Après la crise des banlieues, les étudiants, les lycéens
les anti CPE... la révolution avance

Voilà plusieurs années que j'ajoute ma voix de simple observateur, citoyen et "déclinologue" aux innombrables journalistes, économistes, analystes, rédacteurs de rapports, français et étrangers, sur la situation de la France, dans un dossier que j'ai intitulé "France le désarroi".

Comme je l'ai dit, la situation de la France ne peut pas continuer indéfiniment comme cela. Sans réformes, nous allons vers une énième révolution. La situation d'aujourd'hui avec les manifestations anti CPE des étudiants, excités par la LCI, le parti communiste, les syndicats, et les nostalgiques du "grand soir", ressemble à mai 1968 que j'ai vécu comme ingénieur dans les houillères du Nord et du Pas de Calais. Aujourd'hui, les mineurs, la plupart des sidérurgistes, métallurgistes et ouvriers du textile, ont disparu, mais d'autres catégories de travailleurs peuvent se joindre au mouvement car leur pouvoir d'achat stagne depuis près de 10 ans. Personne ne sait aujourd'hui comment les choses vont évoluer dans les prochains jours ou semaines, ni ce que seront les conséquences de ce mouvement de contestation qui s'apparente à une situation révolutionnaire. Après les banlieues en novembre 2005, aujourd'hui la révolte des étudiants.

Lorsque le CNE puis le CPE ont été proposés par Dominique de Villepin à l'été 2005 dans son euphorie des "cent jours" pour faire baisser le chômage et celui des jeunes en particulier, j'ai pensé qu'une fois de plus le gouvernement appliquait une "mesurette", - positive certes car je suis convaincu que plus de flexibilité dans le marché du travail est nécessaire, pas seulement pour les jeunes mais pour tous -; mesurette dis-je, car même si le gouvernement pouvait obliger par décret les entreprises à embaucher, cela n'aurait pas d'effet si les carnets de commande et la production n'augmenteraient pas. Il en résulterait simplement que les revenus et le pouvoir d'achat de l'ensemble des français continueraient de stagner, les prestations sociales étant remplacées par des cotisations sociales; et pas vraiment de l'ensemble des français, car les 6 millions de salariés des secteurs publics et para-publics continueraient d'obtenir leurs augmentations de salaires indicielles automatiques, et en plus une augmentation de salaires accordée à l'ensemble de la fonction publique.

La France est un très beau pays, où il fait bon vivre. Mais pour qui? En s'insurgeant contre le CPE, les étudiants et les lycéens, encouragés par les habituels nostalgiques du "grand soir" et de "l'internationale", se révoltent contre cette société française en déclin. Ils perçoivent comme une agression supplémentaire de cette société, la volonté du gouvernement qui en est l'émanation, de leur imposer des règles particulières.

Que le gouvernement recule ou non sur la question du CPE n'est pas important car je pense que le CPE est une "mesurette", comparée à l'étendue des réformes pour lesquelles le pays a tant de retard. Le dilemme, c'est qu'en reculant, le gouvernement démontrera, une fois de plus, que la France est ingouvernable, ou que la classe politique est incapable de gérer le pays, qu'elle cède chaque fois à la pression de la rue, des syndicats et des nostalgiques du grand soir; et c'est vrai aussi bien de la droite que de la gauche. Et si le gouvernement ne recule pas, mais que la révolution se déroule, alors seul l'avenir dira ce qu'en seront les conséquences, mais le résultat sera le même.

Il me semble que la gauche a bien compris, pour elle comme pour le pays, qu'il ne fallait pas trop jeter de l'huile sur le feu; c'est pourquoi elle a demandé au conseil constitutionnel de se prononcer sur la constitutionnalité ou non du CPE.

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Créé le 15/03/2006 par Pierre Ratcliffe. Contact (pratclif@free.fr) Site web (http://pratclif.com)