tigres asiatiques il y a 20 ans, ou aujourd'hui la Chine et l'Inde. Observant que la Chine et l'Inde ont des années de retard à rattraper, qu'ils n'ont pas les mêmes niveaux de vie ni les mêmes populations, on doit se comparer aux pays de niveau de développement comparable au notre, au sein de l'UE et de l'OCDE, ou comparer la croissance moyenne des pays les plus développés de l'UE à celle des États-Unis. Dans toutes ces comparaisons la France paraît moins performante que ceux auxquels elle se réfère, par rapport au critère taux de croissance de son PIB par habitant. Examinons quelques uns de ces présupposés. Voir ce site de la Banque mondiale où toutes ces comparaisons sont possibles - les données sont transmises par les Instituts de statistiques des pays et traitées. On y verra par exemple que le taux de croissance de la Chine et de l'Inde pour la période 2000-2004 a été respectivement de 9.4% et 6.2% (France 1.5%); mais leurs revenus disponibles par tête sont respectivement de 1740 et 730 US$ tandis que celui de la France est de 34 600 US$ (données disponibles sur ce site de la banque mondiale). Voir ces données comparatives. On voit que la France avec une population plus de 20 fois plus faible que la Chine a un revenu disponible par tête 20 fois plus élevé, et par rapport à l'Inde un revenu disponible par tête 47 fois plus élevé. Voir ici ce qu'est le revenu disponible par tête tel que calculé par la Banque mondiale. On voit aussi que le niveau de vie de la France est passé de 80% de celui des États-Unis en 1990 à 70% en 2005. Voir ce graphique.

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Développement économique

Qu'est ce que le développement économique?. C'est d'abord l'amélioration de notre bien-être, c'est à dire l'accroissement de la disponibilité de tous les produits et de services qui améliorent nos conditions de vie, produits agricoles et alimentaires, logement, équipements ménagers, disponibilité d'énergie pour que nos logements soient protégés des excès du climat, disponibilité d'eau potable, de systèmes d'assainissement, de moyens de transport pour se rendre à son travail ou à l'école, de transports de marchandises, de systèmes de santé, d'éducation, d'aménagement des villes et des sites, d'éclairage public, et de services publics - police, justice, et autres fonctions régaliennes de l'État. Tous ces éléments constituent ce que nous appelons le niveau de vie. Il est certain que le niveau de vie des Français d'aujourd'hui en 2007 est bien meilleur que celui de nos prédécesseurs en 1950, ou avant la guerre en 1935, et bien meilleur encore que celui de leurs prédécesseurs en 1905 à la veille de la 1ère guerre mondiale, ou de leurs prédécesseurs en 1890. Il est certain que les conditions de vie des Français en 2007 sont bien meilleures que celles des Chinois, des Indiens, des Africains... En fait, les conditions de vie des Français sont parmi les meilleures du monde. Adolescent dans les années 50, je faisais 3km à pied pour aller au collège, mes parents n'avaient pas de voiture, n'avaient pas de frigidaire, pas de télévision, pas de téléphone, l'approvisionnement en nourriture et en produits courants était très limité, faire la lessive était une corvée... Certes cette situation était celle de l'après 2ème guerre mondiale, mais avant la guerre ce n'était pas mieux et mon père me racontait qu'il faisait ses devoirs à la lumière de la bougie. Bref, notre bien-être mesuré par la disponibilité de produits et de services a considérablement augmenté. Les économistes mesurent cela en termes de croissance du PIB et du PIB/tête; ils nous disent que par rapport à 1890 notre richesse a été multipliée par 5.

Depuis quelques années, dans nos pays plus développés, la croissance en volume des produits et services offerts est remplacée par une croissance en valeur c'est à dire en qualité, en contenu technologique. Téléphones portables, ordinateurs, services téléphoniques couvrant la planète entière, réseau internet mondial; et cette évolution s'amplifie chaque année.

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Croissance et PIB

Qu'est ce que le PIB et sa croissance?
Les pays groupés au sein d'Institutions Internationales, notamment l'OCDE, ont mis au point un modèle de comptabilité nationale pour mesurer la production économique et permettre ainsi des comparaisons entre pays, aussi significatives et utiles que possible. Cette modélisation s'est faite après la 2è guerre mondiale, en harmonisant les pratiques des pays les plus industrialisés; elle s'est ensuite appliquée à tous les pays membres des Nations-Unies.

