Comprendre l'économie sociale et politique: Difficultés des gouvernements successifs de la France, de gauche comme de droite et d'une grande partie des médias et de l'opinion publique en matière d'économie.

Difficultés des gouvernements successifs de la France, de gauche comme de droite et d'une grande partie des médias et de l'opinion publique en matière d'économie. Ce travail a pour but de comprendre comment fonctionne les économies des pays riches et de voir si une autre société serait possible. Utopie - rêve d'une société meilleure - changement de paradigme.

Dans la situation où se trouvait la France fin 2007, déficit structurel et chronique du budget de l'État de l'ordre de 4O-45 milliards d'€ par an (#3.0% du PIB), dette cumulée de 1200 milliards d'€ (#67% du PIB et toujours en hausse), largement au dessus des critères de bonne gouvernance de Maastricht soit 3% et 60% du PIB respectivement, (le 60% étant considéré comme un niveau de dette soutenable), déficit commercial de 39 milliards d'€, chômage de masse au sens BIT de 2.0 millions de personnes ou bon an mal an 8-10% de la population active, 4 millions de personnes en situation d'emploi précaire, payés au smic ou travaillant au noir, 1.18 millions de personnes au rmi (09/2007), 3 millions de repas servis par les restaurants du coeur, 80 000-100 000 sans abris, les problèmes de logement, le pouvoir d'achat qui baisse ou qui stagne, les émeutes survenues en novembre 2005 dans les banlieues, les 4 500 voitures incendiées en 2005, et la crise du CPE en mars 2006.... la montée des inégalités de revenus, la crise du logement.... il est permis se s'interroger sur le mode de fonctionnement de notre modèle social et économique, modèle qui est censé donner pouvoir d'achat et bien-être à tous, pas seulement à une élite oligarchique. Voir une approche sur la situation réelle du chômage fin 2006.

Voir "Hauts revenus, bas revenus et « classes moyennes », Une approche de l’évolution des conditions de vie en France depuis 25 ans. C'est une étude du Credoc de décembre 2007.

Tenter de comprendre est l'objet de cet essai. Les sources sont les grands courants économiques et les économistes qui y ont associé leur nom (liens, cadre de gauche: les grands courants économiques) ainsi que les sites des grandes organisations internationales (liens, cadre de droite). Le sujet est vaste et complexe au point de défier nos capacités de compréhension. Il n'existe pas de solution unique, transposable à tous les pays, en matière d'économie - car l'influence de la culture, des comportements individuels et collectifs, du partage entre les secteurs public et privé, bref de choix de société sont importants . Mais le fonctionnement de l'économie est de mieux en mieux compris notamment à travers l'équilibre entre les paramètres fondamentaux (sur ce point voir le modèle de croissance de Solow). Il semble que seule l'économie de marché permette la création continue de richesses, entendez la croissance. L'effondrement de l'URSS, l'adoption de l'économie de marché par tous les pays de l'ex-URSS, la Chine, l'Inde, et presque tous les autres pays de la planète (sauf Cuba) en témoigne. Consulter les institutions et les comparaisons internationales dans les liens du cadre de droite.

Durant les siècles passés, notamment au XIXè, de nombreuses essais d'organisation différente de la société ont été tentées en occident, pour tempérer les excès du capitalisme tels qu'ils étaient perçus - comme aujourd'hui encore . Tous ces essais sont restés sans lendemain et sont classés dans le recueil des utopies. Mais ils ont eu une influence importante dans l'évolution de la pensée économique et de la société, de même que Marx et Lénine. Saint-Simon, Robert Owen, Charles Fourier, Louis Blanc, Proudhon le père de l'anarchie, les pionniers de Rochdale, le mouvement coopératif, les coopératives de production. Voir économie sociale.

Néanmoins chaque pays adopte des solutions propres en matière d'économie, en fonction de son histoire et de sa culture. Dans chaque pays, les problèmes et les solutions varient d'une époque à l'autre. Grâce aux institutions internationales que sont l'ONU, la banque mondiale, le fonds monétaire international, l'OCDE, les pays peuvent comparer leurs performances économiques. Ces comparaisons montrent que la France et l'Europe en 2006 présentent des faiblesses par rapport à leurs homologues de développement économique comparable dans l'OCDE.

