Maxime Combes à l'émission "Terre à Terre"
de Ruth Stégassy 24 septembre 2011

J'ai écouté l'émission "Terre à Terre" de Ruth Stégassy ce 24 septembre 2011; elle recevait Maxime Combes sur le thème du "pillage" des ressources minières de la planète. Maxime Combes est un activiste qu'on peut qualifier d'extrêmiste (lien) au sens d'une minorité qui veut alerter sur les dérèglements que notre société a engendrés et agir pour les conjurer: le toujours plus, pour tous et partout, croissance exponentielle indéfiniment, de la population, de la production de matières premières, de leur transformation en produits, de leur consommation, de la production de déchets solides, liquides et gazeux rejetés dans les milieux naturels.


Ecoutez Maxime Combes à l'émission "Terre à Terre" de Ruth Stégassy 24 septembre 2011


Croissance exponentielle, croissance indispensable au bien-être cad. à la production (emploi) et à son symétrique, la consommation? Une croissance exponentielle indéfiniment est IMPOSSIBLE; il y a forcément un jour un arrêt de cette croissance. Les craintes du changement climatique, les déséquilibres du commerce mondial, la crise commencée en 2007-2008 qui s'approfondit en 2011-2012, affectant plus dûrement les pays du Nord, ne seraient-ils pas les signes avant-coureurs de ces dérèglements liés à la croissance exponentielle?

De multiples auteurs participent au même tempo (lien), contribuant à la prise de conscience que nos sociétés du "Nord" ne peuvent pas continuer indéfiniment dans cette voie. Comment en est-on arrivés là?

Dans cette émission "Terre à Terre", Maxime Combes commence par les gaz de schistes en France, mais cela n'occupe qu'une petite partie de l'émission. C'est sur l'exploitation généralisée des matières premières - pétrole, gaz, cuivre, or, coltan, terres rares etc... qu'il veut nous alerter. C'est que les concentrations élevées de minéraux "utiles", cad. transformables en produits donnant du bien-être à l'homme, ne sont pas réparties de manière "égalitaire" à la surface de la planète. Par ailleurs l'histoire des techniques montre qu'on a exploité les concentrations (teneurs) les plus élevées donc les plus faciles à extraire et à transformer, en premier et que la ressource devenant plus rare, il faut inventer des techniques pour trouver, extraire et transformer des teneurs de plus en plus faibles. Il en est ainsi notamment du cuivre, de l'or, du coltan, du diamant. Pour le cuivre, les concentrations exploitées sont typiquement des minerais de moins de 0.5% de cuivre que l'on concentre à 30-33% sur les sites miniers - pour 1 tonne de concentré on rejette donc #65-100t de matières stériles sur le site. Le concentré 30-33% de cuivre est ensuite concentré à 99.95% de cuivre dans une fonderie qui a aussi un impact important sur l'environnement. J'ai dénoncé avec l'ONG RAID les agissements d'une société minière au Zaïre (lien).

Naturellement l'utilité et la demande de ces produits est telle que leur prix doit équilibrer les coûts de production. Pour l'or ce sont des concentrations de départ de 1-5g/tonne; et pour le diamant de 5-10 carats/tonne (1carat=0.20g). L'or est extrait par des techniques de concentration mécanique puis par amalgamation avec le mercure (lien); plus récemment on a mis au point des techniques par lixiviation en tas (dissolution de l'or contenu dans le minerai) avec des liqueurs de cyanure à faible teneur, suivi du capatage de l'or dissous dans la liqueur cyanurée, sur du charbon actif (lien). Le processus se déroule en circuit fermé par pulvérisation de la liqueur cyanurée sur des tas de minerais disposés sur des aires étanchéifiées par une couche de polyane. Le danger est la fuite de ces aires vers le milieu naturel et la contamination des eaux, ce qui s'est produit plusieurs fois dans le Montana (lien).

L'alerte de Maxime Combes, pour les gaz de schistes, pour le traitement de l'or au mercure ou par lixiviation en tas au cyanure, l'extraction du cuivre dans des mega mines, les fonderies de cuivre, etc. etc. est bienvenue et légitime. En effet, tous ces projets se déroulent dans des contrées lointaines où des concentrations de minerais utiles se situent. Autrefois on s'approprait ces ressources par la force dans le cadre de la colonisation (du 19è siècle jusqu'en 1945). Partout ces exploitations minières sont plus ou moins en concurrence, voire en conflit, avec les populations locales, leur mode de vie, la sécurité d'accès à des biens essentiels, dégradation de la qualité de l'air et de la qualité des eaux, destruction des paysages... Le refus par les populations locales d'un projet de mine cuivre en Equateur est exemplaire à cet égard (lien). C'est le cas aussi bien dans le pays du tiers monde que dans les pays développés. Aux États-Unis - Montana, Nevada, Wyoming ... en France cessation des activités minières uranium, disparition des fonderies de plomb zinc de Pennaroya à Noyelles Godault.

Mais il faut voir tout ceci sur le temps long qui dépasse une voire plusieurs générations humaines. Tout dans ce monde est lié: population, production et consommation de biens et de services par tête, croissance de cette production/consommation par tête, déséquilibres des échanges commerciaux entre pays dans le cadre de la mondialisation, rôle de la monnaie, dépenses publiques, etc. etc. Nous sommes comme des enfants en train de construire des tas de sable, ajoutant sans cesse des pelletées au sommet, jusqu'au moment où une pelletée fait s'écrouler le tas et qu'il faut recommencer en partie ou en totalité !

Mis en ligne le 24/09/2011