La construction des comptes de la nation dans la comptabilité nationale complète, relève du système élargi de comptabilité nationale, SECN. Le SECN est un modèle très plus complexe et donc difficile à comprendre pour les non spécialistes. On trouvera sa description complète dans: Analyse économique, Comptabilité nationale, Denise Flouzat, Masson 1982.

Pour comprendre les fonctionnement de l'économie, le non spécialiste a besoin d'un modèle plus simple.

Le bien-être de la population d'un pays est constitué par l'ensemble de tous les biens et des services qui lui sont disponibles. Pour mesurer ce bien-être il faut valoriser et ajouter tous les biens et services offerts à cette population mesurée par la valeur monétaire d'échange qui leur est attribuée et/ou par le prix d'achat de ces produits et services. Mais si l'on faisait comme cela, on compterait plusieurs fois des valeurs car le prix de vente d'un produit contient celui des produits qui entrent dans sa fabrication, par exemple l'énergie, ou des approvisionnements divers payés à des fournisseurs. Pour surmonter cette difficulté, on a défini le concept de valeur ajoutée. La valeur ajoutée est le prix de vente des produits et services, moins le prix des produits et services achetés à d’autres entreprises pour réaliser la production. La part du PIB en produits et services est obtenue en sommant les valeurs ajoutées. Pour le secteur marchand, ce calcul est facile car où les entreprises tiennent une comptabilité normalisée qu'elles communiquent aux services comptables de l'État.

Le diagramme suivant montre un modèle simplifié pour comprendre le fonctionnement de l'économie et le PIB.

Mais le bien-être de la population d'un pays contient d'autres éléments qui ne peuvent être comptés de cette manière. Il en est ainsi de services publics qui sont disponibles gratuitement et pour lesquels on ne peut pas donner une valeur ajoutée: éducation, police, justice, affaires étrangères, défense, administrations et ministères, etc. Ces services sont payés par l'impôt et autres prélèvements fiscaux. Comme la valeur ajouté d'une entreprise marchande sert principalement à payer les salaires des personnels, on définit pour les services publics de l'État, une valeur ajoutée, égale à la somme de tous les salaires payés aux personnels des services publiques.

Le diagramme suivant montre le modèle simplifié utilisé plus haut, mais ajusté pour tenir compte des services publics de l'État.

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Principaux facteurs d'accroissement de la quantité de biens et services produits

La quantité de produits et services offerts à la population dépendent essentiellement des technologies de production, des équipements et installations pour produire, et des capacités des personnels à les mettre en oeuvre. Trois facteurs principaux donc: technologie, investissements productifs, et main d'oeuvre, ou plutôt ressources humaines qui à leur tour dépendent du système éducatif. Les interactions entre ces facteurs ont été modélisées par les économistes au cours des décennies; le modèle le plus récent est celui de Solow et Swan, et précédemment celui de Harrod et Domar que Solow-Swan ont ajusté. Si la France a un niveau de production par tête de 70% de celui des États-Unis, c'est que les interactions entre les facteurs clé de la croissance y sont moins favorables. C'est là qu'interviennent comme explication, les politiques de l'État. Voir ce lien.

Poids de l'État et des services publics dans le PIB

Le PIB se compose donc de deux parts, une part de production marchande, l'autre part des services publics de l'État. La production marchande est composée des productions de toutes les entreprises et institutions qui produisent biens et services et les vendent. On les regroupe en catégories et pour simplifier on les regroupe en 4 secteurs: agriculture, industrie, transformation et services. Quant aux services publics de l'État, on en donne la part en % dans le PIB.

La part de l'État et donc la structure du PIB dans chaque pays diffère en fonction de sa géographie, de son climat, de sa topographie, de son histoire et de sa culture. La décomposition du PIB par secteurs d'activité, la part des entreprises du secteur marchand et des services publics en résulte. Aucun pays ne peut se comparer strictement à un autre.