L'économie est une science. Mais à la différence des sciences exactes, comme les mathématiques, l'astronomie, la physique, dont les modèles permettent de prévoir exactement le comportement des phénomènes qu'ils observent, l'économie traite du comportement des hommes et des résultats de ce comportement sur notre bien-être. L'économie s'apparente ainsi aux sciences sociales qui traitent elles aussi des comportements humains. Mais l'économie se rapproche plus des sciences exactes que les sciences sociales car elle dispose de données quantitatives mesurables, des statistiques sur lesquelles elle peut baser ses interprétations et par lesquelles elle peut construire des modèles expliquant le fonctionnement de l'économie et qui permettent, dans une certaine mesure, d'en prévoir l'évolution.

Le fonctionnement de l'économie nationale et les comparaisons internationales reposent sur ces données mesurées et leur interprétation. Les comparaisons internationales notamment, s'appuyent sur des techniques complexes qui nécessitent une maîtrise des statistiques et des mathématiques. Voir ici le site de la banque mondiale consacré à ces comparaisons. Et ici un site consacré à des comparaisons de chiffres clé du développement des pays de la planète.

Les comparaisons internationales sur le plan des performances économiques constituent une sous discipline de la science économique. Les PIB/tête aux taux de change nominaux sont des données statistiques simples; mais ils ne tiennent pas compte des disparités des taux de change, ni des différences de pouvoirs d'achat dues aux habitudes des consommateurs quant à la disponibilité et aux préférences d'utilisations des produits et services, lesquelles varient selon les cultures et aussi les prix relatifs des produits. Le calcul des parités de pouvoir d'achat tente de répondre de manière simple à ce problème très complexe. Il s'agit de théorie économique très pointue que seuls des experts économistes spécialisés peuvent comprendre - experts économiques universitaires, ou à la Banque Mondiale, à la Banque Asiatique de Développement et à l'UE. N'ayant pas la capacité d'en juger, je me bornerai donc à admettre leur méthode et les calculs qui en résultent. Les parités de pouvoir d'achat les plus pertinentes sont par la méthode EKS, d'où le terme PPPs at EKS. Ce sont elles qui sont utilisées dans les tableaux. Voir cet article sur les parités de pouvoir d'achat publié par la banque mondiale.

La situation de la France en 2007 dure depuis près de 30 ans et personne ni aucun gouvernement politique n'a trouvé le moyen de nous sortir de ce marasme. Après une période de croissance économique continue (4.5% de croissance annuelle) pendant les 30 années de 1945 à 1975, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la croissance économique s'est enrayée. Depuis, le pays est entré dans une période de cycles de faible croissance (1-2% de croissance annuelle) et de reprise (2.0-2.5% de croissance annuelle). Les premiers cycles de ralentissement ont été marqués par des restructurations de secteurs industriels touchés les premiers par l'évolution économique - charbonnages, mines de fer et sidérurgie, mines et métallurgie des métaux non ferreux, textiles. En 1960 la France produisait 25 Mt de charbon, 67 Mt de minerai de fer, 18 Mt d'acier. En 2005, la production de charbon, de minerai de fer et de minerais non ferreux est nulle; la production d'acier est restée stable mais l'acier est produit à partir de minerais importés et de ferrailles de récupération. Les centrales électriques au charbon fonctionnent sur des charbons importés (le Havre, Cordemais près de Nantes, notamment).

Ces cycles de ralentissement s'accompagnent d'une tendance à la baisse de l'emploi, et d'une montée inexorable du chômage, conjoncturel d'abord, puis structurel car le chômage se maintient bon an mal an, même au cours des cycles de reprise économique, autour de 10% de la population en âge de travailler. Le chômage a aussi une cause démographique, l'accroissement de la population active; les jeunes générations arrivant sur le marché du travail sont plus nombreuses que les générations qui en sortent; mais cette situation commence à s'inverser en 2008 et cela s'accentuera à partir des années 2010, avec une baisse de la population active et un vieillissement de la population. La France doit s'adapter à ce vieillissement de sa population en augmentant la productivité des facteurs travail et capital ainsi que l'efficience des deux, afin de maintenir voire d'accroître le niveau de vie de tous.

La situation économique s'est aggravée à partir de la fin des années 1980 après l'effondrement de l'URSS. Après cet effondrement, tous les pays du monde ont adopté l'économie de marché, notamment la Chine et l'Inde. Auparavant la Chine sortait de la révolution culturelle de Mao et l'Inde avait pour politique l'autarcie absolue. Voir dossier Chine et dossier Inde.

Voir la situation du monde après l'effondrement de l'URSS.

