Sur l'état de la France en ce début 2006

(évolution d'un dossier commencé le 5/12/2004)

Voir aussi France le désarroi et état de France: besoin de réformes.

La reprise économique tarde a venir; la croissance en 2005 a été de seulement 1.4%. Le déficit du commerce extérieur a atteint le record de 26.4€ milliards; le chômage reste accroché à 10% de la population active, même si mesures prises au deuxième semestre 2005, contrat nouvel embauche pour les jeunes, a produit des effets. Et le chômage de longue durée (42% des chômeurs) est aussi très élevé; or ce chômage structurel reflète l'insuffisance de la croissance économique. Par comparaison avec les Etats-Unis le pib/capita est seulement 70%, et à cet égard nous sommes sommes moins bien placés que nos voisins.

Durant les 3 années 1998-2000, la conjoncture c'est à dire la croissance mondiale, américaine et européenne étaient favorables. La France a connu les effets positifs pour sa propre croissance: 1998 3.49%, 1999 3.22% 2000 4.21%. Voir statistiques OCDE. Le gouvernement (socialiste) avait alors la possibilité de mettre en oeuvre les reformes de structure dont le pays a besoin pour assurer une croissance économique stable. Le gouvernement d'alors n'a pas profité de ces années de forte croissance pour équilibrer nos finances publiques et réduire nos impôts, mais pour accroître les dépenses publiques et sociales, notamment le nombre des fonctionnaires et des innovations sociales démagogiques que nous sommes les seuls à mettre en oeuvre parmi les pays avancés de l'OCDE.

Derrière eux, ils ont laissé des bombes à retardement qui explosent sous les pas du gouvernement actuel. Ces bombes a retardement concernent notamment les 35 heures, la loi de modernisation sociale, le trou permanent de la sécurité sociale, l'augmentation constante des dépenses publiques et sociales, l'Allocation Personnalisée d'Autonomie, la décentralisation avec transfert de compétences de l'Etat aux collectivités locales mais sans les moyens, l'incapacité de réduire la pression fiscale. Et tout récemment la "loi sur la cohésion sociale" de J.L Borloo. Voir commentaire sur ce plan.

Certes, le gouvernement Raffarin a hérité d'une situation économique et sociale détériorée. Mais qu'a-t-il fait pour y remédier? Or il disposait d'énormes atouts, notamment une forte majorité à l'Assemblée Nationale et la confiance d'une très grande majorité de Français qui attendaient des réformes. Mais ce gouvernement n'a pas su ou pas voulu profiter de ses premiers mois et de l'état de grâce pour engager tout de suite de vrais et grandes reformes.

Les 35 heures n'ont pas été abrogées. Or elles sont néfastes a l'économie car ajoutées au chômage structurel des jeunes et des seniors, elles diminuent la quantité totale de travail consacrée à l'activité productrice, freinant ainsi la croissance. Les 3 causes confondues, nous travaillons 450 heures de moins par an que la moyenne des pays de l'OCDE. Le gouvernement Raffarin s'est borné à du bricolage en conservant l'imbroglio des SMIC multiples auxquels personne ne comprend rien. De même, pour la loi de modernisation sociale qui accentuait la rigidité de notre code du travail. On pouvait aussi envisager une loi réglementant le droit de grève afin de limiter les excès des grèves systématiques imposées à l'ensemble des Français par les syndicats de fonctionnaires du secteur public. Cela n'a pas été fait. Voir dossier 35h.

Le budget 2003 aurait dû être marqué, comme promis lors des élections, par la réduction des dépenses publiques afin de stimuler l'emploi et la croissance, et réduire le chômage et la "fracture sociale". Cela n'a pas été fait non plus, ni en 2004 et cela ne le sera pas encore en 2005.

Alors maintenant la chance est perdue; c'est trop tard car les élections c'est dans 2 ans.

En vérité, le gouvernement Raffarin et Chirac n'osent pas rompre avec le socialisme et affronter les syndicats du secteur public.... des syndicats sans adhérents, financés par l'argent public, pour garder l'illusion de partenaires sociaux et d'un dialogue social typiquement à la française.

La méthode choisie est de contourner les obstacles, en ne mécontentant personne, en pratiquant un immobilisme actif, à base d'effets d'annonce, de parlottes et d'autosatisfaction.

Les grands problèmes ne sont donc jamais abordés. Le bilan de ce gouvernement Raffarin et de Chirac est particulièrement décevant. La loi sur les retraites n'est qu'une réformette ne permettant pas de résoudre les difficiles problèmes posés à long terme par l'allongement de la durée de vie. Le secteur public continue à bénéficier d'avantages considérables par rapport au secteur privé. Le déficit public continue de s'aggraver, l'endettement de croître, le chômage de perdurer, les impôts nationaux et locaux d'augmenter (54.7% de prélèvements obligatoires) et le pouvoir d'achat de diminuer.... Et l'assistanat croît encore et toujours avec des résultats toujours aussi peu probants....