Notre histoire de France est spécifique comme l'est l'histoire de tout autre pays. Nous avons hérité d'une France forgée par les rois, par Richelieu, Colbert, Napoléon, les révolutions du 19è siècle, le second empire, la colonisation, la séparation de l'église et de l'État et notre république laïque, la guerre 1914-1918, l'entre deux guerres et le front populaire, la debacle de la deuxième guerre mondiale, le gouvernement de Vichy, l'honneur sauf avec le général de Gaulle, l'après guerre et les communistes au pouvoir, la 5è république avec de Gaulle revenu au pouvoir... le pays s'est doté de structures étatiques fortes pour se moderniser après les destructions de la 2è guerre mondiale.

La France s'est dotée de structures étatiques fortes pour se moderniser après les destructions de la 2è guerre mondiale. Mais l'État fort a toujours été une tendance de la France, depuis Colbert. Aujourd'hui, l'État représente près de 50% du PIB (47% en 2004), c'est la part la plus importante de tous les pays de niveau économique comparable. 53% de notre PIB est donc la part du secteur marchand, le % le plus faible. Cela signifie qu'une part plus importante qu'ailleurs de notre niveau de vie est pris en charge par l'État.

Lee PIB en parités de pouvoir d'achat (PPP pour purchasing power parities) des pays ainsi que les PIB/habitant en PPPs sont indiqués ci-dessous:

On y voit que les dépenses publiques en France sont plus élevées que chez nos voisins.

Imaginons un pays où les dépenses publiques seraient limitées seulement aux fonctions régaliennes de l'État. La structure du PIB serait différente; les prélèvements fiscaux seraient moins élevés, les ménages et les entreprises auraient un pouvoir d'achat plus élevé avec lequel ils devraient acheter les mêmes services mais rendus par des entreprises ou institutions marchandes. Celles-ci seraient soumises à l'obligation d'équilibrer leurs recettes et leurs dépenses; elles effectueraient des évaluations permanentes de leur activités, de leurs performances pour satisfaire leurs usagers et de leurs résultats. La thèse des libéraux est que les services seraient rendus de manière plus efficiente et à moindre coût pour la collectivité. Il resterait alors du pouvoir d'achat pour des dépenses autres, d'où un accroissement du PIB tant de sa part marchande que de sa part services publics d'État.

Conclusion

Pour conclure, voir ce lien sur l'analyse de la situation de la France par l'OCDE: "Etude économique de la France 2007 : Les principaux enjeux de la politique économique française".

Il est sans doute irréaliste de croire que la France puisse changer d'organisation de sa société et modifier de fond en comble son système hérité de l'histoire et qui a la préférence des Français. Ce serait une révolution comme celles qu'on a connues naguère ou du genre de celle qu'a connue l'ex URSS au cours des années 1980. Peut-être faut-il se satisfaire de retouches et de réglages en espérant que par effet d'accumulation, elles finiront par constituer les réformes dont le pays a besoin. Il s'agit de maîtriser les dépenses publiques et d'atteindre un équilibre sur longue période des dépenses et recettes, d'avoir un endettement soutenable, d'assurer la flexibilité du marché du travail.

Si structurellement certaines dépenses publiques peuvent être réduites, il s'agira d'un transfert vers le secteur marchand. La question est de savoir si leur coût sera moindre ou plus élevé pour les Français? S'il est moindre c'est que l'État était moins performant, s'il est plus élevé c'est que l'État ne faisait pas payer ces services à leur vrai prix. On ne pourra le savoir qu'en tentant l'expérience.

La vraie raison de la recherche d'une croissance de 2.5% - objectif de la commission, car je suppose que le 5% annoncé au début était une erreur - n'est elle pas l'équilibre des dépenses publiques par les recettes, afin d'assurer l'équilibre budgétaire sur longue période et une dette gérable en fonction de ces recettes, c'est à dire accroissement de la dette en période de croissance plus faible, et diminution de la dette en période de croissance plus forte?

Je citerai en conclusion, la chronique de Jacques Attali sur les réunions du parti socialiste à la Rochelle, car ces propos me paraissent résumer ce qu'il faut, en dehors de tout clivage politique droite/gauche. On trouvera la chronique de Jaques Attali sur l'état de la France en mai 2014 [ici].

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Mis à jour le 08/05/2014