Depuis plus de 20 ans, la France s'est adaptée au chômage massif qui la frappait en mettant en place progressivement:

  1. une politique d'assistance de plus en plus généreuse aux chômeurs,
  2. une croissance d'emplois publics et para-publics, de plus en plus nombreux et protégés en sécurité d'emploi, augmentation de salaires, régimes de retraite et avantages sociaux divers (crédits immobiliers à taux zéro par exemple).
  3. l'ajustement se fait dans le secteur privé concurrentiel, par effet sur la demande et l'offre des volumes produits, les effectifs de main d'oeuvre utilisés, et le niveau moyen des salaires nets. On évalue aujourd'hui le pouvoir d'achat net disponible après paiement de toutes les dépenses dites contraintes ou incompressibles. En 2007 la plupart des catégories de français ont le sentiment que leur pouvoir d'achat net disponible diminue ou est en stagnation. Voir dossier sur ce sujet.

Il y a 6 millions de fonctionnaires publics (État central, collectivités locales, fonction hospitalière) et para-publics en France, ce qui ajouté aux 6 millions de chômeurs et de précaires fait 12 millions; alors que la population en âge de travailler est de 27.6 millions (2005); soit 45% de personnes qui ne participent pas à la production des biens et services marchands que tout le monde veut consommer. Historiquement, la France s'est dotée de structures étatiques fortes pour se moderniser après les destructions de la 2è guerre mondiale. Mais l'État fort a toujours été une tendance de la France, depuis Colbert. Aujourd'hui en 2007, l'État représente plus de 54% du PIB (47% en 2004), c'est la part la plus importante de tous les pays de niveau économique comparable. Ce 54% représente les parts de l'État central, des collectivités locales et du système de santé et de retraites. 47% de notre PIB est donc la part du secteur marchand, et c'est le pourcentage le plus faible des pays de l'UE. Cela signifie qu'une part plus importante qu'ailleurs de notre niveau de vie est pris en charge par l'État. Pour financer les dépenses publiques et sociales de 54% du PIB, il faut un taux de croissance minimum que les services du ministère de l'économie et des finances estiment de l'ordre de 2.5%. Or le taux de croissance potentielle, c'est à dire la croissance possible sans inflation, n'est que de 2% telle qu'estimée par les économistes. C'est de la différence 0.5% qui nous manque, que proviennent le manque de production, le chômage - particulièrement les jeunes et les séniors, la baisse du pouvoir d'achat ressentie par un nombre de plus en plus grand de français et la montée des inégalités.

Voir ici le rapport 2007 sur "les leviers de la croissance" par le CAE Conseil d'Analyse Économique.

Pendant le même temps, la concurrence accrue dans les secteurs marchands ouverts à la concurrence des marchés européens et internationaux, conduit de nombreuses entreprises à la cessation ou à la réduction d'activité, suivie de licenciements de personnels, blocage des salaires, et à des délocalisations d'activités de production vers des pays à coûts de main d'oeuvre plus faibles et à la flexibilité du marché du travail plus élevée. Les importations en provenance des pays à faibles coûts de main d'oeuvre excèdent nos exportations dont il résulte que pour équilibrer la balance commerciale négative, les étrangers acquièrent de plus en plus d'actifs français, industriels et immobiliers. Le déficit commercial récurrent est contributeur négatif à la croissance. Parallèlement, la recherche et le développement et l'innovation technique qui doit en résulter sont insuffisants pour compenser les pertes d'emplois dans le secteur marchand. Les investissements privés sont insuffisants; une partie de l'épargne disponible est déviée vers le financement du déficit des finances publiques, déficit qui sert à couvrir des dépenses de fonctionnement et l'investissement est surtout militaire plutôt que civil. De tout ceci, résultent les 10% de chômage devenu structurel. Voir l'article sur le cas de l'industrie de la chaussure en cuir en Europe, par Peter Mandelson commissaire européen au commerce.

Comment relancer l'économie pour retrouver la croissance et par voie de conséquence éliminer l'injustice du chômage, des bas salaires et ds salaires précaires? La question se pose avec d'autant plus d'acuité en ce début de XXIème siècle. En effet tout ce que les économistes nous prédisaient naguère ne semble pas se réaliser, au contraire. La pauvreté dans les pays les plus pauvres ne cesse de s'accroître de même que l'écart avec les pays riches. La richesse dans les pays riches s'accroît et les inégalités entre les catégories sociales se creusent. Le nombre de milliardaires dans le monde s'accroît, 793 en 2005 avec une fortune de 2600 milliards de US$; en 1986 ils étaient 140. Les effets de la globalisation apparaissent, positifs quand il s'agit de produits importés bon marché, mais négatifs quand il s'agit de délocalisations de secteurs marchands entiers. Liens vers délocalisations.

