Comprendre le fonctionnement de l'économie en France, en Europe et dans le monde en 2014

Cette compilation de mes lectures a pour objet de comprendre la complexité de l'économie et des choix politiques qui doivent la faire progresser, pour accroître le bonheur de tous et de l'humanité entière. L'économie n'est pas une science exacte comme la physique et la chimie. C'est une science sociale car elle est affectée par les comportements humains individuels et collectifs, dans l'action et les incertitudes, par le passé historique, la langue et la culture des peuples.

Les grands penseurs économistes ont tenté de comprendre et d'expliquer le fonctionnement de l'économie, chacun à des époques différentes de l'évolution des société humaines et dans des circonstances historiques différentes. Dans la nature humaine, comprendre et expliquer, c'est simplifier et modéliser en utilisant des concepts simples, arithmétiques, mathématiques et statistiques. C'est pourquoi il existe depuis le 16è siècle et ensuite après la révolution industrielle, plusieurs écoles ou doctrines économiques élaborées par des économistes de renom [lien]. Les modèles explicatifs de toutes les écoles ont leurs forces et faiblesses pour préconiser des actions efficaces, en prévoir les résultats et influer sur les politiques qui mettront en oeuvre leurs préconisations.

L'économiste Ha-Joon Chang propose neuf écoles de pensée économique. Ce ne sont pas des ennemies inconciliables; elles sont toutes plus ou moins complémentaires: l'école classique issue d'Adam Smith, l'école néo-classique son rameau, issu d'Alfred Marshall, l'école Marxiste, l'école Keynésienne, l'école institutionaliste, l'école Schumpéterienne, l'école Autrichienne, et l'école dite du développement et l'école de l'économie comportementale.

Ha-Joon Chang propose à ses élèves de se faire un cocktail en mélangeant un assortiment de ces neuf écoles économiques, où l'on retrouve la liste des grands économistes cités précédemment. Il recommande surtout de ne pas boire un seul de ces ingrédients car cela risque de ndonner une vision étriquée, de l'arrogance, et même la destruction du cerveau. Ne connaître qu'une seule école, c'est comme si l'on n'utilisait pour outil qu'un marteau, car alors la vision du monde économique ne serait que la recherche de clous.

L'économie au sens de la production de biens et de services en quantité croissante n'a commencé qu'après la révolution industrielle, la révolution française, la fin des guerres napoléoniennes et l'essor de l'Angleterre qui avait pris la tête de la coalition européenne contre cette tyrannie française. Jusqu'alors la croissance de la production avait été très faible, de moins de 1% par an, ce que montre ce graphique

(src: wikipedia).
On voit que la croissance était encore faible jusqu'en 1945 fin de la 2ème guerre mondiale. Puis elle s'est accélérée de 1945 à 1975 aux États-Unis et en Europe occidentale, et que le taux de croissance a été énorme comme jamais connu, en Asie (Japon, Singapour, Taiwan, Corée du Sud, Chine, Malaisie, Indonésie...). En revanche les pays d'Afrique sont restés pauvres et certains les plus pauvres du monde. C'est tout l'enjeu de l'aide au développement, l'ONU et la banque mondiale.

Des chiffres indicateurs de PIB mondial, par pays et niveaux de revenu national brut (GNI gross national income) reflet du niveau de prospérité, sont ici [lien]. On voit que le Burundi est le pays le plus pauvre avec un RNB de 270$, comparé aux États-Unis avec un RNB de 52 340$. Et parmi les pays à revenu élevé, la Norvège (PIB 500 G$, population 5 millions) est en tête avec 98780$. Ce pays bénéficie d'une ressource bonanza de pétrole et de gaz.

Mais il faut interpréter et utiliser ces chiffres avec l'esprit critique car d'une part, les niveaux de vie ne peuvent pas se calculer avec les taux de change officiels; et d'autre part, la qualité de vie ne se mesure pas avec le seul PIB et RNB. Comme disait Albert Einstein, tout ce qui compte ne peut pas toujours se mesurer et tout ce qui peut se mesurer ne compte pas toujours (not everything that counts can be measured; not everything that can be measured counts).

Dans les pays où les coûts des produits et services locaux sont faibles en raison du pouvoir d'achat et du système de production local, un dollar ou monnaie de pays riche au taux officiel, bénéficie d'un énorme avantage de change par rapport aux résidents nationaux du pays. Pour la même raison, si ces pays peuvent produire et exporter vers des pays riches, ils bénéficient d'un énorme avantage de compétitivité avec le taux de change officiel. Pour que les comparaisons de prospérité soient plus justes, les économistes définissent alors un taux de change artificiel appelé parité de pouvoir d'achat PPA. La banque mondiale fournit des statistiques RNB calculés à PPA [lien]. Les écarts entre les pays les plus riches et les plus pauvres sont alors considérablement réduits. Ainsi le Burundi passe de 270$/capita à 750$, et la Norvège de 98780$/capita à 67450$.