Aujourd'hui l'Etat de la France s'est empiré: Un déficit budgétaire endémique depuis 20 ans (4% du PIB en 2003), un endettement croissant atteignant maintenant de plus de 65% du PIB , devenu intolérable et grèvant l'avenir, car ce sont nous et les générations futures qui devrons supporter le poids de cette dette en intérêts et capital. Voir dossier déficits et dette. Une dette consacrée non à des investissements productifs susceptibles d'améliorer notre avenir, mais à l'excès de dépenses de fonctionnement d'un État devenu de plus en plus incontrôlable... Un chômage touchant 10% de la population en âge de travailler soit 2.5 millions, principalement les jeunes de moins de 25 ans et les seniors âgés de plus de 55 ans. Des prélèvements obligatoires de 54.7% de PIB soit 8 points de plus que la moyenne des pays de l'OCDE. Tout ceci résulte d'une politique désastreuse menée par les gouvernements successifs de gauche comme de droite, y compris l'actuel, celui de Raffarin sous la houlette de Chirac; car c'est la politique des petits pas, des petites brèches dans le système, mais sans effet réel.

NB: Autrefois le déficit était financé par l'émission de monnaie et donc par l'inflation c'est à dire que ceux qui avaient emprunté s'enrichissaient au dépens de ceux qui avaient prêté; ces derniers étaient spoliés parce qu'ils avaient des revenus fixes; aujourd'hui les États ont pris conscience que l'inflation était la cause de désordres économiques et qu'il fallait la proscrire, d'où une politique monétaire plus stricte. Mais les déficits sont maintenant financés par l'emprunt, et le résultat c'est qu'on spolie tout le monde...

Le diagnostic est unanime.

Il est formulé depuis des années par de nombreux experts et institutions, l'OCDE (état de la France en 2005), Nicolas Baverez (la France qui tombe aux éditions Perrin), la Cour des comptes dans tous ses rapports annuels, Jacques Marseille (le grand gaspillage), Michel Camdessus (le Sursaut) et Jacques Bourdu (Pour une vraie réforme fiscale; éditions François Xavier de Guibert). Alain Duhamel. Nicolas Lecaussin "Cet état qui tue la France". Nicolas Baverez et Alain Minc. Voir aussi le site de l'Ifrap.

A voir la longue liste des études, rapports, articles de presse, on peut dire que la grande majorité des dirigeants de ce pays savent quelles sont les causes de son déclin économique; on peut même dire que la plupart d'entre eux savent aussi quels sont les remèdes à employer.

Le problème de tous ces analystes, de tous ces déclinologues comme les a qualifiés Dominique de Villepin fin 2005, c'est qu'on ne parvient pas mettre en oeuvre une politique de croissance économique. Le contrat CPE en est l'exemple le plus récent (janvier 2006).

Alors quel espoir avons nous d'en sortir un jour? Faut-il partir à l'étranger comme beaucoup de jeunes diplômés aujourd'hui? ou se résigner?, ou attendre la énième révolution salutaire?.


- l'Europe? L'Europe va continuer d'exercer sur nous une pression au changement. La législation communautaire, les directives supranationales, la banque centrale européenne qui fixe désormais le taux d'intérêt et le taux de change de l'€, le traité de Maastricht qui limite le déficit budgétaire à 3% et l'endettement cumulé à 60% du PIB, et le fait que d'autres pays européens sont en concurrence avec nous pour l'accès aux ressources et à la croissance économique. Notre position au sein de l'Europe n'est pas celle d'une nation dominante. Ce sont autant de marges de manoeuvre que la France a perdues pour agir seule sur sa politique de croissance.
- l'OCDE? Les études et comparaisons au service des États membres continueront d'être bénéfiques pour nos gouvernants, car les pays de l'OCDE, notamment ceux du noyau historique issus du plan Marshall, sont confrontés aux mêmes problèmes.
- la mondialisation? L'accès d'un nombre croissant de pays dont les grands que sont la Chine, l'Inde, le Brésil, à la croissance économique et à l'enrichissement accéléré de leur population, après des décennies d'accroissement de l'écart par rapport aux pays développés, est une formidable opportunité pour ces pays et pour le monde entier, dont naturellement la France. Le défi pour l'humanité dans le siècle qui commence va être de faire en sorte que cette croissance économique ne détruise pas l'environnement. Cela implique nécessairement une diminution de la croissance de la population. La Chine met en oeuvre depuis plusieurs décennies la politique de l'enfant unique et l'Inde celle de la famille avec 2 enfants.

Mais le changement doit aussi venir de l'intérieur et de nous mêmes, sans attendre le miracle du retour de la croissance, un énième changement politique ou une autre révolution 68, ou que la politique des petits pas finisse par convaincre fonctionnaires, opposants de tous bords et syndicats, de la bonne voie à suivre pour retrouver une économie génératrice de progrès social. C'est à nos élites politiques et universitaires de trouver les moyens.

Le diagnostic sur l'état de la France, sur les changements et remèdes nécessaires, sont connus et partagés par le plus grand nombre de français. Ce qu'il faut c'est remettre l'économie au service des français. Cela passe par l'application d'un vraie politique de croissance économique, comme l'ont fait avant nous les américains et les anglais, car ils étaient aussi dans une situation analogue. Au cours des années 1980, le taux de chômage des États-Unis était de 10%. Et à la fin des années 1970, la Grande Bretagne était l'homme malade de l'Europe. Plus récemment le Canada, le Danemark, la Suède et les Pays Bas ont adopté les réformes salutaires. Tout ceci montre qu'aucun déclin n'est inéluctable si la volonté et le pragmatisme savent s'allier pour l'enrayer.


Créé le 5/12/2004 par Pierre Ratcliffe.Contact  site web: Économie