Aujourd'hui les populations de tous les pays veulent participer au formidable essor économique considéré comme source de bien-être qui a jusqu'ici été réservé aux pays "occidentaux" mais qui représentent moins du tiers de la population de la planète. Déjà la Chine et l'Inde, qui représentent près de 40% de la population de la planète, commencent à prendre leur part dans l'expansion économique mondiale et connaissent une croissance forte et continue de près de 10% par an. En même temps, la population mondiale continue de s'accroître, même si les prémisses d'un ralentissement s'annoncent, et pourrait atteindre 9 milliards d'ici 2030. Mais déjà les déchets et les pollutions de tous ordres, produits par l'homme, comme résultat de son activité, de sa technologie et de la croissance formidable du bien-être de moins d'un tiers de la population mondiale, apparaissent de plus en plus comme des menaces pour l'humanité toute entière, notamment le réchauffement climatique qui en serait la conséquence à cause des gaz à effet de serre produits par la combustion de combustibles fossiles, pétrole, gaz et charbon. C'est le pétrole, énergie liquide la plus riche en calories par unité de volume, facile à utiliser, bon marché et abondant, qui a permis le formidable développement économique et la croissance de la population au cours de la deuxième moitié du 20è siècle. L'épuisement graduel de cette ressource et l'impossibilité actuelle de la remplacer par une autre source d'énergie font craindre une rupture profonde dans le modèle de développement que nous connaissons depuis moins d'un siècle. Voir "la fin du pétrole pas cher".

Si, comme de nombreux scientifiques commencent à le craindre, le réchauffement climatique, qu'il soit d'origine naturelle ou antropique ou les deux, s'accélérait en raison de la croissance de la consommation, c'est à dire la consommation d'énergie sous ses formes fossiles, s'il conduisait à déclencher des modifications irréversibles de notre environnement, notamment la capacité de nourrir la population par la pratique de l'agriculture,(Approfondir/En savoir plus sur ce point), tout pourrait basculer et conduire à l'effondrement de l'humanité.

Cette croissance exponentielle de la population, de l'économie, et de tous les effets négatifs qu'elles entraînent, ne sont-elles pas en train de déséquilibrer irréversiblement la planète sur laquelle nous vivons? Que peut-on faire pour y remédier si c'est possible et avant qu'il ne soit trop tard.

Car le dilemme est le suivant:

  1. La croissance économique est nécessaire dans les pays sous développés du monde pour éradiquer la pauvreté qui affecte plus des deux tiers de la population de la planète.
  2. La croissance économique est nécessaire dans les pays développés pour maintenir des niveaux de vie déjà élevés, pour tous et de manière équitable et faire progresser le bien-être, notamment compte tenu du vieillissement des populations.
  3. La croissance économique est nécessaire pour développer les technologies nouvelles qui permettront l'adaptation aux conditions nouvelles.
  4. Mais la croissance économique est très probablement la cause des déséquilibres qui se manifestent sur la planète et qui menacent l'environnement dont dépendent toutes les formes de vie et ce de manière interdépendante.

Le défi est donc de conjuguer développement économique, croissance de la population, anticipation du réchauffement climatique, et développement durable en ce concerne la consommation des ressources naturelles.

Il commence à émerger une crainte selon laquelle croissance économique et développement durable deviendraient incompatibles et que seule la baisse de la population pourrait nous ramener à un certain équilibre, que cette baisse de population résulte de l'action des hommes, ou qu'elle soit imposée par les changements qu'ils provoquent sur l'environnement de la planète. L'arrogance de l'homme moderne, fier de sa technique capable de tout résoudre, nous conduira peut-être au désastre. Mais c'est de la prophétie.... et le plus souvent, disent les optimistes, les prophètes se sont trompés, notamment les experts du club de Rome à la fin des années 1960; ils n'auraient pas prévu la formidable explosion technique. Mais qu'en est-il en réalité? Et voir le document sur le rapport Meadows "limits to growth" de 1972. Et ne pas manquer de lire aussi cette critique.

Suite...


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Mis à jour le 09/10/2016 pratclif.com