La qualité de vie ne se mesure pas seulement au PIB ni au RNB en $ courants ou corrigés des PPA. D'une part le PIB ne prend pas en compte des activités non monétarisées comme les travaux de ménage, de garde d'enfants, d'aide des personnes âgées à leurs familles ou des enfants à leurs parents âgés, ni les travaux bénévoles effectués au sein d'associations charitables... Tout ceci a été développé dans le rapport Stiglitz, Sen et Fitoussi [lien] au gouvernement Sarkozy; des recommandations ont été faites à l'INSEE qui va les prendre en compte dans de nouvelles statistiques [lien].
L'écart entre la mesure statistique des faits socio-économiques et leur perception par les citoyens est devenu depuis quelques années un sujet sensible.

La qualité de vie ne se mesure pas au seul RNB mais à bien d'autres éléments non mesurables, comme ceux mentionnés par le rapport Stiglitz, Sen, Fitoussi. L'OCDE a défini un indice dit "better life index" (indice de mieux vivre). L'intérêt de ce modèle par rapport à d'autres (comme le Human development index) est de pouvoir le personnaliser [lien] en fonction de ses propres perceptions.

La France est dans une situation très difficile depuis 2009; crise ou transition vers un autre état des choses? La croissance de la production est à l'arrêt ce qui affecte l'emploi. Depuis 40 ans le pays consomme plus qu'il ne produit, entretenant un déficit structurel et augmentant la dette souveraine d'année en année jusqu'à atteindre près de 100% du PIB en 2014. L'État fait des prévisions de budget en tablant sur des prévisions de croissance largement sur-estimées d'où des rentrées fiscales qui ne viennent pas. Une croissance de l'État providence et de la redistribution aux plus démunis qui maintient les inégalités en France plus modérées qu'ailleurs, mais qui maintient les assistés dans la pauvreté, réduisant ainsi la consommation qui appelle la production des entreprises.

Car les dépenses des uns sont les revenus des autres. Ce jour le chômage est au plus haut [lien]. Le gouvernement compte sur le pacte de responsabilité pour que les entreprises embauchent. Mais pour embaucher, il faut des commandes, donc des acheteurs dotés de pouvoir d'achat autre que pour les produits de base, nourriture, vêtement et logement. Le matraquage fiscal qui affecte les classes moyennes et particulièrement ceux du dernier décile ne les incitera pas à consommer. Les dépenses correspondantes sont pour l'État central et les collectivités locales. L'État va-t-il passer des commandes au secteur privé? Sinon il faut exporter davantage où on retrouve le problème de la compétitivité.

Ces trois articles de journalistes du Monde du 26 juin 2014, illustrent bien la difficulté de comprendre l'économie pour agir. Les économistes ne sont pas d'accord sur les actions à mettre en oeuvre.
Impuissance devant la crue du chômage

Les sociaux-démocrates veulent "changer les mentalités" face à la rigueur

L'après-Alstom inquiète les patrons

L'État emprunte sur les marchés financiers (Agence France Trésor) à des taux d'intérêt réels très faibles (OAT 0.25% Nov 2016). Pourquoi? Certains craignent que l'augmentation de ces taux ne mette la France en grande difficulté. Il n'est pas certain que les taux augmentent. D'une part l'inflation est faible. D'autre part la France, pays riche à revenu RNB élevé, est considérée comme un pays sûr par les investisseurs; ils ont la garantie que leur capital sera remboursé et que les intérêts seront payés. Enfin la France a le pouvoir de lever les impôts nécessaires auprès des acteurs économiques les plus riches, ce qui se passe en ce moment et qui rassure les marchés.

L'air du temps est à l'austérité pour équilibrer les finances publiques: réduire les périmètre de l'État, les collectivités territoriales, les services de santé, les services publiques, les salaires et avantages des fonctionnaires ... et redéfinir les services publiques par la compression de ceux-ci... Il faudrait trouver d'autres moyens de réformer sans "punir" cad. assurer les services publiques autrement et mieux (voir les pistes suivies au Royaume-Uni). Car la France a beaucoup d'atouts: des infrastructures - ports, aéroports, chemins de fer, autoroutes et routes - un système d'éducation qui forme des ingénieurs performants et du personnel qualifié, un système de santé (INSEE la France en chiffres 2013).

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Mis en ligne le 08/07/2014 pratclif.com